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Le nouveau siège social de la CCQ - Le projet

9 avril 2010
Par Rénald Fortier

La Commission de la construction du Québec (CCQ) loge à l’enseigne du développement durable. Regard sur l’édifice vert qui abritera son nouveau siège social, un projet qui fera l’objet d’un suivi régulier par VOIRVERT.CA.

Septembre  2007. La CCQ procède à l’acquisition de la propriété montréalaise du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ), dans le cadran nord-est de l’avenue Christophe-Colomb et du boulevard Crémazie Est. Elle se prépare maintenant à y ériger son siège social et à y relocaliser son bureau de la région de Montréal.

Le nouvel édifice de 140 000 pieds carrés, étalés sur huit étages, s’élèvera au côté de celui de 125 000 pieds carrés qui abrite le centre de recherche depuis le milieu des années 80. Une fois réaménagé et rénové, ce dernier continuera de loger le CRIQ – il y louera quelque 55 000 pieds carrés –, en plus d’accueillir le bureau régional, et le centre d’appels de Montréal. 

Signe des temps, le futur siège social logera dans un édifice vert, dont la conception et la réalisation seront guidées par le système d’évaluation LEED. Objectif visé : le niveau de certification Argent, ce qui signifie que le projet devra cumuler entre 33 et 38 points sur les 70 que comporte la grille du Conseil du bâtiment durable du Canada. 

« Le mouvement en faveur du bâtiment durable ne cesse de prendre de l’ampleur au Québec et il est irréversible, observe le président-directeur général de la CCQ, André Ménard. Il va donc de soi que l’organisme qui représente les employeurs et les travailleurs de l’industrie prêche par l’exemple en visant à obtenir la certification pour ses nouvelles installations. 

« Il n’aurait pas été responsable d’aller à contre-courant, ajoute-t-il d’un trait. Surtout quand on sait que les impacts sur l’environnement découlant de la construction et de l’exploitation d’un édifice vert sont grandement réduits. Et qu’un tel immeuble offre un milieu de vie sain et confortable à ses occupants, en plus d’offrir un espace d’accueil de meilleure qualité à ses visiteurs. » 

Le siège social actuel situé sur la rue Jean-Talon Ouest – tout juste à l’est de l’intersection du chemin de la Côte-des-Neiges – est depuis longtemps devenu trop exigu pour répondre aux besoins fonctionnels de la CCQ, au point où elle doit louer des espaces de bureaux aux alentours. Sans compter que ce bâtiment datant de 1957, puis agrandi en 1972, nécessite une mise aux normes majeure. 

C’est d’ailleurs pourquoi en 2006, elle a décidé de se relocaliser plutôt que d’investir plusieurs millions de dollars dans la rénovation d’un bâtiment n’offrant pas de possibilité d’agrandissement, ou si peu, puisque déjà très à l’étroit sur un terrain ceinturé par des rues sur trois côtés. Alors qu’elle était déjà à la recherche d’un nouveau lieu d’implantation, elle a appris que le CRIQ cherchait à se départir de son bâtiment et de son terrain de près 400 000 pieds carrés. Nul doute, les astres étaient bien alignés. 

« La propriété du CRIQ correspondait à ce que nous recherchions et constituait un bon investissement à long terme pour notre organisation, relate André Ménard. Non seulement était-elle bien accessible, puisque située en bordure nord de l’autoroute Métropolitaine, mais elle nous offrait aussi suffisamment d’espace pour construire un bâtiment permettant de réunir toutes nos ressources du siège social sous un même toit ainsi que la possibilité d’y reloger notre bureau régional situé presque en face. C’est pourquoi nous avons décidé d’aller de l’avant avec cette option. » 

 

Mise en œuvre du projet

Un plan fonctionnel et technique a établi à quelque 210 000 pieds carrés les besoins en espace de la CCQ. Ses nouvelles installations, en excluant la surface louée par le CRIQ, totaliseront 25 000 pieds carrés de plus que l’espace total dont elle dispose à son actuel siège social et en location dans d’autres immeubles. 

« Nous avons décidé de disposer de 10 000 pieds carrés de plus pour répondre à nos besoins futurs, espace que nous utiliserons à court terme pour certains projets de développement informatique, note Jean-Luc Pilon, directeur général adjoint, Direction générale – Administration et finances à la Commission. L’autre 15 000 pieds carrés supplémentaires sera occupé par des services communs dont nous ne disposons pas suffisamment en ce moment, comme une cafétéria multifonctionnelle et plusieurs salles de réunion. » 

Pour mener à bien son projet, la CCQ a embauché la firme montréalaise TEQ, à titre de gestionnaire de projet, dans la foulée d’un processus de sélection qui avait été enclenché en juillet 2008 par la publication d’un appel de qualification. Elle a aussi retenu les services d’un consortium de professionnels dirigé par le Groupe Lemay, en architecture, associé à BPA en génie mécanique, à CIMA+ en génie électrique et Pasquin St-Jean en génie structural et civil. 

Si tout se déroule comme prévu, la rénovation et le réaménagement de l’édifice du CRIQ seront complétés en juillet 2010. Le nouveau siège social, qui sera relié à ce dernier par une passerelle, est en chantier depuis le début avril et sera livré en décembre 2011. En plus des aires administratives, il comptera un stationnement semi-souterrain – donc ventilé naturellement – pouvant accueillir une centaine de véhicules. 

« Il s’agira d’un édifice de qualité et performant sur le plan environnemental, mais d’une architecture sobre. Bref, d’un siège social fonctionnel dont l’industrie de la construction pourra être fière », conclut André Ménard, non sans souligner que la CCQ épargnera annuellement en frais de loyer pour loger les ressources que ne peut accueillir l’immeuble de la rue Jean-Talon.

Équipe de projet

Propriétaire Commission de la construction du Québec

Gestionnaire de projet TEQ

Architecture Groupe Lemay

Génie mécanique Bouthillette Parizeau

Génie électrique CIMA +

Génie structural/civil Pasquin St-Jean

 

 

Mesures durables

Aménagement écologique du site

Le futur siège social sera situé à proximité des services de transport en commun et contribuera ainsi à réduire l’usage de la voiture. De plus, les cyclistes n’ont pas été oubliés car une installation de supports à vélo et de douches est aussi prévue.

Gestion efficace de l’eau

Les installations sanitaires seront dotées de chasses à faible débit et les robinets seront équipés de détecteurs de mouvement. L’aménagement paysager quant à lui, sera composé de végétaux rustiques, ce qui contribuera grandement à réduire les arrosages.

Énergie et atmosphère

L’électricité sera utilisée comme énergie de premier choix. Le système de ventilation permettra à l’air extérieur d’être préchauffé durant l’hiver ou prérefroidi durant la saison estivale. De plus, la chaleur générée par certains appareils, par exemple, celle produite par l’équipement informatique, sera aussi récupérée. Le gaz naturel ne sera utilisé qu’en dernier recours.

Matériaux et ressources

Dans la mesure du possible, les matériaux utilisés seront produits localement. Il s’agit toutefois d’une tâche plus difficile qu’il n’y paraît ! « Bien que nous ayons beaucoup de matières premières au Québec, la plupart de celles-ci sont transformées à l’étranger », précise Marc-André Tellier, concepteur pour les architectes Lemay et associés. Nous devons donc importer certains matériaux, entre autres la céramique dont nous aurons besoin pour le siège social. En ce qui concerne le béton, nous utiliserons un matériau produit chez nous et composé de matières recyclées, notamment de silice.  Nous nous approvisionnerons auprès de fournisseurs locaux.

Un plan de gestion des débris de construction a aussi été mis en place. « Je peux vous dire, indique Joël Champagne, directeur des ressources matérielles à la CCQ, que la très grande majorité de nos débris de construction sera triée, puis recyclée. »  De plus, une grande partie des débris résultant de l’excavation seront laissés sur le chantier afin d’être réutilisés comme remblai.

Qualité des environnements intérieurs

Pour être LEED, l’air intérieur d’un bâtiment doit satisfaire à des normes qui assurent la santé, le confort et le bien-être des occupants. À ce titre, la présence du dioxyde de carbone doit être surveillée. Les peintures, les tapis, les matériaux d’étanchéité et les produits composites et adhésifs seront à faibles émissions de composés organiques volatils. Les systèmes de ventilation seront aussi protégés lors de l’installation afin d’éviter qu’ils ne soient contaminés par la poussière du chantier.

Le bâtiment sera plus haut que large et sera doté d’une large fenestration du côté sud, afin que la lumière naturelle puisse pénétrer dans les bureaux. En contrepartie, des brise-soleil seront installés afin d’éviter la surchauffe du milieu de l’après-midi.

Innovation

En ce qui concerne la gestion du chantier, la CCQ s’efforcera de réduire les inconvénients au maximum pour le voisinage. Par exemple, les camions seront nettoyés avant de sortir du chantier et des bâches seront installées au pourtour du site pour éviter que les vents n’entraînent la poussière dans la cour des voisins. « Une fosse retiendra la boue qui résultera du nettoyage des camions et de la pluie. Cette boue sera décantée. Ainsi, l’eau qui sera rejetée dans les égouts municipaux ou dans l’aquifère aura été épurée », souligne Joël Champagne. Enfin, puisque les débris d’excavation serviront de remblai, il y aura aussi moins de déplacements entre le chantier et les sites d’enfouissement.

Quant au revêtement extérieur, il sera composé d’un matériau en céramique utilisé pour la première fois au Québec. Largement employé en Europe, ce revêtement est traité en surface avec le procédé Hydrotect qui comporte de nombreux avantages : il est antibactérien et il se nettoie facilement avec l’eau de pluie. En fait, l’effet antibactérien de ce revêtement est généré par photocatalyse, c’est-à-dire que la lumière active l’oxygène qui, à son tour, décompose les bactéries et les germes. Les effets ne s’épuisent pas, mais sont toujours réactivés par la lumière.


Source : CCQ