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10 septembre 2013
Par Marie-Ève Sirois*

Une réalisation écologique issue de la transformation d’un bâtiment industriel désaffecté de Westmount : l’ensemble Selby condos, lofts, villas.

Selby, c’est le nom d’une rue desservant un terrain industriel de la métropole, où, en 1926, l’homme d’affaires Westmountais Charles E. Frosst (1867-1948) fait construire un laboratoire pharmaceutique de la compagnie maintenant connue sous le nom Merck-Frosst. En 1969, le laboratoire est délocalisé dans la foulée d’une expansion et le collège Dawson acquiert le bâtiment. Le Selby Campus y accueille des étudiants jusqu’en 1999, année où le collège rassemble ses 17 campus en un seul lieu, rue Sherbrooke. 

Dès lors, le promoteur et ingénieur en mécanique Roland Hakim convoite l’ancien laboratoire pour le transformer en un ensemble de copropriétés et il décide d’en faire l’acquisition au début des années 2000. Il explique : « L’emplacement et la qualité architecturale nous ont attirés. Une construction industrielle avec des plafonds hauts (9 à 13 pieds) et une fenestration abondante, ça plaît à la clientèle résidentielle. » 

La conception du projet débutera à l’été 2010 et les travaux de construction, deux ans plus tard. La première unité d’habitation sera livrée en décembre 2013. Le nouvel ensemble comptera entre 160 et 180 unités, selon la superficie des unités demandées par les acheteurs. « Mes clients ont la possibilité de personnaliser leurs condos, voire même de relier certains d’entre eux pour en faire des maisons bigénération », précise Roland Hakim. 

Le bâtiment, qui s’élevait à l’origine sur trois étages, sera surmonté de trois autres paliers pour offrir une superficie totale d’environ 23 000 mètres carrés. La nouvelle structure est constituée d’une ossature d’acier avec des dalles de béton précontraintes et préfabriquées, dont l’épaisseur varie entre 20 et 30 centimètres. 

Le promoteur explique d’où vient son intérêt pour la récupération de bâtiments existants : « Auparavant, nous avons réalisé l’immeuble à bureau situé au 930, rue Wellington à Montréal. Nous avons l’expertise combinée du génie et de l’immobilier, ce qui permet de relever de multiples défis techniques et de gagner en efficacité. Nous avons un seul objectif en tête, mener le projet à terme. » 

Roland Hakim, pour qui le Selby est en voie de profiler comme un véritable bâtiment durable, envisage l’obtention d’une certification LEED pour son projet. Pour ce faire, il mise sur les multiples attributs de son site urbain bien localisé et la réutilisation d’un bâtiment existant. Sans compter qu’il a misé gros sur l’efficacité énergétique. 

À cet effet, l’ingénieur croit que la géothermie est la première mesure à implanter dans un tel projet. « Nous avons 24 puits de 200 mètres de profond, souligne-t-il, couplés à une ou deux thermopompes pour chacune des unités, selon la superficie. J’investis dans ces installations parce que je sais qu’elles donneront de la valeur à mes copropriétés, compte tenu du faible coût énergétique associé. » 

Les unités sont donc climatisées au moyen du même système, le chauffage d’appoint étant assuré par les serpentins électriques du système de ventilation et des plinthes électriques murales. « Pour la climatisation, souligne Roland Hakim, la géothermie sert de réservoir thermique qui permet de retarder le refroidissement naturel de quelques heures pour le faire la nuit là où la température extérieure est plus fraîche donc à une température bien plus efficace. » 

Pour minimiser les pertes de chaleur par l’enveloppe, la fenestration abondante – 50 à 60 % de la superficie des murs extérieurs – est composée de vitrages triples munis d’une pellicule à faible émissivité. Côté ventilation la stratégie de conservation de la chaleur se poursuit : les gaines d’évacuations des cuisines, toilettes et sécheuses sont centralisées pour que l’air vicié des unités soit évacué via trois récupérateurs de chaleur à membranes, ce qui permet de préchauffer l’air frais du système de ventilation en saison froide. 

Au chapitre de l’innovation, c’est le stationnement automatisé fabriqué par Kawasaki qui vole la vedette. « Nous sommes les premiers à oser investir dans ce genre de stationnement automatisé, sans circulation automobile, expose Roland Hakim. Comme les véhicules n’y circulent pas, il y a moins de CO2, donc moins de ventilation et, par le fait même, moins de chauffage. Les voitures sont rangées dans une case souterraine mobile, propre au propriétaire de l’espace de stationnement, qui monte et descend, selon les besoins de l’utilisateur. » Le stationnement est situé sous la piscine creusée et fonctionne avec une carte d’accès. 

Le choix des matériaux est, pour la majeure partie, personnalisable, mais le promoteur mentionne au passage que le bois d’ingénierie et le bambou sont utilisés pour les planchers. Ce dont il est le plus fier, conclut-il, « c’est d’être compétitif tout en offrant un produit vert et durable. » 


* Marie-Ève Sirois est cofondatrice d’Écobâtiment.

Mesures durables
  • Les stations de métro Lionel-Groulx, Place Saint-Henri, Georges Vanier et Atwater sont accessibles à moins de 1,5 kilomètre de marche, de même que plusieurs lignes d’autobus.
  • Un poste de vélos en libre-service Bixi est situé à quelques mètres du bâtiment.
  • Trois pistes cyclables sont accessibles dans un rayon d’un kilomètre : Lionel-Groulx, Maisonneuve et Canal Lachine.
  • Plusieurs services de proximité sont offerts aux futurs résidents de Selby : espaces verts, écoles, garderies, épiceries, centres sportifs, bibliothèques, etc. De plus, le marché Atwater et le centre hospitaliser le CUSM (Centre universitaire de santé McGill) sont situés à environ 1,5 kilomètre du site.
  • Borne de recharge pour les véhicules électriques.
  • Précâblage pour la télévision, le téléphone et l’Internet, ce qui permet de réduire les interventions sur l’enveloppe du bâtiment.
  • Stationnements intérieurs automatisés, sans circulation automobile.
  • Vaste fenestration pour maximiser l’apport de lumière naturelle, pour toutes les pièces sauf les salles de bain, buanderies et locaux de service. Les quelques 500 baies vitrées mesurent entre 4 et 9 mètres carrés.
  • Du bâtiment de 1926, la structure de béton et le parement extérieur (briques et maçonnerie architecturale en pierre) ont été restaurés et conservés.
  • Dalles de béton avec membrane acoustique pour maximiser l’insonorisation.
  • Matériaux sans composés organiques volatils : peintures, vernis, isolants, caissons et portes d’armoires.
  • Appareils de plomberie à faible débit.
  • Stationnement sécurisé pour 80 vélos.
  • Toiture blanche à membrane thermoplastique (TPO).
  • Pour minimiser les surfaces imperméables du site, le stationnement souterrain sera recouvert de jardins et d’espaces verts.
  • Matériau rapidement renouvelable : plancher de bambou.

 

Technologies énergétiques
  • Système central de chauffage et de climatisation géothermique, avec thermopompes (0,5 à 4 tonnes) pour chacune des unités d’habitation. La géothermie comble deux tiers des besoins en chauffage.
  • Récupération de chaleur sur l’air vicié des cuisines, salles de bain et sécheuses à l’aide de trois récupérateurs de chaleur enthalpique à membranes (Dupont) dont l’efficacité optimale est de 75%.
  • Toutes les fenêtres du bâtiment sont neuves et possèdent un triple vitrage (low-e), dont l’épaisseur des panneaux de verre varie pour augmenter la performance d’insonorisation.
  • Utilisation d’appareils d’éclairage à diodes électroluminescentes.

 

Équipe du projet
  • Promoteur : SelbyCampus
  • Construction : Hakim Construction
  • Architecture : Groupe ANA (Anis Nazar Architecte)
  • Génie électromécanique : MESPEC
  • Génie structural et civil : BTA Consultants
  • Architecture de paysage : Céline Paradis Architecte paysagiste