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L’optimisation éconergétique des établissements de santé de Matane

3 février 2016
Par Marie Gagnon

Une démarche d’optimisation énergétique qui permettra aux établissements de santé de Matane d’engranger des économies et de réduire leur empreinte écologique. Année après année.

La consommation d’énergie est le facteur qui pèse le plus sur le bilan carbone d’un bâtiment, sans compter les coûts d’exploitation élevés qui y sont associés. Pour améliorer sa performance éconergétique, le Centre intégré de santé et services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent a donc entrepris, au printemps 2015, un vaste programme d’optimisation dans ses trois établissements de Matane. 

Le projet d’une valeur de 3,5 millions de dollars concerne l’hôpital, le CLSC et le CHSLD. Il vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 66 % et la consommation énergétique globale de 34 %. Les économies d’énergie ainsi réalisées permettront au CISSS de dégager des marges financières qui seront par la suite réinvesties dans les services de santé. 

« Il s’agit de notre deuxième projet réalisé avec une entreprise en services éconergétiques, note François Dubé, coordonnateur à la direction des services techniques du CISSS. Le premier remonte à 2006, en prévision de l’abolition du tarif BT, le tarif biénergie d’Hydro-Québec. Cette fois, on travaille avec Énergère. Même si leur projet représente le plus gros investissement, c’est celui qui offre les économies annuelles récurrentes les plus importantes. » 

Selon les prévisions d’Énergère, les économies d’électricité devraient en effet se chiffrer à 21 % et celles de mazout à 76 %. La consommation unitaire globale des trois bâtiments devrait ainsi passer de 1,73 GJ/m2/an à 1,24 GJ/m2/an. Avec, à la clé, des économies annuelles garanties de 345 000 dollars, pour une rentabilité de l’investissement en six ans seulement. 

Une stratégie multiple

Pour atteindre ces cibles, le projet mise sur plusieurs stratégies. Certaines, plutôt mineures à première vue, auront tout de même un impact à long terme. Comme l’implantation d’une séquence de contrôle permettant de moduler le débit d’évacuation de la hotte de cuisine de l’hôpital en fonction des activités de cuisson. Ou encore la modernisation du système d’éclairage du bâtiment, notamment avec la migration de 3 326 lampes T-12 (34 W) et T-8 (32 W) vers des lampes T-8 de 28 W. 

Des interventions mécaniques contribueront également à rehausser l’efficacité énergétique des installations. C’est le cas de l’ajout de valves d’isolement motorisées et l’abaissement de la pression dans le réseau de vapeur, tout comme de la mise en place d’un échangeur pour récupérer l’énergie de revaporisation qui était auparavant rejetée à l’extérieur. 

C’est sans compter l’ajout de variateurs de vitesse sur l’ensemble des pompes de réseaux hydroniques, de même que le remplacement des serpentins de chauffage par des serpentins fonctionnant à basse température (120 °F). 

Le programme s’est en outre traduit par l’ajout de points de contrôle au CHSLD et à l’hôpital ainsi que par l’implantation d’un système complet d’automatisation au CLSC. Les trois établissements seront donc désormais interconnectés et leur gestion centralisée. 

Performance aérothermique

Si de nombreuses mesures concourent à l’optimisation éconergétique des installations du CISSS du Bas-Saint-Laurent, il reste que la plus importante est le recours à l’aérothermie, un processus d’extraction de la chaleur contenue dans l’air. « C’est le même principe que la géothermie, sauf que l’énergie est extraite de l’air ambiant extérieur et non du sol, rappelle Simon Fournier, chargé de projet pour Énergère. L’énergie est ensuite élevée à la température voulue, puis redistribuée par le réseau de chauffage, pour une thermopompe air-eau, ou dans les systèmes de ventilation avec un système air-air. » 

Il indique qu’à l’hôpital, une thermopompe air-eau d’une capacité de quelque 100 tonnes permettra de générer des économies annuelles de 130 000 dollars. Au CHSLD, quatre thermopompes air-air, soit deux de huit tonnes et deux de douze tonnes, seront nécessaires pour satisfaire la majorité des besoins énergétiques (80 %) reliés au traitement de l’air neuf. 

Une phase de recommissioning sera également effectuée afin d’ajuster et de calibrer les différents équipements des établissements, lorsque le projet sera complété en mars 2016.