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Impacts des matériaux : quel bilan pour la MDD?

1 décembre 2016

Par Marie-Noëlle Deblois

Au début des années 2000, Équiterre était à la recherche de nouveaux locaux. Avec d'autres groupes environnementaux et sociaux, l'organisation se lança le défi de construire un bâtiment répondant aux normes environnementales les plus élevées. Cinq ans après son inauguration, l'heure est au bilan. 

Afin de répondre à sa mission de pôle de réflexion, d’éducation et d’innovation sur le développement durable, la Maison du développement durable (MDD) organisait, le 29 novembre, une conférence-bilan sur le projet et l'impact des matériaux.

Il aura fallu cinq ans pour que la MDD passe de l’idéation au chantier. Pour le promoteur, il est temps de faire fi des idées préconçues afin de penser un édifice exemplaire. Une de ces technologies sera l'utilisation de l'outil d’évaluation Impact Estimator, un logiciel de l’Athena Sustainable Material Institute.

Impacts des matériaux : quel bilan pour la MDD ?  - Photo de Marie-Noëlle Deblois

 

« Cet outil nous permettait d'analyser toutes les étapes du cycle de vie des matériaux. Une véritable révolution à l'époque », explique d'entrée de jeu Normand Roy, chargé de projet. Les résultats des études comparatives permettront ainsi à l'équipe de conception de favoriser par exemple, pour le revêtement extérieur, des briques de la Nouvelle-Écosse ou encore des panneaux de fibrociment autrichiens. Malgré les impacts de transport, ils répondaient mieux aux autres critères environnementaux. 

Bois versus Béton

La MDD en construction. Crédit Bernard Fougères

 

Le béton ne s’est pas imposé d’emblée comme matériau de premier choix pour réaliser le système structural de la Maison du développement durable. Équiterre avait en effet demandé une structure de bois.

À l'époque, le Code national du bâtiment ne permettait pas la construction d'édifice de cinq étages en bois. « Les ingénieurs nous ont expliqué qu'ils n'étaient pas certains d'obtenir les dérogations nécessaires et que cela pourrait retarder le projet de plusieurs mois. De plus, on estimait à deux millions de dollars le coût des mesures à prendre pour répondre au Code national de prévention des incendies », explique Normand Roy.

Après une étude comparative, la grande résistance du béton qui permet de maximiser les portées en nécessitant moins d’éléments de structure de soutien, la bonne capacité d’emmagasinage d’énergie en créant une masse thermique, la disponibilité au niveau local et la durabilité ont orienté le choix de l'équipe.

De plus, 20 % du ciment Portland a été remplacé par des ajouts cimentaires provenant de déchets postindustriels, comme les cendres volantes et les fumées de silice. Cette mesure aura permis d’éviter la production de 173 tonnes de CO2.

Les bons et les moins bons coups

Vue de l'Atrium en construction. Crédit Bernard Fougères

 

Après analyse, 60 % des dommages environnementaux globaux du bâtiment sont attribuables au béton, 12 % proviennent du gypse et 7,2 % des tubulures d'acier.

La fenestration, qui représente près du tiers de l’enveloppe du bâtiment, est aussi un élément d'impact important. « Mais pour nous, le mur-rideau était un choix humain. On voulait offrir des espaces baignés de lumière naturelle. Et, bien sûr, les verres triples sont plus polluants lors de leur fabrication, mais on gagne en matière d'efficacité énergétique, poursuit monsieur Roy. Chaque fois que l'on se focalise sur une étape du cycle de vie, on fait un choix implicite d'impact. »

La Maison du développement durable est devenue le premier bâtiment au Québec à obtenir une certification LEED niveau platine NC, avec un pointage de 59 sur un total de 70. Après cinq ans d'exploitation, on évalue que la certification fonctionne bien et que les résultats sont au rendez-vous. Il ne reste plus qu'à faire de la MDD, non pas un exemple, mais bien la norme.