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17 janvier 2011

La Ville de Montréal prêche d’exemple pour favoriser l’essor du bâtiment durable sur son territoire. Alan DeSousa, vice-président du comité exécutif et responsable du développement durable, explique.  

Par Rénald Fortier

La Ville de Montréal se positionne désormais à l’avant-garde en matière de bâtiment écologique, surtout depuis l’adoption de sa politique de développement durable pour les édifices municipaux en juin 2009. Elle devenait alors la première ville québécoise à ainsi passer au vert mur à mur pour la construction, la rénovation et l’exploitation de ses bâtiments ainsi que pour ses espaces en location.

Cette politique stipule que la Ville exige l’obtention de la certification LEED, niveau Or, pour toutes ses nouvelles constructions de plus de 500 mètres carrés, et que les projets de rénovation majeure soient alignés sur les critères LEED, niveau Argent. Du côté des édifices existants, elle réfère à l’obtention de la certification BOMA BESt, niveaux 1 et 2, pour les immeubles de bureaux, et à celle de niveau 1 pour tous les autres types de bâtiments.

Les espaces en location ne sont pas en reste puisque la politique exige désormais l’obtention de la certification BOMA BESt (bâtiment existant) ou LEED (construction neuve) du propriétaire. Un aménagement écologique des lieux (LEED-CI) est aussi demandé, là où le marché le permet.

La politique de développement durable pour les édifices municipaux, soulignons-le, s’applique à toutes les activités immobilières de la ville centre et peut être adoptée intégralement par les arrondissements. Comme l’ont fait à ce jour les arrondissements Saint-Laurent, LaSalle, Ville-Marie et Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles.

Alan DeSousa est on ne peut plus fier de cette politique. Pourquoi ? Parce qu’elle élève Montréal au rang des leaders nord-américains dans le domaine du bâtiment écologique. « Ailleurs, observe-t-il, la plupart des villes qui exigent la certification LEED pour leurs projets de construction visent le niveau Argent, mais nous on a choisi de monter la barre encore plus haut en ciblant le niveau Or.

« Mais en même temps, poursuit-il, nous avons voulu nous assurer dès le départ que les exigences de notre politique étaient atteignables. Car encore fallait-il aussi tenir compte du fait que nous devions former nos employés pour entretenir ces bâtiments verts. Nous voulions trouver un juste équilibre et je pense que nous avons réussi. »

De là à penser que la Montréal voulait aussi montrer la voie à suivre aux autres villes québécoises, il n’y a qu’un pas qu’Alan DeSousa refuse toutefois de franchir. « Nous avons tellement de défis à relever ici que l’on ne peut pas prêcher aux autres de faire ce que nous venons juste d’entamer, dit-il. Tant mieux, si l’instauration de notre politique a donné à d’autres municipalités le goût de suivre notre exemple. J’en serais très heureux, mais ce n’était pas du tout le but visé. »

De savoir que le parc immobilier de Montréal compte plus de 1 600 bâtiments, dont la superficie globale est estimée à 27 millions de pieds carrés, suffit vite à mesurer l’ampleur de la tâche à laquelle s’est attelée la Ville. Tout comme celle des enjeux qu’il pose à l’égard de la protection de l’environnement et de la préservation des ressources naturelles.

Pour son vice-président du conseil exécutif, il est cependant clair que Montréal est sur la bonne voie. Il se réjouit d’ailleurs de constater que la politique de développement durable s’appliquant aux édifices municipaux porte déjà ses fruits. Car si deux bâtiments de la Ville arborent actuellement la certification LEED, soit l’édifice administratif Louis-Charland et le chalet du parc Beauséjour dans Ahuntsic-Cartierville, plusieurs bâtiments sont maintenant enregistrés en vue de l’obtention d’une certification LEED.

Parmi eux figurent le nouveau Planétarium, la bibliothèque de Saint-Laurent, le Complexe sportif et communautaire Benny et l’Écocentre de LaSalle pour couper court à l’énumération. À cette liste s’ajoutent aussi les projets qui ne sont pas encore inscrits au Conseil du bâtiment durable du Canada, mais qui brigueront la certification LEED à plus ou moins brève échéance : l’hôtel de ville (rénovation), la bibliothèque de Pierrefonds-Roxboro, le bureau d’arrondissement de Saint-Laurent, etc.

Influencer le marché

Aux yeux d’Alan DeSousa, il ne fait pas de doute que Montréal tirera de nombreux bénéfices à verdir ainsi son parc immobilier : réduction des frais d’exploitation des immeubles ; augmentation de la valeur des propriétés ; productivité accrue des ressources, etc. Et il souligne que l’application de sa politique profitera aussi aux entreprises qui font affaire avec la Ville.

« Lorsque nous avons élaboré notre politique, précise-t-il, nous visions également à sensibiliser les différents acteurs du milieu du bâtiment, comme les architectes et les entrepreneurs, à l’importance de prendre le virage vert. Tout comme nous voulions les aider à acquérir l’expertise nécessaire pour concevoir, construire et exploiter des bâtiments durables. »

La Ville a également prêché d’exemple à ce jour pour inciter l’industrie immobilière à adopter des pratiques durables. Mais pourrait-elle en venir à obliger les développeurs et les propriétaires immobiliers de réaliser leurs projets en conformité avec la certification LEED ? « Ce n’est pas mon objectif d’exiger des certifications, répond tout de go Alan DeSousa. Car je crois qu’il est plutôt important de s’assurer que les gestes que nous posons donnent à l’industrie la meilleure chance de réussir. Je ne veux surtout pas créer des situations d’échec. Ça ne servirait personne en bout de ligne. »

Il s’empresse de souligner que la Ville a mis en place d’autres outils pour aider l’industrie à s’engager dans la réalisation de projets de bâtiment durable. Comme la bonification du remboursement de taxes allouée par le programme PR@M Industrie pour les propriétaires de bâtiments industriels visant la certification LEED.

« Le bâtiment vert, conclut-il, il faut regarder ça dans un contexte global. Oui, nous avons maintenant notre politique pour les édifices municipaux, mais nous prenons beaucoup d’autres actions qui contribuent à améliorer le bilan environnemental du milieu du bâtiment. Au premier chef pour répondre aux objectifs ambitieux que nous nous donnons avec notre Plan de développement durable, par exemple à l’égard de la réduction des gaz à effet de serre ou de celle de la consommation d’eau potable. »

C’est pourquoi il estime que si on ne peut encore qualifier Montréal de ville durable, on peut très bien dire qu’elle est engagée dans la bonne voie pour le devenir.

Exigences durables

Tous les projets immobiliers mis de l’avant par la Ville, peu importe la superficie, doivent désormais intégrer les éléments suivants :

  • Gestion des déchets de construction
  • Encouragement des toitures vertes dans les nouvelles constructions (concevoir à tout le moins la structure en vue d’aménager un toit vert)
  • Intégration d’au moins 10 % d’énergie renouvelable pour les constructions neuves, dans la mesure du possible
  • Aménagement des infrastructures pour favoriser l’utilisation du vélo
  • Gestion efficace de l’eau (aménagements paysagers économes en eau, récupération des eaux de pluie, etc.)

 

Espaces locatifs

Les exigences de la Ville de Montréal pour la location d’espaces dans des bâtiments existants se déclinent comme suit :

  • Nouvelles locations – plus de 5 000 mètres carrés : l’immeuble doit être certifié BOMA BESt (les aménagements doivent être réalisés selon les exigences LEED-CI, niveau Argent)
  • Nouvelles locations – 1 000 à 5 000 mètres carrés : le locateur doit s’engager à obtenir la certification BOMA BESt dans les 12 mois suivant la signature du bail
  • Locations existantes – plus de 5 000 mètres carrés : lors du renouvellement, la certification BOMA BESt doit être obtenue dans les 12 mois suivant la signature du bail
  • Locations existantes – moins de 5 000 mètres carrés : la Ville exige seulement l’entretien écologique des lieux