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BIM : pour des bâtiments plus verts

18 mai 2016

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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L’industrie de la construction est réputée être conservatrice. Lorsque l’on sait qu’il s’agit de la seule industrie hors du domaine agricole qui a vu son efficacité diminuer aux États-Unis depuis plusieurs décennies, le statu quo n’apparaît pas comme une option. Un profond changement dans le domaine se doit d’être considéré afin d’envisager l’avenir.

Un des changements récents survenus dans l’industrie concerne le BIM (Building Information Modeling). Cette récente révolution a tout pour réjouir les partisans de bâtiments plus verts. En effet, l’utilisation d’un bon nombre d’outils inhérents au BIM permet une réduction substantielle des ressources requises pour la construction d’un bâtiment.

Le BIM se définit comme l’utilisation d’une représentation numérique des caractéristiques physiques et fonctionnelles d’un bâtiment. Cette maquette numérique constitue un point central réunissant tous les intervenants d’un bâtiment et permet d’élaborer une base solide pour la prise de décision, depuis les premières phases de conception jusqu’à la démolition. L’adoption du BIM par tous les intervenants permet donc à tout un chacun d’obtenir des informations à jour au moment opportun.

Lors de l’esquisse du bâtiment, il devient plus simple de comparer les différentes options, par exemple au niveau de l’efficacité énergétique ou de l’étude d’ensoleillement. Cette étude étant simplifiée, il est possible de croire que les choix qui seront effectués en conception auront un impact significatif sur la performance et l’usage futur du bâtiment. Plus ces choix sont effectués rapidement lors de la conception, plus l’optimisation des gains sera importante.

La conception d’un projet en utilisant une maquette évolutive et accessible en temps réel par tous les intervenants permet de diminuer les erreurs de conception liées à une mauvaise compréhension du design d’une autre discipline. La possibilité pour tous les intervenants de voir en trois dimensions l’architecture permet une meilleure compréhension spatiale du projet. Lors des étapes de conception, cette meilleure vision évite aux professionnels de commettre des erreurs liées à l’émission de plans géométriquement incompatibles. La diminution des erreurs et omissions contribue directement à la réduction des ressources requises pour la reprise de travaux, aussi bien au niveau du temps que des ressources matérielles. Considérant le grand nombre de changements relatifs à ce facteur dans l’industrie de la construction actuellement au Québec, il devient particulièrement intéressant de considérer le BIM comme un outil d’optimisation des chantiers.

Réduction des ressources

Le BIM permet aussi d’augmenter la part du travail préfabriqué en usine, diminuant du même coup l’usage des ressources pour effectuer un même travail. L’un des exemples qu’il est maintenant possible de voir au Québec concerne la préfabrication de salles de bain sous forme de modules. Les modules sont entièrement fabriqués en usine et livrés au chantier en ayant seulement à être raccordés aux différents services. Cet exemple de préfabrication en usine, dans des conditions optimales, permet une gestion bien plus efficace des matériaux. Selon le mode de construction, il pourrait être possible d’appliquer la préfabrication à plusieurs autres aspects d’un bâtiment.

Dans cette même logique d’optimisation, le BIM peut également être utilisé afin de diminuer les rebuts causés par des designs ne tenant pas compte des dimensions standards des matériaux de construction. En effet, une partie significative des matériaux que nous acheminons sur les chantiers terminent leur vie directement dans les conteneurs à déchets de ce même chantier sous forme de retailles. Le BIM pourrait nous fournir l’une des clefs permettant de limiter ce gaspillage.

Au-delà de la réduction des déchets, une économie globale des coûts de construction permettrait de dégager une marge de manœuvre financière nécessaire pour nous permettre d’obtenir des bâtiments ayant une empreinte écologique inférieure. Le manque de ressources financières étant l’une des principales raisons invoquées pour ne pas construire des bâtiments plus « verts ». Il s’agit d’une occasion à saisir par les développeurs immobiliers afin d’innover et d’améliorer la situation.

Le BIM constitue sans aucun doute l’une des clefs permettant d’envisager des bâtiments plus verts dans un avenir rapproché. La relative nouveauté du BIM pose encore certains défis à l’usage puisque les outils actuels sont généralement encore limités pour permettre une application entière des principes du BIM. L’usage de plus en plus fréquent du BIM permet cependant de voir apparaitre à un rythme de plus en plus rapide de nouvelles solutions pour optimiser le processus, permettant du même coup une plus grande adoption par tous. 


Par Isaac Charbonneau Beaulieu, ing. Jr., B.Sc. Arch., membre du comité communication du Conseil du bâtiment durable du Canada - Québec