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4 janvier 2016
Par Rénald Fortier

Le Verrox, un ajout cimentaire produit à partir de verre recyclé postconsommation, fait son nid au Québec.

Avril 2005. La Chaire de recherche SAQ de valorisation du verre dans les matériaux voit le jour à l’Université de Sherbrooke. Mise sur pied à l’initiative de la Société des alcools du Québec, elle a pour mandat de trouver de nouveaux débouchés commerciaux pour le verre mixte issu de la collecte sélective. 

La recherche menée par la chaire sherbrookoise, sous la direction de son titulaire Arezki Tagnit-Hamou, se traduit par le développement d’un ajout cimentaire sans nul autre pareil : une poudre de verre pourvue d’une haute teneur en bioxyde de silicium amorphe lui conférant des propriétés pouzzolaniques, lesquelles font en sorte qu’elle réagit au contact de la chaux contenue dans le béton. 

Ce produit novateur, qui peut remplacer entre 10 et 30 % du ciment Portland dans les ouvrages de béton, est expérimenté dès 2007 dans des sections de la dalle de plancher d’une succursale montréalaise de la SAQ. Puis dans d’autres points de vente de la société d’État ainsi qu’à la Maison du développement durable. Toujours avec succès. 

C’est que le monitorage effectué par la Chaire permet dès lors de constater que les dalles expérimentales se comportent très bien et ne présentent aucune dégradation. « La poudre de verre constitue un liant qui permet de former un béton peu perméable, ce qui confère au matériau une très grande durabilité », indique Arezki Tagnit-Hamou. 

De là à penser que le moment est venu d’introduire cette innovation sur le marché, il n’y a qu’un pas qui est franchi à la fin de 2010, alors que Tricentris obtient une licence d’exploitation de la Société de commercialisation et valorisation de l’Université de Sherbrooke. Détenant le droit de commercialiser la poudre de verre à travers le monde, l’entreprise de Terrebonne s’engage par la suite dans la construction d’une usine de micronisation du verre sur le site de son centre de tri de Lachute. 

C’est sous l’appellation Verrox qu’elle entreprend la commercialisation du nouvel ajout cimentaire au début de 2015. « Nous avions précédemment fait une précommercialisation et produit de la poudre de verre pour répondre à certaines demandes, mais c’était toujours à la pièce. Là, nous avons vraiment entrepris sa mise en marché à grande échelle et les projets dans lesquels elle est mise à profit ne cessent de se multiplier », indique Grégory Pratte, ambassadeur Verrox chez Tricentris. 

Pour lui, il est clair que cette innovation québécoise est vouée à un bel avenir : « Près de 190 000 tonnes de verre résiduel sont générées chaque année au Québec, dont 115 000 tonnes proviennent de la collecte sélective, observe-t-il. C’est bien beau de récupérer cette matière, mais encore faut-il être en mesure de lui donner une seconde vie. Et c’est justement ce que permet notre solution en offrant un débouché développé dans une perspective durable. » 

Si le Verrox peut être intégré dans tous les ouvrages de béton, Tricentris concentre pour l’heure la commercialisation dans les applications suivantes : dalles de plancher, blocs, pavés, trottoirs, bordures de rue et mobilier urbain.

Bénéfices environnementaux

En plus d’apporter une solution locale à la problématique que pose la disposition du verre postconsommation, le Verrox comporte d’autres bénéfices environnementaux. Car non seulement affiche-t-il un contenu 100 % recyclé, mais aussi son incorporation partielle dans le béton permet-elle d’éviter les émissions de gaz à effet de serre qui seraient autrement générées par la production du ciment. Et c’est sans compter qu’il ne dégage pas de composés organiques volatils et qu’il permet de développer des produits avec un indice de réflectance solaire élevée.