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4 février 2015
Par Marie-Ève Sirois*

Un bâtiment muséal saisonnier qui est le fruit de la valorisation du bois et d’une réduction de matériaux : le Hangar 14,  à Rimouski.

Le 29 mai 1914, le navire Empress of Ireland coulait au large de Pointe-au-Père, quartier situé le long du fleuve Saint-Laurent, dans le secteur est de la ville de Rimouski. Pour marquer le centenaire de cette tragédie ayant fait 1 012 victimes, le Site historique maritime de la Pointe-au-Père a tenu une série d’évènements commémoratifs en 2014. Et parmi ceux-ci figurait l’inauguration du tout nouveau pavillon multifonctionnel du Site, un bâtiment saisonnier, tout de bois, baptisé Hangar 14

L’architecte du projet, Marie-Hélène Nollet, de la firme rimouskoise Goulet et Lebel, relate l’essence de ce bâtiment régional hors du commun : « L’idée était de créer un mariage entre la modernité et les traditions. La valorisation du bois, la minimisation des matériaux et l’ouverture vers le Saint-Laurent étaient donc des éléments phares dans ce projet. » 

L’excavation a débuté en plein froid de décembre 2013 et le chantier s’est terminé au moment prévu, soit en mai 2014. Malgré les conditions hivernales, de même que quelques tergiversations relativement à l’implantation du bâtiment et l’arrimage avec le niveau de la rue, le bâtiment était fin prêt pour les commémorations du naufrage le printemps venu. 

Il faut dire que ce pavillon fait un étage et possède une volumétrie simple. D’une superficie totale de 348 mètres carrés, il abrite une salle multifonctionnelle (260 mètres carrés) permettant d’accueillir des expositions itinérantes relatives au thème maritime. On y trouve également un espace d’entreposage, un bureau, des salles de bain et une petite salle électrique. 

Structure, pontage, revêtements extérieurs, cloisons intérieures et finitions intérieures sont de bois. « L’utilisation de ce matériau faisait partie des priorités de notre client, explique Marie-Hélène Nollet. Mon objectif était d’optimiser l’espacement entre les éléments structuraux, tout en minimisant la quantité de matériau utilisé. L’utilisation du pontage de bois pour les murs et plafonds en est un bon exemple. Il est à la fois structure et finition. » 

Au final, le travail des architectes et des ingénieurs en structure a porté ses fruits. Le bâtiment est composé d’une trame architecturale espacée aux 3 mètres, avec une hauteur libre de 4,7 mètres sous le point le plus bas des fermes disposées en ciseaux. 

Et comme le matériau le plus durable est celui qui n’est pas utilisé, rien de mieux que des finis bruts, à l’aspect chaleureux pour rester fidèle aux principes de durabilité. La structure de bois lamellé-collé et les platelages du plafond et des murs extérieurs sont donc finis à l’huile. S’ajoutent à cela un plancher de béton poli et des conduits électriques apparents, parfois camouflés à l’intérieur de dalots de bois suspendus. 

Concept évolutif

Voilà la recette qui a permis de construire un bâtiment trois saisons en bois pour une valeur d’environ 2 000 dollars du mètre carré, soit un budget total de 712 800 dollars. « La saison touristique étant à son plus bas en hiver, dit Marie-Hélène Nollet, il n’était pas nécessaire d’isoler complètement le bâtiment pour l’instant. » Or, le concept est évolutif. Si l’on souhaitait rendre le Hangar 14 fonctionnel toute l’année, il suffirait d’isoler les murs par l’extérieur. En effet, la dalle et la toiture sandwich ont été pour leur part isolées en prévision d’une telle transformation d’usage. 

Pour l’instant, les journées froides du printemps ou de l’automne restent tout de même confortables puisque des aérothermes infrarouges ont été suspendus en hauteur en guise de chauffage d’appoint. Il faut dire que le bois d’ingénierie était le bon matériau pour ce projet. « Comme il possède une certaine résistance thermique, je pouvais me permettre d’avoir des éléments structuraux qui débordent de la toiture sans avoir trop d’effet négatif sur le confort des occupants », note l’architecte. 

À l’extérieur, l’amalgame de bois est composé de lambris Maibec, de même que de panneaux de contreplaqué d’okoumé de classe écologique, certifié FSC et classé A+ en ce qui a très au niveau d’émissions de substances volatiles dans l’air. 

Le revêtement de la toiture est en acier émaillé et quatre portes de garage ont été installées pour rappeler le langage industriel des hangars maritimes. Ces dernières favorisent la pénétration de la lumière naturelle et permettent d’agrandir l’espace en période estivale puisqu’elles donnent sur une terrasse. 

Sur le plan électromécanique, la simplicité est au rendez-vous. On a opté pour un système de ventilation passif, constitué de louves mécanisées situées sur les façades est et ouest, ce qui permet de créer un mouvement d’air transversal à l’intérieur du bâtiment. En été, les grands débords de toit et la dalle sur sol permettent de conserver une ambiance confortable, même lors des journées chaudes. 

La vaste salle d’exposition est baignée de lumière naturelle et comme éclairage fonctionnel, des fluorescents compacts ont été choisis. En ce qui a trait aux appareils de plomberie, tous sont à faible débit.


Marie-Ève Sirois est cofondatrice d’Écobâtiment.

Équipe du projet
  • Client : Site historique maritime de la Pointe-au-Père
  • Architecture : Les architectes Goulet et Lebel
  • Génie structural : Massif technologies (maintenant Structure Fusion)
  • Génie mécanique : LGT
  • Construction : Technipro BSL
  • Fournisseur de la structure en bois : Art Massif

 

Le bois déchiffré
  • Coût de la structure : 142 000 $
  • Espacement entre les poutres de bois lamellé-collé : 3 mètres
  • Hauteur libre sous les fermes : 4,7 mètres
  • Hauteur maximale sous le pontage du plafond : 7,5 mètres
  • Épaisseur du platelage au plafond : 64 millimètres
  • Épaisseur du platelage sur les murs extérieurs : 38 millimètres

 

Distinction

Le projet Hangar 14 a été désigné lauréat du prix d’excellence Cecobois dans la catégorie Concept structural en 2014.