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La certification WELL du Centre TD

7 décembre 2016
Par Marie-Ève Sirois

Regard sur une première mondiale : la certification WELL, version 1.0, du 23e plancher de la tour de la Banque TD à Toronto.

La Banque TD s’est lancée dans le vide en faisant le pari qu’investir dans le bien-être des travailleurs en valait la chandelle, et pas simplement sur papier. À l’évidence avec succès puisque le 23e étage de sa tour de bureaux du Centre Toronto Dominion arbore désormais le sceau WELL, version 1.0. Le projet était modeste, mais il n’en demeure pas moins qu’il se pose aujourd’hui comme un exemple à suivre.

WELL vulgarise le confort et fait la promotion de la santé des usagers, tout comme l’International Living Future Institute l’a fait avec le Living Building Challenge au cours de la dernière décennie. Or, voilà que ce complément à LEED est maintenant accessible par l’entremise de la famille des programmes du Conseil du bâtiment durable du Canada, ce qui constitue un grand pas vers la conquête des marchés de masse pour cette approche moderne et centrée sur l’humain.

Ainsi, à l’automne 2014 démarrait l’aventure WELL au sein de l’équipe de Banque TD, dans le cadre d’un projet portant sur la rénovation d’une cinquantaine d’étages de l’une des tours du Centre TD de Cadillac Fairview. Dix-huit mois plus tard, soit en mai 2016, la première certification WELL version 1.0, niveau Or, était officiellement délivrée pour les quelque 2 320 mètres carrés du 23e étage.

Martha McInnis, directrice de la conception à la Banque TD, précise : « Nous sommes effectivement les premiers à avoir décroché la certification WELL. Certains projets pilotes l’ont obtenue avant nous, mais nous détenons la première mondiale pour la version 1.0. » La candidature a été évaluée sur une série de critères divisés en sept catégories : l’air, l’eau, la nutrition, la lumière, la forme physique, le confort et l’état d’esprit.

Et pourquoi l’institution financière a-t-elle décidé de briguer la certification WELL ? « Nous avons fait la promesse d’innover avec nos six tours certifiées LEED, répond-elle, et la démarche se poursuit. »

Il faut dire que l’exploitant Cadillac Fairview est aussi fortement engagé dans l’optimisation de la durabilité du Centre TD, plusieurs stratégies ayant été développées en ce sens. Et un comité dit « vert » voit à porter des initiatives en lien avec le développement durable sur les changements de comportement et l’éducation des usagers sur les éléments qui impactent les bilans de performance au niveau des déchets, de la consommation énergétique, de la qualité de l’air et de la santé des occupants.

Plusieurs de ces concepts sont mesurés au moyen d’indicateurs, ce qui permet de faire place à l’amélioration continue des processus. Le Centre TD dispose également d’un tableau de bord en ligne, le « portail vert », qui permet de visualiser certains indicateurs de performance du bâtiment et de ses occupants en temps réel.

Écologisation en continu

Le Centre TD, composé de six tours, est certifié LEED BE : E&E Platine depuis 2015. Maintenant que l’expertise LEED est bien maîtrisée par l’équipe de la Banque, Martha McInnis se prononce sur ses prochains objectifs : « Nos espaces seront toujours conçus et aménagés selon les critères LEED de niveau Or, minimalement. Cependant, comme la procédure a déjà été effectuée quelques fois, nous ne briguerons pas la certification de manière systématique. Nous allons toutefois continuer à nous prêter à l’exercice de certification WELL, compte tenu de l’impact positif qu’il a sur nos occupants. »

À son avis, son groupe de travail est encore à la phase d’ajustement et de compréhension des critères vis-à-vis du programme WELL. « Nous avons exigé de l’International Well Building Institute (IWBC) plusieurs clarifications puisque la version du système était encore imprécise à certains égards, mentionne-t-elle. » Elle estime toutefois que la prochaine fois sera moins laborieuse compte tenu de l’expérience acquise.

Martha McInnis ne voit pas le système WELL bien différent de LEED. « Il n’y a pas de chevauchement, dit-elle. La première est un complément de l’autre, tout simplement. Pour obtenir le sceau officiel, il faut documenter, bien comprendre les critères de performance et garder le cap sur l’excellence tout au long du projet. »

Selon Martha McInnis, pour obtenir la certification WELL, il est primordial que tous les membres de l’équipe s’approprient les objectifs et mettent l’épaule à la roue dès les balbutiements du projet. Tous, sans exception, doivent se prêter à l’exercice pour que le succès soit atteint. Et ce qui est le plus bénéfique à son avis dans une telle démarche, ce sont les solutions alternatives, souvent moins dispendieuses, qui peuvent émaner de cette approche collaborative.

Pour parvenir à ses fins, Banque TD a créé un groupe de travail interne qui avait pour mission de trouver des moyens de rendre l’expérience quotidienne exceptionnelle pour les occupants du 23e étage. Ce matériel allait éventuellement être documenté, intégré au concept WELL et à l’environnement de travail. L’engouement a été tel que d’autres étages se sont laissé influencer par les initiatives émanant du 23e.

Retombées élargies

Mieux encore, afin de répondre aux critères de qualité de l’eau potable, un système de filtration additionnel au charbon a été installé à l’entrée d’eau du bâtiment. Cette filtration ajoutée bénéficie donc désormais à tous les occupants de la tour. L’approche est similaire pour la qualité de l’air, où la filtration des particules de l’air extérieur exigée par WELL nécessite des filtres de type MERV 13, au minimum.

En ce qui concerne les investissements que requiert une telle certification, Martha McInnis indique que « les coûts additionnels sont estimés à 2 % sur la facture des aménagements intérieurs. Par contre, dans un bâtiment de base de qualité exceptionnelle, cette tranche d’investissement peut devenir négligeable. Au niveau des coûts accessoires, j’estime qu’ils sont rehaussés de 5 à 7 % ».

Elle souligne que son plus grand défi ne se situait pas sur les plans financier ou technique, mais plutôt sur celui de la démonstration des bénéfices économiques. Certains effets sur le bien-être et la santé sont difficiles à mesurer. Cependant, les sondages devraient continuer à nous aider à monter l’argumentaire pour investir davantage dans ces aménagements nouveaux genres, ces processus voués au bien-être du travailleur.

WELL en bref

Le système de certification WELL a été développé par la firme new-yorkaise Delos. Après sept années de travail auprès de chercheurs, de médecins et de professionnels, la version 1.0 est née en 2014. Celle-ci est basée sur une centaine de critères de performances, pour lesquels certains sont mesurés annuellement.

Chacun de ces critères cible des problèmes liés à la santé, au confort ou encore à l’éducation des occupants. Plusieurs éléments du système sont supportés par des normes et bonnes pratiques alors que d’autres sont plutôt basés sur des changements de comportement bénéfiques pour la santé.

Applicable pour les bâtiments neufs et existants sur une période de trois ans, WELL allie les meilleures pratiques en design d’intérieur, tout en considérant l’impact positif sur la santé que peut avoir l’environnement bâti. Les critères sont basés sur les sept catégories suivantes : air, eau, nutrition, lumière, forme physique, confort et état d’esprit.

 

Équipe du projet

Client : Banque Toronto-Dominion

Propriétaire : Cadillac Fairview

Représentant du propriétaire : Jones Lang LaSalle

Gestionnaire de projet : Brookfield GIS

Génie électromécanique : HH Angus

Architecture : HOK

Consultant en santé et bien-être : Delos

Construction : Claybar 

 

Les bénéfices déchiffrés

Les personnes bénéficiant d’un lieu de travail certifié WELL expriment ainsi leur satisfaction :

  • 83 % des travailleurs se sentent plus productifs.
  • 100 % d’entre eux sont intéressés par cette nouvelle façon de définir le lieu de travail.
  • 92 % admettent que ce nouvel espace a eu un effet positif sur leur santé et leur bien-être.
  • 94 % ont affirmé que ce nouvel espace a un effet positif sur les performances d’affaires.
  • 93 % des personnes sondées croient que ce nouvel environnement est propice à de meilleures collaborations au travail.

 

Exemples de critères d’évaluation

Air : taux de COV ; gestion des polluants pendant la construction ; protocole de nettoyage ; contrôle de l’humidité ; fenêtres ouvrantes ; gestion des pesticides ; purification de l’air…

Eau : tests périodiques de la qualité de l’eau ; traitement et filtration de l’eau…

Nutrition : disponibilité de fruits et légumes ; considération des allergies alimentaires ; protocole de lavage des mains ; mesures de prévention de la contamination de la nourriture…

Lumière : conception circadienne de la lumière ; contrôle de l’aveuglement ; qualité des couleurs ; contrôles automatisés de l’intensité lumineuse ; modélisation de l’apport de luminosité naturelle…

Forme physique : circulation propice à l’exercice ; espaces pour l’activité physique ; support au transport actif ; disponibilité d’équipements d’exercice…

Confort : ergonomie visuelle et physique ; contrôle du son ; confort thermique ; contrôles thermiques individuels…

État d’esprit : mesures de sensibilisation à la santé et au bien-être ; sondage des occupants ; esthétique ; espaces adaptatifs…