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Santé et mieux-être : une problématique à partager

11 mai 2017

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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Au cours des dernières années, l’intégration de la santé et du bien-être des occupants est devenue une préoccupation incontournable dans le cadre de projets de conception d’espace de travail.

Ceci s’avère d’autant plus important que les coûts de main-d’œuvre peuvent représenter jusqu’à 90 % des coûts d’un bâtiment sur une période de 30 ans. Étant donné l’importance de ces frais, un aménagement répondant aux exigences des tâches, en lien avec la culture organisationnelle et les objectifs d’affaires, et assurant santé et mieux-être aux employés peut donc être rentabilisé rapidement.

Bien qu’ils soient d’une part responsables de recruter, accueillir, mobiliser et développer les compétences des employés et, d’autre part, d’assurer leur santé et mieux-être au travail, les professionnels des ressources humaines sont généralement peu impliqués dans les projets de conception de bâtiment. Cette incohérence doit changer et, heureusement, certains s’y attaquent de façon concrète. L’exemple nous vient d’Angleterre où le British Institute of Facilities Management (BIFM), regroupant des gestionnaires immobiliers, et le Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD), association regroupant des professionnels de la gestion des ressources humaines, ont entrepris, en 2015, un dialogue afin de discuter de leurs enjeux et pratiques respectifs. L’aventure s’est d’ailleurs poursuivie en mai 2016 lors de l’événement Th!nk FM, organisé par le BIFM et dont le thème était la productivité.

Les ressources humaines dès la conception : vraiment ?

En matière de bâti durable, l’intégration de la santé et du mieux-être des occupants est somme toute assez récente, mais constitue une tendance lourde. La nouvelle norme WELL pousse un peu plus loin cette intégration en s’intéressant à la qualité de l’air, à l’eau, à l’alimentation, à la lumière, à l’activité physique, au confort et à la santé psychologique.

La santé psychologique des employés est d’ailleurs un sujet d’intérêt pour les professionnels des ressources humaines, notamment via ce qu’il est convenu d’appeler les risques psychosociaux (RPS). Outre ce point, nous ne pouvons que voir plusieurs complémentarités entre la norme WELL, bien connue des gens œuvrant en conception, et la norme québécoise Entreprise en santé, bien connue des intervenants du domaine des ressources humaines.

La norme Entreprise en santé s’intéresse quant à elle à quatre sphères d’activité : saines habitudes de vie, conciliation travail/ vie personnelle, environnement de travail et pratiques de gestion. Ces quatre sphères se retrouvent, en tout ou en partie, dans des éléments visés par la norme WELL. Celui qui occupera le rôle d’intégrateur de bien-être reste à identifier, s’il existe, mais sa pertinence nous semble incontournable pour construire de façon durable. En attendant, il convient de travailler avec toutes les forces vives intéressées à créer des espaces plus durables, car la santé des occupants demeure une vaste préoccupation qui pourrait bien ne jamais être l’apanage d’une seule profession.

Dans la société du savoir, les ressources humaines occupent une place stratégique dans la réalisation des objectifs d’affaires des entreprises. Une discussion entre les concepteurs, les gestionnaires immobiliers et les ressources humaines permettrait enfin d’assurer une cohérence entre la culture organisationnelle et l’environnement physique.

Tout comme les professionnels des ressources humaines, les gestionnaires immobiliers et les concepteurs pensent leurs solutions, maintenant plus que jamais, en termes de productivité et de performance des employés, de réduction du nombre de blessures ou de jours d’absence, d’augmentation de la satisfaction des employés face à leur environnement de travail, et d’environnement favorisant le recrutement et la rétention.

Compte tenu de l’importance d’atteindre les objectifs d’affaires, un enjeu partagé par tous les acteurs de l’entreprise, il est critique de créer un espace de discussion très tôt dans les projets de conception. La démarche participative proposée en ergonomie ou la démarche de conception intégrée utilisée en architecture sont deux moyens de créer cet espace de discussion et devraient être plus souvent utilisés.
 


Martin Bouchard

 

Par Martin Bouchard, B, Sc., M.A
L’auteur est coordonnateur opérations, ventes et marketing chez Vincent Ergonomie. Il est bénévole au comité des communications de la Section du Québec du CBDCa depuis 2013.