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L’enveloppe du bâtiment à l’heure de la mise en service

29 octobre 2019
Par Marie Gagnon

De la conception à la construction, le processus de mise en service garantit le rendement optimal de l’enveloppe du bâtiment.

 

Premier rempart contre les éléments, l’enveloppe du bâtiment joue un rôle prépondérant dans la pérennité de toute construction. Mal conçue ou mal construite, son piètre rendement ne sera pas sans conséquences. Les fuites d’air, la diffusion de vapeur et les infiltrations d’eau, de même qu’une faible résistance thermique, feront grimper les coûts d’énergie et exploser les budgets de réparation et d’entretien. Sans parler de la grogne des occupants, dont le confort sera impacté négativement.

La mise en service de l’enveloppe peut empêcher ces effets indésirables. D’autant que, depuis plusieurs années, les projet élaborés sous pression, les échéanciers comprimés, les budgets limités ainsi que les honoraires professionnels minimaux ont donné lieu à des constructions où les déficiences évidentes se sont soldées par des correctifs onéreux. La nécessité d’appliquer un processus de qualité lors de la conception et de la mise en œuvre de l’enveloppe s’est imposée d’elle-même.

Une nouvelle référence

Cette prise de conscience ne date pas d’hier. Déjà en 1977, Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC) – alors Travaux publics et Services gouvernementaux Canada – incluait dans ses devis une section sur la mise en service de ses bâtiments. Ce processus de qualité se limitait alors principalement aux systèmes mécaniques et électriques des bâtiments et s’attachait à en évaluer le rendement afin de déterminer leur conformité à l’avant-projet et aux critères de performance initialement spécifiés. L’enveloppe y était aussi mentionnée, mais toutefois sans paramètres d’évaluation clairs.

Il faut attendre 2012 pour qu’un premier organisme, en l’occurrence le National Institute of Building Science (NIBS), publie les premières lignes directrices visant expressément le processus de mise en service de l’enveloppe du bâtiment. Ce guide est suivi, en 2016, par la norme ASTM 2947-16, Guide des standards de la mise en service de l’enveloppe.

« Ce guide est maintenant la nouvelle référence sous LEED v4.1, note Julie Trottier, architecte, chargée de projet – Consultation et mise en service à UL science du bâtiment. Il intègre de façon concise les différentes étapes de la mise en service de l’enveloppe, c’est-à-dire un contrôle de qualité en continu dès le début de la conception du projet jusqu’à l’occupation du bâtiment. »

Des choix réfléchis

Autrement dit, il s’agit de définir les exigences de rendement propres au système installé et d’élaborer des méthodes d’évaluation, tout en gardant en tête la volonté du client. Les choix sont ainsi réfléchis dès les premiers balbutiements du projet et les objectifs à atteindre – durée de vie utile, confort des occupants, performance énergétique – visent un équilibre entre la performance de l’enveloppe et le rendement des systèmes mécaniques et électriques.

Dès la conception, la mise en service permet ainsi de détecter les éléments défaillants et de rectifier le tir. Idem à l’étape des dessins d’atelier, où les détails pourront être revus et corrigés. Dans le cas d’éléments préfabriqués, des inspections en usine permettront d’éliminer d’éventuelles déficiences avant la mise en œuvre. La mise au point d’un prototype en laboratoire permettra par ailleurs de valider le concept et de vérifier que les assemblages sont conformes aux performances demandées aux plans et devis. Ultimement, la thermographie mettra en évidence des déficiences pouvant affecter le rendement de l’enveloppe en termes de rendement thermique et d’étanchéité à l’air.

Un rôle catalyseur

Le système d’évaluation LEED a par ailleurs joué un rôle catalyseur dans cette prise de conscience et, de ce fait, contribué directement à l’évolution du marché. « Les propriétaires cherchent de plus en plus à réduire leurs frais d’entretien et d’exploitation, et c’est ce que leur offre LEED, souligne Benoit Doyon, directeur – Consultation et mise en service chez UL. Aujourd’hui, les promoteurs d’édifices de bureaux sont nombreux à exiger une certification LEED, ce qui implique une mise à niveau de base. »

Dans la catégorie Énergie et atmosphère, mise en service améliorée, LEED v4 accorde en effet un crédit de deux points pour la mise en service de l’enveloppe. Lorsque ce crédit est réclamé, les concepteurs doivent cependant veiller à ce que les besoins exprimés par le propriétaire soient documentés et que les exigences techniques pour l’enveloppe soient intégrées dans la base de conception du préalable Mise en service de base et vérification.

Comme elle favorise les interactions entre l’architecture et les systèmes électromécaniques, la mise en service de l’enveloppe s’aligne également sur la vision énergie nette zéro. « Plus la qualité d’exécution est contrôlée à chaque étape critique, plus l’enveloppe sera performante et, par conséquent, plus la demande en énergie sera réduite, rappelle Julie Trottier. Encore là, cela suppose une relation étroite entre les critères de performance de l’enveloppe et la mécanique du bâtiment. »

Elle ajoute que l’élément clé d’une bonne mise en service réside dans une synergie interdisciplinaire reposant sur des choix établis dès l’étude préliminaire, en fonction des besoins du client et de l’exploitation du bâtiment. « Cette interdisciplinarité favorise la sélection de matériaux durables, qui seront assemblés dans une logique d’entretien et de remplacement optimisant la durée de vie utile de l’ensemble pour une empreinte environnementale réduite », conclut-elle.

Étapes de la mise en service

La mise en service de l’enveloppe est un contrôle de qualité en continu, de la conception du bâtiment à son occupation. Elle inclut trois étapes :

  • • détermination des objectifs à atteindre en fonction des besoins du propriétaire;
  • • vérification pas à pas afin de valider l’atteinte de ces objectifs;
  • • contrôle en continu pour assurer le maintien des objectifs.
Quatre grands bénéfices
  • • Une conception et une mise en œuvre sans faille et sans reproche
  • • Une réduction des frais d’exploitation et d’entretien
  • • Une constructibilité optimisée
  • • Une durabilité supérieure et une durée de vie utile améliorée