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Le bâtiment du Centre de géomatique du Québec

27 janvier 2012
Par Paul Dupas*

Zoom sur une réalisation en attente de la certification LEED-NC, niveau Argent, à Saguenay : le bâtiment du Centre de géomatique du Québec.

La construction des nouvelles installations locatives du Centre de géomatique du Québec (CGQ) est le fruit d’un partenariat entre le Cégep de Chicoutimi, le propriétaire des lieux, et le CGQ. Dès le départ, le projet visait à réaliser un bâtiment qui soit à la fois économe en énergie, architecturalement distinctif, adapté au site et frappé du sceau LEEB-NC, niveau Argent. Le processus menant à l’obtention de cette certification, qui serait une première du genre au Saguenay-Lac-Saint-Jean, est actuellement en cours.

Le nouvel édifice de 780 mètres carrés, répartis sur un étage et demi, loge des bureaux, des laboratoires et une salle de conférences. Il a requis un investissement de 2,5 millions de dollars, soutenu par le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation et par Hydro-Québec.

Le Cégep de Chicoutimi a décidé de s’appuyer sur une équipe chargée de le seconder dans son rôle de chef de projet, dès le démarrage de l’opération, fin 2009. C’est à la firme d’ingénierie spécialisée en efficacité énergétique Ambioner qu’est revenue cette responsabilité, en plus de la coordination LEED et de la mise en service. Le client a pris une part prépondérante dans le projet et a affirmé ses choix avec conviction.

« Un client convaincu par LEED et par la construction durable permet l’accélération des processus de décision et de validation des choix », note Miguel Sousa, président et cofondateur d’Ambioner. Lors de l’appel de candidatures de l’architecte et des ingénieurs, mais aussi celui de l’entrepreneur, la certification LEED était inscrite dans les gènes du projet et intégrée aux cahiers de charges.

Ensuite, le coordonnateur LEED a réuni l’ensemble de l’équipe constituée au début du projet. Ils ont alors décidé quels crédits seraient visés. C’est l’une des clefs de la réussite du projet avec la conception intégrée. En effet, une fois les intervenants désignés et les objectifs connus, chacun doit relever ses défis. La conception intégrée permet de rechercher des solutions globales.

« Chaque semaine, nous nous réunissions pour tenter de répondre aux problématiques de chacun dès le début de la conception. Avec les exigences du client, la conception architecturale, les données techniques des ingénieurs et la certification LEED, les difficultés étaient nombreuses. La conception intégrée nous a permis de passer outre les obstacles », explique Gaston Boulay, chargé du projet au sein de la firme Les Architectes Associés.

L’esthétique du projet résulte autant des choix de l’architecte que des crédits LEED visés. « Le client voulait que le bâtiment soit reconnaissable », signale Gaston Boulay. C’est ainsi qu’au contraire des bâtiments voisins construits en béton et présentant des façades sinusoïdales, le bâtiment du CGQ est en bois et de forme compacte.

Pour concilier LEED et l’architecture de l'édifice, une structure en lamellé-collé, une ossature légère en bois et un parement extérieur en bois torréfié ont été mis en œuvre, le tout labélisé FSC à hauteur de 60 %. La provenance locale des matériaux a également été priorisée avec 60 % des matériaux produits dans un rayon de moins de 800 kilomètres et 58 % des ressources extraites à proximité.

« L’intégration dans le site était également une nécessité, autant du point de vue de LEED que de celui du client », indique Gaston Boulay. Le site était auparavant un boisé avec un fort dévers. Une partie a été préservée et la construction présente peu de surface imperméable avec notamment des toitures blanches. De plus, la construction épouse la pente naturelle du sol afin de limiter les remblais.

La forme triangulaire, un étage complet au rez-de-chaussée et un demi-étage pour le niveau inférieur, a permis une répartition intelligente des locaux : « Lors de la conception, nous avons demandé à mettre les salles mécaniques dans le demi-niveau bas, orienté plein nord. Les bureaux ont été positionnés à l’étage, côté sud, afin de garder l’apport solaire », dit Miguel Sousa. Ces derniers profitent donc d’un bon ensoleillement avec de larges ouvertures sur l’extérieur, ce qui réduit les besoins en éclairage et maximise l’apport solaire passif.

Mais c’est avant tout le système de chauffage par géothermie qui permet de réaliser des économies d’énergie. Quatre puits géothermiques ont été creusés à 150 mètres de profondeur et disposés en parallèle. Le fluide caloporteur est un mélange glycol propylène. Ce système assure 70 % de la capacité de pointe en chauffage et permet la climatisation lors de fortes chaleurs.

La géothermie fonctionne avec un système à air soufflé. Ce dernier assure une distribution douce de la chaleur se faisant avec le renouvellement d’air. De plus, pour éviter trop de perte calorifique une quantité ajustable de l’air extrait est réinjectée dans l’air neuf. Ce dernier aura été préchauffé auparavant par l’air rejeté. En cas de grand froid, la relève est assurée par un serpentin électrique disposé dans le circuit de ventilation. Ce système est économe en énergie, minimise les pertes de chaleur et respecte la norme ASHRAE 62.1.

Au final, l’édifice consomme 37 % moins d’énergie que la référence du Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments. Ce résultat est le fruit du travail concerté du coordonnateur LEED, de l’architecte et des ingénieurs.

Enfin, le client cherchait à maîtriser son budget. La conception intégrée a permis de respecter l’enveloppe budgétaire, tout en incluant une nouveauté : une partie des eaux de pluie est récupérée dans un réservoir de 500 litres. Cette eau alimente un des deux sanitaires et le robinet du service d’entretien. En période plus sèche, l’alimentation bascule sur l’adduction d’eau potable. Un dispositif antirefoulement couplé à un clapet antiretour permet ce basculement sans risque de contamination.

La concertation permanente de tous ces acteurs et l’intégration de LEED dès le début du projet ont permis d’atteindre d’autres objectifs. C’est ainsi qu’un plan de recyclage des déchets a été mis en place. Il a permis de détourner 76 % des déchets des sites d’enfouissement, soit 26 tonnes.

« Lors de chacun des projets que j’ai menés, j’ai avancé dans la connaissance de mon métier. Ce projet m’a permis de franchir beaucoup de marches d’un coup et va changer ma pratique », conclut Gaston Boulay.

L’auteur est chargé de projets à Écobâtiment

En chiffres
  • 37 % : réduction de la consommation d’énergie par rapport à la référence du CMNÉB 
  • 76 % : détournement des déchets de construction de l’enfouissement 
  • 60 % : utilisation de matériaux produits localement 
  • 58 % : utilisation de matériaux d’extraction locale 
  • 22 % : utilisation de matériaux recyclés 
  • 60 % : utilisation de bois labélisé FSC 
  • 42 % : réduction de la consommation d’eau potable par rapport aux bâtiments de référence 

 

Mesures durables
  • Mise en place d’une toiture verte pour minimiser l’impact de l’édifice sur le site
  • Intégration du bâtiment au site et préservation de son aspect naturel
  • Chauffage par géothermie couplé à un système d’air soufflé assurant 70 % de la capacité de pointe
  • Luminosité naturelle dans les espaces de bureaux
  • Collecte d’une partie des eaux de pluie et réutilisation dans le bâtiment
  • Récupérateur de chaleur et préchauffage de l’air neuf
  • Contrôle de la qualité de l’air soumis à la norme ASHRAE 62.1
  • Matériaux à faible émission de COV

 

Équipe du projet

Client : Cégep de Chicoutimi

Locataire : Centre de géomatique du Québec

Architecture : Les Architectes Associés

Génie électromécanique, structural et civil : Cégertec

Coordination LEED, mise en service et accompagnement énergétique : Ambioner