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30 janvier 2013

Avec l’agrandissement de son siège social, à Québec, La Capitale groupe financier se positionne à l’avant-garde du bâtiment durable. Retour sur une réalisation hors du commun.

À l’automne 2009, La Capitale groupe financier donnait le coup d’envoi d’un chantier visant à quadrupler la superficie de son siège social, au 625 de la rue Saint-Amable, à Québec : un agrandissement qui se sera traduit par la construction d’un édifice de bureaux de 225 000 pieds carrés sur le terrain attenant, côté est, à l’angle de la rue d’Artigny. Aujourd’hui, les employés de l’entreprise ont tous intégré le nouvel immeuble de la colline Parlementaire, livré étage par étage à partir de mai 2012. 

Visant une certification LEED-NC Or, le nouveau bâtiment de La Capitale s’élève sur 10 étages, à l’ombre de l’édifice Marie-Guyart et à deux pas de la Grande-Allée et du Parlement. Outre les mesures environnementales intégrées à son design et préconisées durant la construction, l’édifice se distingue par une architecture originale et contemporaine qui s’intègre harmonieusement dans ce secteur historique de la ville. 

« C’est la pierre de Saint-Marc, fort utilisée pour habiller les bâtiments historiques environnants, qui couvre les sept premiers étages », souligne Alain Tousignant, chargé du projet chez Coarchitecture. Les trois derniers étages, entièrement vitrés, évoquent la forme de cristaux. Leur conception se veut une réinterprétation des toits en mansarde des édifices historiques des environs. Quant à la tour, elle rappelle les clochers et les flèches, d’autres symboles représentatifs de la ville de Québec. 

« L’utilisation du verre pour les trois derniers étages a permis d’amener de la transparence dans le projet et, ainsi, d’obtenir un changement dans le zonage qui interdisait d’élever un bâtiment de 10 étages à cet endroit [la réglementation y limitait les bâtiments à sept étages] », souligne Stéphane Gagné, directeur de projets chez Verreault, entreprise qui aura vu à la gérance de construction. 

Le siège social de La Capitale - Photo de La Capitale

Un tel projet hors du commun ne pouvait évidemment que s’accompagner de plusieurs défis à surmonter, d’autant plus que la densité du secteur d’implantation amenait son lot de contraintes. Tout d’abord, un bâtiment de deux étages sinistré, un immeuble de six étages non conforme ainsi qu’un stationnement ont dû être démolis pour faire place au projet. « Nous avons pris soin de récupérer les matériaux qui pouvaient l’être, dont l’acier », note Stéphane Gagné. 

D’ailleurs, toujours au chapitre de la récupération, l’architecte Brigitte Lapointe, directrice – Construction, aménagement et développement durable à La Capitale immobilière MFQ, souligne que La Capitale récupère 95 % du mobilier qui était déjà utilisé par les employés, dispersés jusqu’alors dans quatre édifices dans la région. 

Par la suite, le dynamitage requis pour construire les cinq niveaux de stationnement souterrains a exigé la mise en place de mesures particulières afin de préserver les caves à vin des restaurateurs de la Grande-Allée et la santé des occupants du CPE La Grimace, situé à quelques mètres de l’autre côté de la rue. Les services d’utilité publique (réseau d’Hydro-Québec, conduites de Gaz Métro, câblage des compagnies de télécommunication, etc.), situés sous le pavé, ont aussi dû être déplacés et replacés pour faire place à l’exécution des travaux. 

Occupant 100 % du terrain, le projet laissait peu de place à la livraison des matériaux et à l’installation des échafauds des travailleurs. Des ententes ont donc été conclues avec la Ville pour l’utilisation d’une portion de la rue Saint-Amable. C’est d’ailleurs ce qui explique que les bureaux de chantier ont été aménagés dans les stationnements souterrains à partir d’éléments récupérés des bâtiments auparavant démolis (cadres de porte, portes, installations sanitaires, etc.). 

Le siège social de La Capitale - Photo de La Capitale

L’érection de l’enveloppe, constituée d’un mur-rideau combinant une large fenestration et des dalles de pierre, s’est étalée sur neuf mois. « Ce type de mur est une première au Québec. Nous avons fait d’innombrables tests [structure, gel-dégel, infiltrométrie, etc.] afin d’en valider la performance », précise Stéphane Gagné. 

La livraison des panneaux préassemblés a grandement contribué à limiter la production de déchets sur le site. Néanmoins, la gestion des matières résiduelles s’est faite par le biais d’un conteneur dont le contenu a par la suite été trié dans un centre de tri spécialisé, ce qui a permis de détourner de 75 à 80 % des déchets de construction de l’enfouissement. 

« Pour sa part, l’assemblage des cristaux de verre des étages supérieurs a exigé une grande expertise de la part des spécialistes en vitrerie, qui ont dû commander le verre à géométrie variable et complexe en se basant sur le modèle en 3D des architectes », souligne le chargé du projet chez Verreault. 

Les visées éconergétiques de La Capitale ont aussi amené l’élaboration d’un concept novateur consistant à pourvoir la partie haute vitrée d’une double peau. Cette stratégie architecturale particulière dote 11 sections vitrées d’une seconde paroi pour créer une zone tampon, entre l’intérieur et l’extérieur des cristaux, pour assurer le confort des occupants des étages supérieurs. 

Le siège social de La Capitale - Photo de La Capitale

« L’hiver, la double peau demeurera tempérée et agira comme isolant naturel. L’été, la chaleur sera évacuée de l’entre-murs par des volets installés dans le haut, au moyen d’un ventilateur, pour éviter l’effet de serre que généreraient les gains solaires sur les trois étages de verre », explique Brigitte Lapointe. 

« Un autre défi de taille était de relier le nouveau bâtiment au siège social existant, situé juste à côté », ajoute Stéphane Gagné. La réfection et le réaménagement intérieur de l’édifice existant sont en cours. Le mur entre les deux bâtiments s’efface tranquillement au rythme des travaux qui se termineront en janvier 2013. 

À ce jour, 70 % des employés ont intégré les nouvelles installations et Brigitte Lapointe qualifie déjà de succès les mesures mises en place pour assurer leur confort et l’atteinte de la certification LEED Or. C’est le cas, par exemple, des aménagements destinés au recyclage et au compostage et de l’organisation des espaces de travail qui permet à tous de bénéficier de la luminosité naturelle. 

Objectif LEED

Déjà propriétaire du Delta-3, un immeuble de bureaux locatifs situé dans l’arrondissement de Sainte-Foy et certifié LEED-CS (Core and Shell), niveau Or, La Capitale n’en est pas à ses premières armes avec les exigences de la certification. Déterminée à poursuivre sur la voie du bâtiment durable, l’équipe de projet a notamment préconisé de nombreuses mesures éconergétiques. À telle enseigne que le nouveau siège social consommera environ 40 % moins d’énergie qu’un bâtiment similaire conforme aux codes et normes en vigueur. 

« Cette grande efficacité énergétique repose plus particulièrement sur le système de récupération de la chaleur, rejetée en grande partie par la salle des serveurs [équipée pour ce faire de la technologie In row cooling] », indique Stéphane Gagné. De plus, un échangeur à cassette permettra de préchauffer l’air frais admis dans le bâtiment en récupérant la chaleur de l’air évacué. 

Le siège social de La Capitale - Photo de La Capitale

La Capitale vise à apposer la certification LEED-NC, niveau Or, sur son nouveau siège social. Et la directrice – Construction, aménagement et développement durable est bien confiante que l’objectif sera atteint. D’autant plus que de nombreuses mesures ont été adoptées pour verdir le nouvel édifice : toit vert sur 60 % de la toiture, appareils de plomberie à faible débit, rétention de l’eau de pluie avant son rejet dans les égouts, utilisation de bois certifié FSC, luminosité naturelle, tour d’eau évaporative utilisant 40 % moins d’eau, etc. 

L’équipe ayant mené à bien ce projet, piloté par La Capitale immobilière MFQ, réunissait le consortium Lemay / Hudon Julien Associés – aujourd’hui Coarchitecture –, en collaboration avec Dans Hanganu architectes (architecture), BPR (génie électromécanique), Genivar (génie structural et civil) et Verreault (gérance de construction). 

Ndlr : cet article a été rédigé par l'équipe d'Écobâtiment.

 

Consulter l’étude de concept du projet produite par le magazine Voir vert à l’hiver 2011.