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Tendances et enjeux de productivité du secteur de la construction : le cas de la Belgique

10 septembre 2018

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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Là où il n’y a plus d’amélioration possible, le déclin est proche.

- Sénèque

La présente chronique, faisant suite à celle intitulée Tendances et enjeux de productivité du secteur de la construction, poursuit la présentation de concepts et notions documentés par le rapport Reinventing construction : a route to higher productivity1 publié en 2017 par le Mckinsey Global Institute. Cet institut, l’un des plus grands groupes de réflexion privés à l’échelle internationale, a entre autres conçu une méthode d’analyse alliant le management et l’économie pour mieux comprendre les facteurs macro-économiques influençant les stratégies d’affaires et les politiques publiques.

Selon le rapport, le Canada se plaçait, en 2015, dans le groupe des pays performants avec la Suède et l’Allemagne en ce qui a trait à la productivité au sein du marché de la construction. À ce chapitre, c’est cependant la Belgique qui se démarque en tant que leader mondial. Dans le but de comprendre les facteurs à l’origine de ce succès, nous proposons ici une synthèse d’une étude de cas portant sur le modèle belge.

Les tendances de la productivité du marché de la construction en Belgique se caractérisent par une croissance constante, et ce malgré une faible croissance de l’urbanisation et de la demande. Le taux des rénovations y est par contre beaucoup plus élevé en comparaison avec celui des nouvelles constructions. Ceci ne semble pas être une barrière, bien au contraire, car même si le coût de la main-d’oeuvre du secteur y est 4 % plus élevé qu’en France, qu’en Allemagne ou qu’aux Pays-Bas, le coût unitaire de travail y est 15 % de moins. C’est grâce au haut taux de productivité des entreprises de construction que la Belgique parvient à se démarquer malgré son faible taux de croissance urbaine.

Notons aussi la performance du secteur du génie maritime, plus précisément celui des parcs éoliens offshore qui a connu une forte progression entre 2010 et 2014. L’impact de cette éclosion s’est fait ressentir dans la capacité des entreprises à innover. La création de piliers préfabriqués de béton constitue un bel exemple d'innovation qui a bénéficié au reste du secteur.

Facteurs de succès

Ce succès s’explique donc par deux facteurs importants. Premièrement, le système règlementaire et les interventions gouvernementales qui ont mis l’accent sur la qualité et la durabilité (au sens du développement durable) des projets, et ce depuis les années 2000. De plus, chacune des régions du pays (Bruxelles, Wallonie et Flandre) a su mettre en place des politiques supplémentaires pour soutenir le secteur.

À titre d’exemple, le gouvernement flamand a octroyé des subventions pour les rénovations visant l’efficacité énergétique. Quant à elle, la règlementation n’est pas forcément axée sur la productivité du secteur, mais plutôt sur la stimulation de l’innovation, ceci grâce à une approche moins restrictive, basée sur des critères de design de haute qualité.

Le deuxième facteur d’importance s’avère les investissements dans les technologies qui augmentent la productivité de la main-d’oeuvre, telles que la mécanisation et l’automatisation, mais aussi les produits de construction préfabriqués, entre autres ceux en béton.

Il faut dire que la Belgique est un leader mondial du béton architectonique, de 30 à 40 % de sa production étant destinée à l’exportation. L’introduction volontaire de diverses certifications de qualité et de durabilité ainsi que l’encouragement de la recherche et développement par des organismes privés, tels que le Belgian Building Research Institute et la Belgian Construction Confederation, ont beaucoup stimulé les investissements dans l’innovation, notamment par le biais de l’organisation de nombreuses compétitions.

Vous l’aurez bien compris, une combinaison de technologies et d’innovations jumelée à des critères de construction axés sur la qualité et le développement durable constitue une recette gagnante pour favoriser l’augmentation de la productivité dans le secteur de la construction.

 


Leyla Lardja

Par Leyla Lardja, M. Sc. A. PA LEED-ND 
L’auteure est chargée de projet en développement durable chez Ædifica, spécialiste en certification de quartiers durables, en processus de conception intégrée et en outils d’analyse du cycle de vie économique, sociale et environnementale. Elle est également bénévole pour le Conseil du bâtiment durable – Québec.

 

[1] McKinsey Global Institute (2017). Reinventing Construction: A Route To Higher Productivity. McKinsey & Company, (February), 168. Retrieved from http://www.mckinsey.com/industries/ capital-projects-and-infrastructure/our-insights/ reinventing-construction-through-a-productivityrevolution