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AluQuébec à l’heure de la transparence des matériaux

13 janvier 2020
Par Rénald Fortier

AluQuébec fait sienne la transparence des matériaux de construction durable avec la publication de déclarations environnementales de produits (DEP).

Quatre. C’est le nombre de déclarations environnementales de produits (DEP) génériques dont disposent désormais des fabricants québécois de produits et systèmes en aluminium pour répondre aux exigences des certifications du domaine du bâtiment durable. Comme LEED v4, bien sûr, mais aussi telles que WELL, Zéro Carbone, Living Building Challenge ou BREEAM.

Produites à l’initiative d’AluQuébec, l’acteur central de la mise en œuvre de la Stratégie québécoise de développement de l’aluminium, ces fiches standardisées ont été enregistrées auprès de Groupe CSA après avoir été validées par une tierce partie, dans ce cas-ci le consultant américain Tom Gloria, professeur à l’Université Harvard.

Ces déclarations environnementales couvrent les grandes familles de produits et systèmes suivantes : murs-rideaux; portes; fenêtres; revêtements/panneaux architecturaux. Huit entreprises, soit celles qui ont emboîté le pas à la démarche de transparence d’AluQuébec, peuvent les utiliser. Il s’agit de Prévost – Aluminium architectural, Epsylon Concept, Panfab, Panneaux 3D, Qualum, Altek Portes et fenêtres, Shalwin et Unicel Architectural.

« Les entreprises qui utiliseront ces DEP seront en mesure de positionner leurs solutions avantageusement à l’égard de la transparence des matériaux dans le cadre de projets à réaliser dans le domaine du bâtiment durable, car elles pourront ainsi contribuer à l’obtention de crédits LEED », indique Mario Farfard, directeur par intérim du Centre d’expertise sur l’aluminium (CeAl) d’AluQuébec.

C’est que sous LEED v4, faut-il le rappeler, l’obtention de certains crédits doit nécessairement s’appuyer sur une DEP. Ainsi, les impacts environnementaux des matériaux ne sont plus seulement évalués sous des aspects tels que le contenu recyclé ou la proximité, mais aussi sur des indicateurs comme l’empreinte carbone et l’utilisation de ressources non renouvelables, pour ne citer que ces exemples.

Soulignons que pour obtenir un point pour la divulgation et l’optimisation des produits, il faut cumuler 20 déclarations environnementales correspondant à des produits installés de façon permanente et provenant d’au moins cinq fabricants (10 DEP provenant de trois manufacturiers dans le cas LEED v4.1). Une DEP générique, réalisée à l’échelle de l’industrie, a une valeur équivalente à un demi-produit.

 

 

Analyse de cycle de vie

Enclenché à l’automne 2018, le processus rigoureux menant à la publication des DEP de la grappe québécoise de l’aluminium a été mené par Groupe AGÉCO, sur la base d’une analyse de cycle de vie (ACV) réalisée pour les différentes familles de produits visées par l’initiative d’AluQuébec. Elle quantifie les impacts liés à la fabrication des produits tels que ceux de la production des matières premières, du transport jusqu’à l’usine, ou de la consommation d’énergie

« Nous avons rencontré les entreprises participantes pour connaître et bien comprendre les étapes de production des produits à l’intérieur des usines, les processus d’approvisionnement, la consommation d’énergie, etc., relate Julie-Anne Chayer, vice-présidente, Responsabilité d’entreprise chez Groupe AGÉCO.

« Une fois l’information collectée, poursuit-elle, nous l’avons modélisée avec la base de comparaison, par exemple un mètre carré de fenêtre, pour générer un rapport nous permettant de déterminer quelles sont les étapes du cycle de vie ayant le plus d’impact sur le plan environnemental. C’est cette information qui est vulgarisée et livrée dans la DEP. »

Pour elle, il ne fait aucun doute que les fabricants de matériaux ont tout à gagner en s’engageant dans une telle démarche de transparence. Non seulement parce qu’ils seront mieux outillés pour répondre aux exigences de clients potentiels dans le créneau du bâtiment durable, mais également parce qu’ils pourront profiter de l’exercice pour chercher à optimiser certains de leurs processus à la lumière des résultats de l’analyse de cycle de vie.

Cette spécialiste de l’ACV observe que les produits intégrant de l’aluminium primaire québécois font belle figure sur le plan de la durabilité en raison de la faible empreinte carbone du matériau. Et qu’ils sont ainsi bien placés pour répondre aux exigences des certifications du bâtiment durable, d’autant plus s’il s’agit d’aluminium à contenu recyclé.

Il faut dire que l’aluminium produit au Québec, où 90 % de la production canadienne est concentrée, affiche la plus faible empreinte carbone à l’échelle mondiale. « Produire une tonne d’aluminium à l’électrolyse au Québec émet 2 tonnes d’équivalents CO2, comparativement à 16 tonnes d’équivalents CO2 en Chine où la source d’énergie utilisée pour la production est le charbon », illustre Mario Fafard.

« Dans le cas de la refonte d’aluminium québécois produit à l’électrolyse, c’est environ 0,7 tonne d’équivalents CO2 qui est émise, poursuit le directeur par intériem du CeAl, parce que ça prend seulement 5 % de l’énergie requise pour produire de l’aluminium primaire. Et au Québec, c’est trois à quatre fois moins d’émissions de CO2 par tonne. »

Si l’aluminium québécois se démarque aussi favorablement sur le plan de l’empreinte carbone, c’est évidemment parce que l’énergie utilisée pour l’électrolyse est l’hydroélectricité, une source toute aussi propre que renouvelable. Mais aussi parce que les alumineries établies au Québec n’ont cessé de multiplier les efforts au fil des ans pour réduire leurs impacts environnementaux.

« Les usines québécoises se sont énormément améliorées sur le plan de la performance environnementale, constate Mario Fafard. Et c’est loin d’être fini, car une nouvelle technologie, appelée ELYSIS, permettra dans un avenir rapproché d’en arriver à zéro émission de CO2 pour la production d’aluminium. »

 

Photo : ACC, Concours Alumia, Hughes Rivest

 

Avancée durable

Déclarations environnementales de produits en main, la Grappe industrielle de l’aluminium du Québec pourra accentuer encore davantage ses efforts pour promouvoir l’utilisation du métal gris dans le domaine du bâtiment, plus particulièrement dans le créneau de la construction durable. Dans tous les cas de figure en complémentarité avec les autres matériaux, et toujours selon le principe du bon matériau au bon endroit.

Depuis le lancement de son chantier d’affaires Bâtiments et construction durable, à l’automne 2017, AluQuébec vise à favoriser une utilisation accrue de produits et systèmes intégrant le métal gris dans le design des immeubles commerciaux, institutionnels et multirésidentiels. L’organisme voit ainsi à ce que les concepteurs et les constructeurs du milieu du bâtiment soient au diapason des attributs environnementaux du métal et des possibilités qu’il offre pour sortir des sentiers battus sur le plan du design.

« L’aluminium est déjà bien présent dans le bâtiment, notamment avec les murs-rideaux et les revêtements. Mais il peut certainement y être utilisé encore bien davantage et dans des applications innovantes, observe Mario Fafard, d’autant que c’est un matériau qui est réellement durable et qui se révèle avantageux sur l’ensemble de son cycle de vie.

« L’aluminium, précise-t-il, résiste aux intempéries et possède une haute résistance à la corrosion atmosphérique. Quand on utilise l’aluminium, c’est pour longtemps. Le pont en aluminium, au Saguenay, aura 70 ans en 2020. Et c’est toujours la même surface; aucun entretien sur celle-ci n’a été nécessaire au cours de ces 70 ans. »

Il souligne que près d’un milliard de tonnes d’aluminium sont actuellement en utilisation dans le monde, dont 35 % dans le domaine de la construction. « C’est un stock qui sera invariablement remis en circulation un jour ou l’autre, conclut Mario Fafard, car la fin de vie de l’aluminium dans une application signifie le début d’une autre. »

Consultez les DEP sur le site d'AluQuébec

 

La technologie ELYSIS

ELYSIS, une coentreprise formée par Alcoa et Rio Tinto, travaille à la commercialisation, pour l’horizon 2024, d’une avancée technologique permettant d’éliminer complètement les émissions de gaz à effet de serre (GES) du procédé traditionnel de production d’aluminium, et de les remplacer par de l’oxygène pur. Cette coentreprise est à établir un centre de recherche et développement au Complexe Jonquière de Rio Tinto, là où sont situés l’aluminerie Arvida, l’usine Vaudreuil et le centre de R-D Arvida. Cette nouvelle installation, dont la construction a été annoncée au printemps dernier, devrait être opérationnelle dans le second semestre de 2020. Développée au Centre technique d’Alcoa, aux États-Unis, la technologie brevetée ELYSIS vise à répondre à la tendance mondiale en faveur de la fabrication de produits à plus faible empreinte carbone, dont les matériaux de construction.

Les bénéfices de l’aluminium

Dans la certification LEED v4, trois crédits rétribuent la valorisation d’immeubles existants et cinq crédits favorisent une localisation écoresponsable, pour un total de 18 points. C’est près de la moitié des 40 points nécessaires à l’obtention du premier niveau de certification.

  • Faible empreinte carbone (aluminium produit au Québec)
  • Durabilité dans le temps
  • Résistance à la corrosion
  • Légèreté et malléabilité permettant des designs innovants
  • Recyclabilité à l’infini
  • Entretien réduit