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L’industrie immobilière répond à l’appel du Défi énergie

5 août 2019
Par Rénald Fortier

Le Défi énergie en immobilier rallie l’industrie autour de l’objectif de réduire son empreinte carbone. Des participants en témoignent.

DÉI. Voilà un acronyme, celui de Défi énergie en immobilier, qui n’a pas tardé à susciter un engouement auprès des propriétaires et gestionnaires d’immeubles québécois. De savoir que 157 bâtiments étaient inscrits à cette compétition conviviale au début du printemps, un an après son lancement par BOMA Québec, suffit vite à en prendre la mesure. Surtout quand on sait que la cible était d’atteindre le cap des 100 inscriptions au terme de cette première année de déploiement.

« La participation de l’industrie va bien au-delà de nos espérances pour cette première année de déploiement du Défi. Et ça ne fait que commencer, car nous visons à ce que 250 bâtiments soient en lice à la fin de l’an 2 de la compétition », indique Mario Poirier, co-instiguateur du DÉI avec Geneviève Gauthier, responsable du volet Énergie au sein du comité Gestion technique intégrée de BOMA Québec.

Mario Poirier, Marie-Julie Hamel, Benoit Lawlor et Patrick Culhane

Les 39 organisations ayant inscrit des immeubles au cours de l’an 1 de DÉI poursuivront donc, tout comme celles qui leur emboîteront le pas, l’objectif de réduire de plus de 10 % leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici la fin de 2021. Ce sera l’occasion de pousser plus avant leurs efforts pour réduire la consommation d’énergie de leurs immeubles, pour les unes, ou de s’engager dans une démarche d’efficacité énergétique en bonne et due forme, pour les autres.

Définir les solutions

Benoit Lawlor est bien placé pour en parler. Il est vice-président – Services techniques chez Galion Gestion Développement Immobilier, entreprise qui a inscrit trois immeubles de bureaux totalisant quelque 280 000 pieds carrés à la compétition : le 6500 Transcanadienne, à Pointe-Claire; le 4905 Lapinière (composante du complexe Jonxion), à Brossard; et le 2666 boulevard du Parc-Technologique, à Québec.

Le 2666 boulevard du Parc-Technologique, à Québec. Photo de Galion Gestion Développement Immobilier

« Ce sont des immeubles qui affichent des similitudes en termes d’âge, de fonction et de composition des systèmes électromécaniques, les trois faisant notamment appel à la géothermie, dit-il. Nous allons ainsi en profiter pour voir comment ils se comportent par rapport à d’autres qui sont comparables dans l’industrie, mais surtout comment se comparent entre eux ces bâtiments au sein de notre propre portefeuille.

Le 4905 Lapinière, une composante du complexe Jonxion, à Brossard. Photo de Galion Gestion Développement Immobilier

« Pour nous, poursuit-il, le DÉI est un bon prétexte pour prendre le temps d’analyser finement la performance de nos immeubles soumis à la compétition. Et de déterminer les solutions à proposer, comme une démarche de recommissioning, pour optimiser l’opération de ces bâtiments sur le plan éconergétique. Il y a toujours moyen de s’améliorer pour peu que l’on ne demeure pas assis sur nos lauriers. »

Optimiser en continu

Ce n’est pas Patrick Culhane, chef Énergie et développement durable chez Ivanhoé Cambridge, qui va le contredire. Car il ne s’agit pas d’un hasard si le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec a déjà inscrit au DÉI sept immeubles de bureaux montréalais totalisant plus de 5,2 millions de pieds carrés : l’Édifice Jacques-Parizeau; la Place Ville Marie; le 1000 De La Gauchetière; la Maison Manuvie; le Centre de commerce mondial; le 415 et le 455 Saint-Antoine Ouest.

L’Édifice Jacques-Parizeau. Photo de Ivanhoé Cambridge

« Notre participation va dans le sens de ce que l’on s’efforce continuellement de faire en tant que propriétaire et gestionnaire immobilier, dit-il. On cherche toujours à optimiser notre performance énergétique, à réduire notre empreinte carbone ainsi qu’à fournir un environnement sain et confortable à nos locataires. »

Faire belle figure au DÉI n’apparaît toutefois pas de prime abord une mince tâche pour une organisation comme Ivanhoé Cambridge qui veille constamment à améliorer la performance énergétique de ses bâtiments, notamment par le biais de programmes de commissioning en continu. Mais Patrick Culhane, lui, y voit une occasion d’aller encore plus loin, plus particulièrement en travaillant de concert avec les locataires, et de dépasser l’objectif de réduction de 10 % de GES attendu.

Il explique : « Une bonne partie de la consommation d’énergie dans nos bâtiments, et ça varie de l’un à l’autre, est celle de nos locataires. Nous allons donc chercher à travailler avec eux pour les encourager à la réduire, à les engager dans le DÉI avec nous. Il y a plusieurs de nos locataires qui mettent déjà beaucoup l’accent sur le développement durable et nous allons ouvrir un dialogue avec eux en premier pour les amener à se poser comme des exemples à suivre. »

Développer une culture de l’efficacité

De tels propos ne peuvent que sonner comme de la musique aux oreilles de Mario Poirier, pour qui les gestionnaires immobiliers et leurs locataires ont tout à gagner à travailler main dans la main pour réduire leur consommation d’énergie. « Le DÉI, dit-il, est l’occasion de développer une véritable culture de l’efficacité, voire de l’innovation éconergétique. Parce qu’il permet aux participants de se mesurer à leurs pairs, de voir où ils se situent et d’amorcer ou d’accélérer une démarche qui leur permettra d’améliorer leur gestion de l’énergie. »

L’important, à ses yeux, ce n’est pas de gagner le DÉI. Mais plutôt d’y adhérer dans la perspective de mettre en place des processus qui mèneront à une meilleure gestion de l’énergie et, du même coup, à une réduction des GES dans le domaine de l’immobilier commercial.

Marie-Julie Hamel, vice-présidente – Opérations chez Galion Gestion Développement Immobilier, est bien d’accord : « Il aurait été facile pour nous de vouloir épater la galerie en inscrivant au Défi des bâtiments moins performants que ceux que nous avons mis en compétition et ainsi de montrer de grandes améliorations rapidement. Mais ce n’est pas le but recherché en participant à la compétition, car nous visons d’abord et avant tout à devenir encore meilleurs que nous le sommes actuellement avec des immeubles récents et pourvus d’équipements devant être performants. »

Source : DÉI

Une compétition, trois catégories

Dès 2019, les données énergétiques colligées des organisations participantes seront évaluées par un jury en vue de déterminer les lauréats du DÉI dans les trois catégories suivantes :

  • Cible GES : d’ici la fin de 2021, tous les participants auront pour objectif de réduire les émissions de GES de leurs bâtiments d’au moins 10 % sous le niveau auquel elles étaient au moment de leur inscription. Les gagnants seront déterminés selon le pourcentage de diminution atteint (10 – 14,9 %; 15 – 19,9 %; 20 % et plus).
  • Amélioration de la performance énergétique : le pourcentage de réduction de l’intensité énergétique sera comparé afin de déterminer ceux qui auront le plus diminué leur consommation d’énergie dans la dernière année. Les bâtiments seront regroupés avec des immeubles de vocation, de superficie et de consommation énergétique similaires.
  • Collaboration : cette catégorie s’applique aux gestionnaires immobiliers et aux locataires qui s’inscriront ensemble et qui démontreront une collaboration soutenue. Les critères évalués seront les pratiques collaboratives, la mobilisation, les retombées positives ainsi que l’adaptabilité.