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Les villes et les toitures végétalisées, un duo gagnant !

5 décembre 2018

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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Les avantages reliés aux toits verts sont nombreux et de plus en plus connus du grand public et des instances politiques en place.

Selon la saison, le climat et la région, certains enjeux environnementaux urbains prennent d’assaut nos villes et nous confrontent à l’importance et à l’urgence de se doter de solutions efficaces à long terme. C’est en offrant des pistes de réflexions techniques simples et efficaces pour ces divers enjeux que la technologie des toitures végétales se démarque.

Bien que la population ait son rôle à jouer dans la promotion et la réalisation des projets de toits végétalisés, plusieurs villes nord-américaines ont compris depuis longtemps l’importance de mettre en place des politiques publiques et incitatives afin d’instaurer un mouvement de masse. Toronto a d’ailleurs été la première ville d’Amérique du Nord à se doter d’un règlement exigeant et régissant la construction de toits verts pour les nouvelles constructions. Ce règlement a été adopté par le conseil municipal de Toronto en mai 2009. Il indique que tout nouveau bâtiment ou agrandissement construit après le 30 janvier 2010, d’une surface de plancher de plus de 2 000 mètres carrés, se doit d’accueillir une toiture végétalisée proportionnelle à la superficie totale de la toiture. Cette initiative a porté ses fruits, Toronto étant encore en 2015 la deuxième ville nord-américaine à avoir installé le plus de superficie de toits verts avec un total de 60 000 m2 installés.

C’est la ville de Washington qui est sacrée championne avec une superficie totale de 160 000 m2 de toiture végétale installée en 2015 ! Ce chiffre astronomique est une retombée directe de l’adoption d’une réglementation similaire à celle de Toronto. Toutefois, Washington ne s’est pas limitée à instaurer une réglementation, mais va jusqu’à offrir 150 $/m2 en subventions aux propriétaires qui se voient contraints d’installer une toiture végétale et offre certains crédits d’impôts selon la superficie de la couverture.

Chacune des villes se dotant d’une politique publique vise certaines problématiques urbaines qui l’affectent directement : la rétention des eaux de pluie pour minimiser les frais associés à leur traitement, la création d’espaces accessibles pour l’agriculture urbaine en déserts alimentaires ou encore l’économie d’énergie, comme pour la ville de Denver. Celle-ci vise l’économie d’énergie en réduisant les besoins en climatisation et en chauffage en bénéficiant de l’effet isolant des toits verts. Elle vise aussi à minimiser le remplacement des systèmes d’étanchéité afin de détourner ces matériaux des centres d’enfouissement, les toitures végétales permettant de doubler, voire de tripler la durée de vie de ces membranes.

La Ville de Portland a pour sa part offert, de 2008 à 2012, un incitatif financier de 50 $/m2 aux promoteurs immobiliers, les encourageant ainsi à adopter cette façon de construire. C’est plus de 2 000 000 de dollars qui ont permis de financer au-delà de 130 projets, créant ainsi une superficie totale approximative de plus de 32 375 m2 de toitures végétalisées.

Plus près de nous, les impacts des changements climatiques se font sentir et c’est au tour de la Ville de Vancouver d’instaurer sa propre politique publique. Celle-ci exigera que tous les nouveaux développements commerciaux, institutionnels, industriels et résidentiels multifamiliaux intègrent des toitures végétales et offrent le maximum de possibilités pour accueillir une toiture verte lors d’une rénovation.

Montréal se voit confrontée aux mêmes effets pervers qu’apportent les changements climatiques. Que ce soit les températures torrides que nous avons endurées cet été, les épisodes de surverses et de surcharges de nos réseaux d’égouts ou encore l’appauvrissement de notre biodiversité urbaine, il semblerait qu’il soit maintenant venu le temps de se rallier à ce mouvement écoenvironnemental décidément tourné vers l’avenir.

Le Groupe de travail sur les toitures végétalisées (GTTV) compte bien mettre la main à la pâte cette année afin de profiter d’une administration municipale ouverte aux changements et aux initiatives durables. Nos instances municipales sauront-elles prendre ce virage qui permettra ultimement à tous les Québécois de bénéficier d’environnements urbains plus verts et plus durables ?

Le GTTV du Conseil du bâtiment durable du Canada – Québec a été mis sur pied en août 2014. Il réunit, au sein du Conseil, des représentants d’entreprises et des professionnels de l’industrie des toits verts. Son mandat est d’assurer le développement du secteur de la végétalisation des toitures; de faire valoir les avantages de cette stratégie architecturale pour le développement durable, la création d’emplois et la santé publique; de trouver des solutions pour soutenir la croissance de son marché; et d’assurer la pleine collaboration de toutes les parties prenantes.

 


Roxanne Miller

Par Roxanne Miller, MAP AAPQ. L’auteure est architecte paysagiste et membre du comité de coordination du Groupe de travail sur les toitures végétalisées (GTTV) du Conseil du bâtiment durable du Canada – Québec. Elle oeuvre dans le domaine de la conception, de l’installation et de l’entretien de toitures végétalisées depuis 2007. Son parcours professionnel est entre autres axé sur la végétalisation urbaine ainsi que l’éducation et la vulgarisation des enjeux reliés à celle-ci. Elle est représentante technique Sopranature chez Soprema et copropriétaire de l’entreprise MYTO d.e.v.