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Le nouveau siège social de La Capitale

2 juin 2011
Par Rénald Fortier

Un projet vert foncé au design avant-gardiste : l’agrandissement du siège social de La Capitale groupe financier, à Québec.

Automne 2009. La Capitale groupe financier donne le coup d’envoi d’un chantier visant à quadrupler la superficie de son siège social actuel, sis au 625 de la rue Saint-Amable, à Québec : un agrandissement qui se traduit depuis par la construction d’un immeuble de bureaux de 225 000 pieds carrés sur le terrain attenant, côté est, à l’angle de la rue d’Artigny. Le parachèvement est fixé pour le printemps 2012, au terme d’un investissement de 82 millions de dollars – projet global de 100 millions en incluant la réfection de l’édifice existant et les aménagements intérieurs. 

Cet agrandissement vise principalement à réunir en un même lieu – le nouvel édifice et le siège social existant s’ouvriront l’un sur l’autre –  les quelque 1 300 employés du groupe financier dispersés en quatre endroits dans la région. « La Capitale pourra ainsi réaliser des gains de synergie appréciables, tout en renforçant sa présence sur la colline Parlementaire », souligne Juliano Faleschini, directeur principal – Gestion immobilière et financement de La Capitale immobilière MFQ, filiale chargée de la maîtrise d’œuvre du projet. 

Une présence renforcée, certes, mais pas n’importe comment. Le nouvel immeuble s’intégrera harmonieusement dans son milieu historique, bien qu’il se démarquera par son architecture originale : sa partie centrale massive pourvue d’un mur-rideau en dalles de pierre de Saint-Marc – la même qui habille les bâtiments historiques du secteur, dont le Parlement – s’insérera entre un rez-de-chaussée largement fenestré et les trois étages supérieurs entièrement transparents avec leurs murs de verre évoquant la forme de cristaux.  

Alain Tousignant, architecte chargé de projet du consortium Lemay / Hudon Julien Associés (en collaboration avec Dan Hanganu), souligne que le concept du bâtiment intègre des éléments forts de la trame urbaine de la colline Parlementaire, mais de façon contemporaine. C’est ainsi, pour ne citer que cet exemple avant-gardiste, que les parties inclinées et droites des étages en verre refléteront la forme des toitures mansardées présentes dans le secteur. 

C’est sans compter que l’édifice sera ainsi beaucoup plus fluide. « La réglementation nous limitait à sept étages, note Juliano Faleschini. L’utilisation du verre pour constituer la partie haute, et ainsi amener de la transparence dans le projet, était l’une des seules façons nous permettant d’obtenir le changement de zonage requis. Nous n’aurions pas pu y élever un bâtiment en pierre sur 10 étages. » 

Si la conception a été guidée par le souci d’inscrire harmonieusement l’édifice dans son milieu, la volonté de La Capitale de minimiser les impacts environnementaux de son projet n’est pas demeurée en reste, loin de là même. Comme en fait foi la démarche dans laquelle l’entreprise s’est engagée pour y apposer le sceau LEED-NC, niveau Or. 

Il faut dire que La Capitale sait très bien de quoi il retourne. Déjà en 2007, elle avait entrepris d’aligner la construction du Delta-3, un immeuble de bureaux locatifs situé dans l’arrondissement Sainte-Foy, sur le système d’évaluation LEED-CS (Core and Shell). En décembre dernier, elle pouvait enfin récolter le fruit de ses efforts alors que le Conseil du bâtiment durable du Canada délivrait la certification de niveau Or à cet édifice de 270 000 pieds carrés inauguré en 2009. 

Déjà rompue aux exigences de LEED, La Capitale n’a encore une fois pas lésiné pour que l’agrandissement de son siège social puisse graviter dans les hautes sphères du bâtiment durable, particulièrement sur le plan éconergétique. De savoir que la consommation d’énergie du nouvel édifice sera réduite d’environ 40 %, comparativement à un bâtiment similaire conforme aux codes et normes en vigueur, permet rapidement d’en prendre la mesure.

Stratégies éconergétiques

L’efficacité énergétique du nouveau siège social reposera en grande partie sur la récupération de la chaleur, au premier chef  celle rejetée par une imposante salle des serveurs. C’est ainsi que cette dernière sera équipée de la technologie In row cooling, qui fera en sorte que de l’eau refroidie circulera au travers des étagères des serveurs pour y capter l’énergie et la diriger vers un refroidisseur haute température affichant une capacité nominale de 560 kW. 

Selon Simon Lacasse, directeur de projets – Électromécanique chez BPR, la récupération de chaleur du refroidisseur fournira en moyenne 86 % de la capacité de chauffage de l’édifice. C’est donc dire que les deux chaudières haute efficacité (97 %) au gaz naturel ne seront sollicitées que durant les périodes de grand froid. 

Yvon Samuel, directeur – Gestion des immeubles à La Capitale immobilière MFQ, explique : « En hiver, l’ensemble des systèmes de récupération permettra de chauffer l’air frais admis dans le bâtiment à 15ºC et de chauffer l’ensemble de l’immeuble à une température de 20 ºC. Et c’est aussi en grande partie avec de l’énergie récupérée de la salle des serveurs que l’on va générer l’énergie de chauffage nécessaire dans les serpentins de chauffage de ventilo-convecteurs, du chauffage radiant et du réchauffage terminal pour alimenter les pièces à 22 ou 23 ºC. » 

« La chaleur dégagée par le fonctionnement des serveurs est de l’énergie gratuite qu’on utilise intelligemment pour diminuer notre consommation énergétique et nos coûts d’exploitation », ajoute-t-il, en soulignant que la chaleur de l’air évacué du bâtiment sera également récupérée, au moyen d’un échangeur à cassette, pour préchauffer l’air frais. 

Yvon Samuel note qu’il y aura une redondance entre les sections (existante et nouvelle) du bâtiment. Comme les nouveaux équipements installés seront plus performants que ceux de l’édifice actuel, ils serviront aussi à alimenter ce dernier en périodes hivernale ou estivale. C’est seulement lors des périodes de forte demande que la mécanique du bâtiment existant prendra la relève. L’objectif est de faire fonctionner l’équipement éconergétique le plus longtemps possible et d’utiliser l’équipement dont l’exploitation coûte plus cher, seulement dans des cas extrêmes. 

Double peau

Hormis les autres solutions préconisées sur le plan électromécanique, une stratégie architecturale particulière contribuera elle aussi à l’efficacité énergétique du nouvel édifice : la double peau dont sera pourvue la partie haute vitrée. Brigitte Lapointe, architecte et directrice – Construction, aménagement et développement durable à La Capitale immobilière MFQ, expose le concept : « Au départ, les cristaux étaient ouverts sur les étages, d’une dalle à l’autre. C’était cependant très difficile à réaliser techniquement et aussi beaucoup plus énergivore. 

« On a donc gardé le concept de base, précise-t-elle, mais on est venu fermer au bout des dalles. Cette portion-là est devenue une double peau avec ventilation naturelle afin d’éviter l’effet de serre que généreraient les gains solaires sur les trois étages de verre. » 

Cette double peau créera une zone tampon, entre l’intérieur et l’extérieur des cristaux, pour assurer le confort des occupants des étages supérieurs. L’été, la chaleur sera évacuée de l’espace interstitiel avec de la ventilation naturelle et l’hiver, l’entre-murs demeurera tempéré et agira comme isolant naturel. 

Plusieurs autres stratégies seront appliquées par La Capitale pour se doter d’un nouveau bâtiment vert foncé : mise en place d’un toit vert (60 % de la surface totale de la toiture), rétention de l’eau de pluie avant son rejet à l’égout, utilisation d’appareils de plomberie à faible consommation d’eau ; recours à des matériaux à contenu recyclé et de provenance régionale ; emploi de finis à faible émission de COV… 

Brigitte Lapointe, qui était du projet du Delta-3, estime que La Capitale est allée très loin pour verdir l’agrandissement de son siège social. D’autant plus que ce projet est réalisé dans un environnement très sensible, ce qui exige notamment de déployer d’importants efforts pour atténuer les impacts du chantier sur le voisinage. 

« La direction de La Capitale a décidé d’investir dans un tel projet parce qu’elle est convaincue du bien-fondé de construire un édifice écologique, conclut-elle. L’obtention de la certification LEED est importante à ses yeux, et aux nôtres aussi, parce que ça vient confirmer qu’on a établi les bonnes stratégies, que l’on a réussi à passer étape par étape à travers un processus rigoureux et que c’est un tiers qui vient en attester en bout de ligne. »

Équipe de projet

Propriétaire La Capitale groupe financier
Maître d’œuvre La Capitale immobilière MFQ
Architecture Consortium Lemay / Hudon Julien Associés, en collaboration avec Dan Hanganu architectes Génie électromécanique BPR
Génie structural et civil Genivar Gérance de construction Verreault
Consultation LEED Martin Lavergne (Hudon Julien Associés)
Mise en service évoluée Thermeca

 

Trois cibles
  • Réduction de la consommation énergétique de l’ordre de 40 % par rapport au bâtiment de référence du Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments
  • Réduction de la consommation d’eau potable de plus de 40 % comparativement à un bâtiment similaire conventionnel
  • Détournement de 75 à 80 % des déchets de construction de l’enfouissement

 

Mesures durables
  • Équipements électromécaniques performants
  • Récupération de chaleur sur l’évacuation
  • Récupération de la chaleur de la salle des serveurs
  • Appareils de plomberie à faible consommation d’eau (toilettes, 4,8 litres ; urinoirs, 1,9 litre ; lavabos, 0,5 litre) et à détection de présence
  • Luminosité naturelle pour plus de 70 % des espaces intérieurs
  • Vue sur l’extérieur pour l’ensemble des espaces habitables
  • Matériaux d’extraction et de fabrication régionales (30 % environ)
  • Matériaux à contenu recyclé (20 %)
  • Bois certifié FSC
  • Bassins de rétention temporaires et remblais filtrant les rejets d’eaux boueuses du chantier
  • Bassin de rétention des eaux pluviales
  • Réduction des îlots de chaleur urbains au moyen d’un toit vert (55 % de la surface totale) et de portions de toitures granulées blanches
  • Qualité de l’air et de la mécanique supérieure aux normes ASHRAE applicables
  • Finis, adhésifs et colles à faible émissivité de COV
  • Supports à vélo (plus d’une centaine) à l’intérieur
  • Douches et vestiaires gratuits pour les cyclistes ainsi que pour tout le personnel de l’édifice
  • Accès au transport en commun à proximité
  • Programme de gestion des matières résiduelles (recyclage multimatière et compostage)
  • Programme d’entretien ménager écologique
  • Élimination des stationnements de surface existants et remplacement par des stationnements en souterrain
  • Etc.

 

Technologies éconergétiques
  • Technologies éconergétiques
  • Deux chaudières au gaz haute efficacité de 1 000 MBH
  • Un refroidisseur à vis double circuit à haute température
  • Deux refroidisseurs à roulement magnétique haute efficacité
  • Tour d’eau évaporative (consommation d’eau inférieure de 40 % à une tour d’eau conventionnelle)
  • Système de gestion de l’énergie du bâtiment
  • Luminaires T-5 avec ballasts électroniques et luminaires LED
  • Contrôle de l’éclairage avec détection de présence