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Favoriser les retombées positives des modes collaboratifs à la gestion des chantiers

7 mars 2017

Centre de formation en développement durable CHRONIQUE DU CENTRE DE FORMATION EN DÉVELOPPEMENT DURABLE
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L’un des fondements clés derrière les principes qui guident un environnement bâti qui soit durable demeure sans aucun doute l’approche collaborative.

Encouragée notamment par la certification LEED depuis sa création, il ne fait aucun doute que des modes de conception qui privilégient la collaboration et la synergie entre les intervenants favorisent le développement de projets mieux pensés et optimisés.

Si nous avons pu constater ces dernières années des avancées quant aux phases de conception, notamment avec l’approche intégrée qui gagne en popularité, un défi reste bien présent dans notre industrie. En effet, l’étape d’exécution et la gestion des chantiers qui en découle se retrouvent encore trop souvent exclues d’un tel processus. Bon nombre de projets ne comptent encore sur aucun professionnel responsable de la phase construction lors de processus intégrés… Demi-avancée ? Ceci pourrait bien en être le cas malheureusement.

S’il ne fait aucun doute que l’essor et la prise de conscience sur les bienfaits de l’approche collaborative sont bien réels, l’impact ne sera jamais aussi bénéfique que si l’intervenant responsable de l’exécution est partie prenante du processus, et ce, dès le début. En effet, sa présence contribue à des retombées visibles qui favorisent l’optimisation des coûts et la diminution de certains risques associés aux défis de constructibilité. L’échéancier s’avère également mieux ciblé et contrôlé en étant travaillé à travers un processus collaboratif.

Les modes contractuels

Pour mieux comprendre ce constat, voyons de plus près les différents modes contractuels les plus souvent utilisés ou mis à la disposition des donneurs d’ouvrage. Bien que plusieurs modes de réalisation existent dans le marché présentement, il est assez frappant de constater que peu de modes favorisent ou même permettent réellement une implication de l’entrepreneur qui réalisera les travaux de construction.

Le projet réalisé en mode traditionnel / forfaitaire est sans aucun doute celui que nous observons le plus souvent. Comme il s’agit d’un mode où le donneur d’ouvrage donne un contrat différent à chacun des intervenants, il est fréquent que celui-ci attende que la conception soit terminée pour donner le contrat à l’entrepreneur général. Historiquement, cette attente permettait au donneur d’ouvrage d’obtenir le juste prix pour la construction. Le contexte public favorise aussi largement ce mode de projet considérant l’obligation d’allouer un contrat au plus bas soumissionnaire conforme. Par conséquent, il devient difficile d’inclure l’entrepreneur dans un processus collaboratif, si celui-ci s’ajoute dans l’équipe de projet une fois la conception terminée.

Un autre type de mode permet cependant au donneur d’ouvrage de compter davantage sur la présence d’un gérant de projet, qui s’avère généralement un entrepreneur général. Le mode en gérance de construction représente donc une option plus favorable à l’intégration d’un professionnel en charge de la construction au sein d’une équipe qui œuvre en processus collaboratif. Notons cependant que le gérant dans un tel mode n’a pas le contrôle du chantier à proprement dit. Le gérant s’avère un coordonnateur et un conseiller du donneur d’ouvrage, lequel donnera de son côté une série de contrats à des entrepreneurs spécialisés qui réaliseront tous une partie des travaux de construction. L’intégration et l’optimisation de solutions émises en phase conception par le gérant peuvent donc ne pas se mettre en œuvre au chantier selon les entrepreneurs sélectionnés pour la construction.

Un dernier mode contractuel de plus en plus utilisé ces dernières années offre également une occasion intéressante pour impliquer l’entrepreneur général avec les autres intervenants. Le mode en conception-construction s’avère sans aucun doute la méthode qui permet le plus de participation d’un entrepreneur en mode collaboratif. Celui-ci est présent dès la phase de conception et son implication permet durant la phase d’exécution de poursuivre les démarches et les échanges d’un processus collaboratif. Ce type de mode implique cependant une approche qui s’apparente à un projet clés en main. Le donneur d’ouvrage ne participe pas de manière active aux échanges et n’a que très peu, voire aucune, incidence sur la sélection des professionnels responsables de la conception.

Des approches novatrices

Il devient par conséquent bien difficile de déterminer quelle approche favoriser pour une équipe qui souhaiterait réaliser un processus de conception intégrée du début jusqu’à la fin d’un projet. Tant et aussi longtemps que les modes de projets les plus populaires demeureront ceux mis de l’avant dans cette chronique, le donneur d’ouvrage et l’équipe qui l’entoure se devront d’évaluer en début de projet les impacts de chaque option de leur exécution au chantier. Les donneurs d’ordres privés, quant à eux, peuvent profiter d’une plus grande flexibilité quant choix du mode de réalisation, n’ayant pas l’obligation du plus bas soumissionnaire. Il n’en demeure pas moins que le cadre contractuel, décliné en ses divers modes, implique les mêmes enjeux pour tous.

Il est clair que les nouvelles approches novatrices favorisant la collaboration viennent remettre en question nos modes de réalisation. Ceci étant dit, comment le milieu de la construction parviendra-t-il à s’adapter à cette nouvelle réalité ? Déjà, certains y réfléchissent en proposant notamment l’appel aux solutions plutôt que le traditionnel appel d’offres… Voilà une proposition qui mérite à tout le moins d’être analysée et qui favoriserait évidemment le processus collaboratif.

 


Louis-Philip Bolduc

Par Louis-Philip Bolduc, ing., PA LEED, formateur au CFDD, gérant de projets chez Pomerleau et président sortant du Conseil du bâtiment durable du Canada – Québec