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L’édifice d’ABCP à Québec

12 mars 2010
Par Rénald Fortier

L’aménagement écologique des bureaux de l’agence d’architecture et d’urbanisme ABCP, à Québec, a amené ses concepteurs à faire des choix responsables.

Les bureaux d’ABCP à Québec, qui ont désormais pignon sur rue dans le quartier Saint-Sauveur, sont le fruit du recyclage d’un bâtiment désaffecté qui abritait anciennement une banque. L’opération, menée en 2006, aura été guidée de bout en bout par le souci de cette agence d’architecture et d’urbanisme de s’intégrer harmonieusement dans son nouvel environnement et de réaliser son aménagement dans une perspective de développement durable.
 
« Nous avons décidé d’acquérir cet immeuble dans Saint-Sauveur parce qu’après avoir participé à la revitalisation du quartier Saint-Roch, où nous étions installés en location depuis 2002, nous voulions également contribuer activement à la requalification de ce secteur voisin laissé pour compte au cours des dernières années », indique Bernard Serge Gagné, associé d’ABCP à Québec.

Il faut dire que lui et l’autre associé québécois, François Moreau, ont aussi été vite séduits par les possibilités d’aménagement et de rayonnement que leur offrait l’édifice situé au croisement du boulevard Langelier et de la rue Saint-Joseph. Datant du début des années 60, et inoccupé depuis le départ de l’Armée du Salut en 2005, il répondait à la fois à leurs besoins d’occupation et à leur volonté de s’ouvrir sur le quartier.

« Cet édifice se voulait pour nous une fenêtre ouverte sur le quartier, aux sens propre et figuré, en raison de sa fenestration abondante sur les façades nord et est, observe l’architecte. Et il nous offrait une souplesse d’aménagement extraordinaire puisque c’était alors une grande boîte vide exempte de séparations et de colonnes. »

Pour aménager cet espace, ABCP a privilégié une intervention minimaliste. C’est ainsi qu’elle a valorisé l’utilisation de l’acier pour sa légèreté, tant visuelle que réelle. Plus particulièrement en laissant des poutres d’acier dénudées au plafond, de même qu’en installant un mur d’acier roux autoportant dans le hall d’entrée et une mezzanine à structure d’acier.

L’idée derrière la mise en place de cette mezzanine, soulignons-le, était d’introduire en quelque sorte un gros jeu de mécano dans le bâtiment et de réussir à y morceler l’espace. Ou du moins à le subdiviser sans perdre l’effet de grandeur que présentaient les lieux au moment où le bureau d’architecture et d’urbanisme québécois en a pris possession. Comme quoi l’intervention fut réussie, elle a valu au chargé du projet chez ABCP, Dany Blackburn, d’être primé par l’ICCA-Québec l’an dernier.

 

Choisir les bonnes solutions

Si les interventions d’ABCP sont demeurées somme toute minimalistes et peu coûteuses, les considérations environnementales n’ont pas été en reste. Il faut dire qu’en choisissant de recycler un bâtiment désaffecté et de contribuer à la revitalisation d’un quartier qui en a bien besoin, ABCP était déjà bien lancée. Et elle a poursuivi dans cette veine tout au long du processus menant à l’aménagement de ses nouveaux locaux.

« Nous avons misé sur la préservation des ressources, le recyclage et l’utilisation de matériaux durable et, surtout, sur le confort et le mieux-être des usagers », fait remarquer Bernard Serge Gagné, en soulignant que tout le bâtiment profite largement de l’éclairage naturel. Ceci inclut le sous-sol, où la clarté provenant de l’abondante fenestration filtre par un plancher de verre au rez-de-chaussée.

Parmi les autres éléments s’inscrivant en faveur du développement durable figurent notamment l’emploi d’acier comportant un contenu recyclé (environ 27 %), de matériaux à faible émissivité de composés organiques volatils ainsi que d’appareils sanitaires à faible consommation d’eau ; le recours la ventilation naturelle ; le contrôle de l’éclairage ; et l’installation d’une douche pour favoriser l’utilisation de la bicyclette par le personnel.

ABCP envisageait au départ l’obtention de la certification LEED, niveau certifié, pour son édifice. Mais elle a finalement décidé de ne pas l’inscrire comme candidat à cette reconnaissance environnementale auprès du Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa). Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle a fait des choix ayant pour effet de la disqualifier d’entrée de jeu.

Dany Blackburn explique : « Selon les recommandations d’un ingénieur en électromécanique, il ne tombait pas sous le sens de remplacer les systèmes de chauffage et de ventilation parce qu’ils étaient encore en bon état de fonctionnement et relativement performants. En décidant de les conserver, nous ne pouvions cependant satisfaire l’un des préalables à l’obtention de LEED, soit celui portant sur la performance énergétique du bâtiment.

« Ce fut la même chose pour la toiture, ajoute ce professionnel agréé LEED. Nous avons choisi de conserver la membrane élastomère en place, plutôt que de l’envoyer aux rebuts, parce qu’elle présentait encore une vie utile de plus de 10 ans. Lorsque le temps sera venu, elle sera remplacée par une membrane blanche. »

Le chargé de projet, qui a notamment travaillé de concert avec Alain Bergeron, architecte associé d’ABCP à Montréal et lui aussi agréé LEED, signale que malgré ces choix, l’édifice du boulevard Langelier aurait tout de même recueilli un bon pointage s’il avait été soumis à l’évaluation du CBDCa. Et que son inauguration officielle, au début de l’été dernier, n’a pas marqué la fin des interventions à caractère environnemental.