Aller au contenu principal
x

Les fournisseurs de l’industrie emboîtent le pas

L’exploitation environnementale des immeubles s’est reflétée sur la nature des services livrés aux propriétaires et gestionnaires. Des fournisseurs en témoignent.

Par Marie-Ève Sirois

Au cours de la dernière décennie, rares sont les fournisseurs qui n’ont pas eu à modifier leurs pratiques d’affaires pour satisfaire les nouvelles exigences imposées par l’écologisation des immeubles, notamment dans la foulée de l’application du programme BOMA BESt. Les façons de faire ont changé et les bénéfices qui en découlent alimentent cette transformation vers une approche empreinte de durabilité.

« Nous avons développé une formule contractuelle qui permet d’offrir, à très faible coût, un service de commissionnement continu », donne en exemple Pierre Lapointe, vice-président au développement commercial chez Cofely Services. Une telle formule rejoint les gestionnaires de bâtiment souhaitant améliorer leurs performances sans nécessairement remplacer les équipements. Et par le fait même, ce type d’approche devient parfois l’occasion de rafraîchir les connaissances du personnel responsable de l’exploitation des immeubles.

En fait, depuis une dizaine d’années, les programmes d’entretien préventif, le suivi des consommations énergétiques, la consommation d’eau potable ou encore l’inventaire du débit des appareils gagnent en popularité. Mais ce qui est encore mieux, ce sont les outils désormais bien adaptés pour ces tâches. À peu de frais, il est maintenant possible d’avoir une vision d’ensemble des intrants et extrants de ressources, à même un tableau de bord en ligne.

Exigences relevées

Michel Bilodeau, directeur au développement des affaires chez GDI note que les exigences des appels d’offres ont changé. De sorte que pour demeurer compétitive et avant-gardiste, l’entreprise spécialisée dans les services aux immeubles a pris le taureau par les cornes.

« Pour démontrer notre conformité aux nouvelles exigences qui découlent des systèmes de certification comme BOMA BESt, commente-t-il, nous avons décidé de nous conformer à la norme ISO 14001:2004 Systèmes de management environnemental. La certification Eco Warranty : 2010 fait également partie des normes qui sont appliquées à l’interne pour répondre aux besoins du marché.

« Nous utilisons maintenant des papiers fabriqués à partir de fibres recyclées à 100 %, poursuit-il. En outre, nos produits de nettoyage sont homologués ECOLOGO alors que nos équipements consomment moins d’eau et d’énergie. » Auparavant, les surcoûts étaient considérables pour ce fournisseur, mais avec le temps, il est parvenu à offrir des services homologués pour le même prix.

Le constructeur Pierre-Albert Jean voit pour sa part BOMA BESt comme un « catalyseur de changement ». Aujourd’hui, tous les conteneurs de Construction Albert Jean sont triés, que le projet soit certifié ou non. « Au début, le changement nous a été imposé avec les certifications, précise-t-il. Puis, nous avons changé nos habitudes. Ce n’est qu’une question de processus. »

Il semble en être de même pour les achats locaux, réclamés à plusieurs fournisseurs. Les premières fois, ils ont déployé davantage de temps, voire d’argent, pour se plier à ce type d’exigences. Puis, les extras ont fait place à des avantages sur la compétition, des traits distinctifs à mettre en valeur dans les offres de services.

Gestion optimisée

Le discours de certains fournisseurs n’est cependant pas sans rappeler le fait qu’ils travaillent, dans plusieurs cas, avec des bâtiments existants. Et que si la conception était sensiblement modifiée, elle permettrait parfois qu’un bâtiment performe mieux au cours de sa vie utile.

Mathieu Painchaud, directeur du bureau de Québec de Chamard et associés, soulève le point : « Certaines mesures environnementales sont grandement avantagées si elles sont prévues dès la phase de conception, comme les chutes à déchets. En prévoir au moins trois peut faire toute la différence quand vient le temps d’optimiser le tri sélectif des matières résiduelles. Et chose certaine, dit-il, l’enfouissement des déchets coûte de plus en plus cher, alors que la collecte des matières récupérables est un peu moins dispendieuse compte tenu de la valorisation des matières collectées. »

Pierre Lapointe fait aussi référence à la phase de conception : « Autant que possible, il faut concevoir des bâtiments performants, mais aussi simples à exploiter, dit-il. Et c'est encore plus vrai pour les petits immeubles qui ne disposent pas d’équipe technique. » Le nec plus ultra est souvent complexe à gérer et le phénomène peut s’accentuer au fil des ans. Trop fréquemment, une approche durable est l’affaire d’un employé plutôt que d’une équipe entière.

En somme, les fournisseurs ont bien noté que les clients ont à coeur la protection de leur environnement. Ils adaptent leurs pratiques et développent de nouveaux processus pour répondre à cette tendance, qui est assurément là pour rester.

Amélioration continue

« BOMA BESt permet notamment de mettre en place des processus d’amélioration continue », soutient à son tour Mathieu Painchaud, directeur du bureau de Québec de Chamard et associés, firme spécialisée en gestion des matières résiduelles. En effet, que ce soit pour maintenir son statut ou atteindre le niveau supérieur, les propriétaires doivent effectuer le suivi des performances. À telle enseigne que les exercices de caractérisation des déchets sont nécessaires pour le mesurage et les ajustements. Ensuite, il faut trouver l’équilibre entre la génération de matières résiduelles et leur mode de collecte, de façon à ce que le tout forme une adéquation et que les frais soient optimisés. 

En chiffre

Quelques chiffres sur les bâtiments certifiés BOMA BESt :

  • 55 % de tous les immeubles de bureaux certifiés ont atteint un taux de détournement des déchets supérieur à 60 % ;
  • les immeubles de bureaux certifiés ont obtenu une note moyenne de 97,3 % pour ce qui est des systèmes de gestion d’énergie ;
  • une étude du Light House Sustainable Building Center publiée en 2014 révèle que les immeubles de bureaux ayant obtenu la recertification BOMA BESt présentaient une amélioration de 25 % de leur intensité énergétique par rapport aux immeubles n’ayant suivi que le processus de certification initial ;
  • la même étude dénote également une réduction de 30 % de la consommation d’eau annuelle et une augmentation moyenne de 8 % du taux de détournement des déchets.