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Le siège social d’Eddyfi Technologies

25 mars 2019
Par Rénald Fortier

Espaces de travail favorisant le bien-être des occupants, performance énergétique optimisée, visée LEED v4… Incursion dans l’environnement attractif du nouveau siège social d’Eddyfi Technologies.

Au croisement sud-est des autoroutes Henri-IV et Félix-Leclerc, dans l’Espace d’innovation Michelet à Québec, se dresse désormais un bâtiment loin d’être banal, comme le laisse deviner tout de go son articulation volumétrique en porte-à-faux. Ou encore le contraste entre ses volumes inférieur, habillé en clin vertical de bois brun foncé, et supérieur, revêtu d’aluminium et pourvu d’une double peau perforée.

Cet immeuble de 5 100 mètres carrés, c’est celui qui loge aujourd’hui le siège social d’Eddyfi Technologies, entreprise spécialisée dans la conception et la commercialisation d’équipements et de logiciels d’inspection destinés au secteur industriel. Autour d’un atrium central doté d’une structure en bois laissée apparente se déploient une aire réservée à l’administration, un centre de recherche et développement, un centre de formation et une unité de production. En plus d’espaces communs tels qu’une cafétéria, une zone café/lounge et un gymnase.

Si cet édifice multifonctionnel inauguré en octobre dernier se distingue au premier coup d’œil par sa facture architecturale, il se démarque également par sa haute teneur environnementale et son milieu de travail attractif. Autant d’objectifs dont l’atteinte avait d’ailleurs été clairement établie dès le départ par Eddyfi Technologies.

« Dans une ville comme Québec où les entreprises technologiques s’arrachent ni plus ni moins les ressources qualifiées, il était primordial que le nouveau siège social de l’entreprise constitue un véritable atout sur le plan du recrutement du personnel ainsi que sur celui de sa rétention », indique l’architecte Normand Hudon, associé de Coarchitecture.

C’est ainsi que dès ses premiers coups de crayon, à partir de juin 2016, l’équipe de conception réunie autour de ce projet veille à imbriquer une enfilade de stratégies écologiques et éconergétiques les unes dans les autres. Et toujours en quête d’un équilibre permettant à la fois de minimiser l’empreinte environnementale du bâtiment et d’optimiser le bien-être de ses occupants.

L’aboutissement de cette démarche à laquelle participe la gestionnaire du projet pour Eddyfi, Karine Lalancette, se reflète tout d’abord dans la forme du bâtiment. Les deux volumes qui composent l’ensemble sont ainsi décalés l’un sur l’autre pour éviter que les bruits et les vibrations générés par les activités d’usinage, dans la partie basse, ne trouvent écho dans les espaces affectés à l’administration et à la recherche à l’étage. 

« Cette volumétrie, qui a par ailleurs permis de réduire l’utilisation de matériaux acoustiques, contribue en outre à contrer les nuisances sonores qui auraient autrement pu être générées par la circulation autoroutière avoisinante ainsi qu’à protéger les espaces extérieurs des vents dominants, toujours dans le but d’offrir un confort optimal aux occupants », note l’architecte Cesar Herrera, également associé de Coarchitecture.

C’est dans cette même perspective que le nouveau siège social d’Eddyfi met à la disposition du personnel des espaces de travail collaboratifs ainsi que des aires de sociabilisation et de détente baignées de lumière naturelle, en plus de lui offrir des vues de qualité sur l’extérieur. La ventilation naturelle y est aussi mise à profit dans le lounge et la cafétéria au moyen d’une grande ouverture permettant d’accéder directement à une terrasse extérieure.

« Comme l’immeuble est doté d’une fenestration généreuse, la double peau en aluminium perforé qui enveloppe le volume supérieur sert de filtre solaire pour assurer le confort visuel des occupants », indique Normand Hudon, en soulignant que la volumétrie en porte-à-faux du bâtiment permet pour sa part de réduire le rayonnement solaire au niveau du rez-de-chaussée.

Performance éconergétique

Si le bâtiment remplit ses promesses sur le plan de la qualité du milieu de vie offert au personnel d’Eddyfi, il en va de même sur le plan éconergétique. « Nos simulations indiquent que le bâtiment est 22 % plus performant que le bâtiment de référence selon l’ASHRAE 90.1-2010 », souligne l’ingénieur en mécanique Carl Gauthier, associé de LGT, non sans préciser que la cible initiale était de concevoir un immeuble 16 % plus économe en énergie que le bâtiment modèle proposé.

Pour lui, ce résultat est d’autant plus satisfaisant que le niveau de fenestration de l’édifice est impressionnant, et qu’il découle du travail concerté en conception intégrée. Parmi les stratégies architecturales qui y concourent, il relève une implantation et une volumétrie favorisant la réduction des besoins en chauffage et en climatisation ainsi qu’une isolation thermique bonifiée et l’utilisation de verre triple sur toutes les façades. En plus, bien sûr, des solutions permettant de réduire les gains solaires.

Côté mécanique, la totalité des besoins de chauffage et de refroidissement est comblée au moyen de thermopompes à l’air refroidies opérant à débit de réfrigération variable. « Les équipements ont été sélectionnés pour des températures d’opération aussi basse que -30°C », indique Carl Gauthier.

Le traitement de l’air neuf, soulignons-le, est assuré par trois thermopompes cumulant 36 tonnes. Le refroidissement et le chauffage de l’aire de production et de celle à vocation administrative sont quant à eux produits par le biais de cinq thermopompes totalisant 46 tonnes, tandis que l’aire d’usinage se voit desservie par deux thermopompes de 20 tonnes au total.

Comme les équipements servant à l’usinage dégagent beaucoup de chaleur, des systèmes de ventilation sont spécifiquement destinés à ce secteur du bâtiment. Le système d’air neuf permet d’y récupérer 90 % de l’énergie rejetée dans l’évacuation d’air. « En période de production, cette zone est exothermique, précise Carl Gauthier, de sorte que l’énergie y est récupérée pour chauffer les locaux de bureaux. »

Bien d’autres mesures contribuent à la performance relevée du nouveau siège social d’Eddyfi, tant sur les plans électromécanique qu’architectural que sur celui de l’aménagement extérieur. Une intégration globale de solutions durables, donc, qui fait que cette réalisation se positionne aujourd’hui pour l’obtention d’une certification LEED v4 de niveau Certifié.

Équipe du projet

Client : Eddyfi Technologies

Architecture et consultation LEED :  : Coarchitecture

Génie électromécanique : LGT

Génie structural et civil : Géniplus

Construction :  : Ronam Constructions

Fourniture de la structure de bois lamellé-croisé :  : Art Massif

 

En chiffres
  • 600 Réduction de la teneur en carbone des matériaux en tonnes d’éq. CO2, comparativement au bâtiment de référence (2 500 tonnes d’éq. CO2), selon une analyse de cycle de vie
  • 22 % Réduction de la consommation énergétique du bâtiment par rapport à la référence de l’ASHRAE 90.1-2010
  • 35 % Réduction de la consommation d’eau potable par rapport à un bâtiment standard
  • 85 % Proportion des déchets de construction détournés de l’enfouissement après avoir été triés in situ
  • 250 Volume de bois en m³ intégré au design du bâtiment (structure, pontage et lambris composant en partie le revêtement extérieur)

 

Mesures durables
  • Luminosité naturelle optimisée dans les espaces régulièrement occupés
  • Vues de qualité sur l’extérieur
  • Intégration d’une structure en bois lamellé et d’un pontage en bois dans l’atrium central et au niveau des aires de bureaux à l’étage
  • Matériaux à faibles émissions de COV
  • Sélection de matériaux permettant de réduire l’empreinte carbone du bâtiment
  • Appareil de plomberie à faible consommation d’eau
  • Toiture blanche et toiture végétalisée
  • Réduction de la pollution lumineuse
  • Aménagement extérieur intégrant des espaces verts et des aires de détente accessibles aux occupants du bâtiment
  • Gestion des eaux pluviales au moyen de stratégies de biorétention
  • Aménagement paysager sans irrigation
  • Stationnements pour vélos et douches pour les cyclistes
  • Et autres

 

Stratégies éconergétiques
  • Enveloppe de bâtiment performante (ex. : résistance thermique de R-50 pour la toiture)
  • Fenestration à vitrage triple sur toutes les façades et sélection des pellicules de verre en fonction des orientations
  • Volumétrie en porte-à-faux procurant une occultation solaire au niveau du rez-de-chaussée
  • Double peau en aluminium perforé enrobant le volume du deuxième niveau pour limiter les gains solaires
  • Refroidissement et chauffage du bâtiment au moyen de thermopompes refroidies à l’air, lesquelles permettent également de récupérer les gains internes pour chauffer l’enveloppe
  • Installation de systèmes dédiés d’air neuf avec des accumulateurs à cassettes (90 % d’efficacité)
  • Chaudières à condensation pour le chauffage de planchers radiant aux endroits abondamment fenêtrés
  • Éclairage aux DEL certifiés DLC et DLC Premium
  • Contrôle d’éclairage avec sondes de luminosité et détecteurs de mouvement
  • Et autres

Source : LGT

 

Analyse de cycle de vie

Le nouveau siège social d’Eddyfi Technologies a été l’un des premiers projets au Québec à faire l’objet d’une analyse de cycle de vie (ACV) à l’échelle d’un bâtiment dans la foulée d’une démarche d’une certification LEED v4. Menée par Groupe AGÉCO entre le printemps et l’automne 2018, cette ACV visait l’obtention du crédit Réduction de l’impact du cycle de vie du bâtiment et des trois points associés à sa réalisation, de même qu’un point additionnel en priorité régionale.

« Pour récolter ces points, il faut démontrer une amélioration de 10 % par rapport aux impacts que générerait un bâtiment conventionnel comparable, dans trois des six indicateurs pris en compte par l’ACV », indique l’architecte William Leblanc, responsable des certifications chez Coarchitecture.

Et au final, force est de reconnaître que le bâtiment d’Eddyfi fait belle figure au jeu des comparaisons puisqu’il montre une amélioration par rapport à tous les indicateurs environnementaux – reconnus par les scientifiques – pertinents du secteur, dont le potentiel de réchauffement climatique et l’utilisation de ressource non-renouvelable.

« La teneur en carbone des matériaux en tonnes d’éq. CO2 s’établit à 1 900, précise William Leblanc, alors que celle du bâtiment de référence sur lequel s’est basée l’ACV s’élève à 2 500 tonnes d’éq. CO2. »