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La Maison du développement durable - Le projet

11 avril 2010
Par Rénald Fortier

En conjuguant les intérêts sociaux, économiques et environnementaux, la Maison du développement durable deviendra l’un des bâtiments les plus écologiques au Canada. Préalable à son suivi, regard sur un projet vert foncé. 

C’est un véritable monument à la gloire du développement durable qui a été mis en chantier à la mi-mars, à l’angle des rues Clark et Sainte-Catherine, au cœur du Quartier des spectacles de Montréal. Non seulement la Maison du développement durable (www.maisondeveloppementdurable.org) vise-t-elle à répondre aux exigences environnementales les plus élevées, mais elle est également investie d’une mission sociale. Sans compter qu’elle a été conçue pour satisfaire aux objectifs économiques de ses organisations membres. 

 

Le projet porte sur la construction, sur un terrain de près de 15 000 pieds carrés cédé par Hydro-Québec par un bail emphytéotique de 50 ans, d’un bâtiment écologique à vocation éducative. D’une superficie de 65 000 pieds carrés, le bâtiment de cinq étages sera évidemment à la fine pointe de l’efficacité énergétique. Il se démarquera aussi par l’accent mis sur la qualité de l’air intérieur et le confort de ses occupants, la gestion responsable de l’eau ainsi que la construction écologique pour couper court à l’énumération. 

Ainsi, en plus de combler leurs besoins en espaces, le projet contribuera à assurer la pérennité de ses membres : Équiterre, Amnistie internationale, le Centre de la petite enfance Le Petit Réseau, le Centre québécois du droit de l’environnement, le Conseil régional de l’environnement de Montréal, ENvironnement JEUnesse, Option consommateurs, le Regroupement des éco-quartiers et le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec. 

La Maison du développement durable sera aussi un pôle de réflexion, d’éducation, d’innovation et de discussion sur le développement durable. Le rez-de-chaussée, entièrement public, deviendra un lieu de rencontre où le citoyen pourra s’informer sur le bâtiment écologique ainsi que sur les projets ou les programmes québécois faisant la promotion du développement durable. 

Parmi les fonctions qui y seront aménagées, soulignons-le, figurent principalement des bureaux, des locaux et équipements partagés, un restaurant, un centre de la petite enfance, un atrium, une salle de conférence, un centre du bâtiment durable, un espace forum et un laboratoire de suivi des performances du bâtiment. 

 

Bâtiment vert foncé

Faire de la Maison du développement durable un bâtiment vert foncé posait de grands défis à ses concepteurs. Dès le départ, ils ont été confrontés à plusieurs contraintes – espace, réglementation et  sécurité publique – liées à la réalisation d’un tel projet en milieu urbain. Le volet efficacité énergétique, notamment, a grandement été influencé par la situation géographique du bâtiment. Comme le site est cerné par des gratte-ciel limitant l’ensoleillement, par exemple, l’autoproduction d’électricité se révélait difficile à appliquer. 

Les concepteurs ont donc misé sur la géothermie, combinée avec une enveloppe ultraperformante, pour assurer le chauffage et la climatisation. En raison de l’exiguïté du site, les boucles seront installées à la verticale, sous l’édifice. Le système a donc été conçu de façon à ce que ses 28 puits puissent fonctionner indépendamment les uns des autres, ceci dans l’éventualité où l’un d’eux venait à flancher. 

Le concept du bâtiment se distingue aussi particulièrement sur le plan de la qualité de l’environnement intérieur. Outre des matériaux à faible émissivité de COV, il fera appel à un mur végétal intérieur pour purifier l’air. Situé du côté de la verrière, ce mur contribuera également à l’efficacité énergétique du bâtiment. 

Toiture verte, éclairage efficace, récupération de l’eau de pluie… La liste des stratégies et technologies environnementales (voir la fiche Mesures durables) préconisées par l’équipe de projet pourrait se décliner encore longtemps. Et toutes concourront à faire de la Maison du développement durable l’un des bâtiments les plus écologiques au Canada. À telle enseigne que ses promoteurs ne visent rien de moins que l’atteinte du niveau Platine du système d’évaluation LEED (minimum de 52 points sur une possibilité de 70), la plus haute certification environnementale à l’heure actuelle.

Équipe de projet

Promoteur Equiterre

Gestionnaire de projet Services CGP

Architectes Menkès Shooner Dagenais LeTourneux

Ingénieurs en structure/civil  Pasquin St-Jean et associés

Ingénieurs en mécanique/électricité Bouthillette Parizeau

Entrepreneur-consultant Pomerleau

Volet éducatif Design + Communications

Agent de mise en service Pageau Morel

Consultante LEED Lyse M. Tremblay

Partenaires de recherche École de technologie supérieure / Université Concordia

 

Mesures durables *

Toit vert

  • Le bâtiment sera recouvert d’une toiture végétalisée de type extensive d’une superficie de plus de 800 mètres carrés. Le couvert végétal sera composé d’au moins 10 variétés de plantes adaptées aux toitures végétalisées québécoises. 


Mur végétal

  • Le mur végétalisé (colonie de végétaux disposés verticalement à travers laquelle on force le passage de l’air afin d’optimiser le contact entre des microorganismes racines et les contaminants aériens) fera 40 mètres carrés. Couvrant une partie des cinq étages de l’édifice, il comptera entre 75 et 80 espèces de plantes.


Émissions toxiques

  • La Maison du développement durable vise l’obtention des cinq crédits LEED établissant des plafonds des émissions polluantes pour tous les produits appartenant aux familles suivantes : tapis, bois et stratifiés, scellants, adhésifs, peinture et vernis. Par exemple, la peinture au fini mat ne devra pas contenir plus de 50 g/l de composés organiques volatils.


Plancher surélevé

  • Création d’un espace de 305 mm de hauteur, entre la dalle de béton et la surface du plancher, pour la circulation de l’air neuf provenant de l’extérieur destiné aux espaces de travail. Ce système utilise le principe de ventilation par déplacement.


Ajout cimentaire

  • Au moins 20 % de la masse du ciment Portland contenu dans le béton a été remplacée par des cendres volantes, des pouzzolanes naturelles et/ou des laitiers granulés de haut fourneau – tous des résidus de procédés industriels. Cet apport cimentaire concerne la totalité du béton d’usage général utilisé dans la Maison du développement durable.


Bois FSC

  • La Maison du développement durable vise l’obtention du crédit LEED stipulant qu’au moins 50 % du bois neuf utilisé dans le bâtiment, notamment pour sa construction, provient de forêts certifiées FSC.


Matériaux à contenu recyclé

  • La Maison du développement durable vise l’obtention des deux crédits LEED stipulant qu’au moins 15 % du poids des matériaux est constitué de matières recyclées. Par exemple, les panneaux de gypse utilisés seront recyclés à 98 % et la laine isolante, à 60 %.


Gestion des déchets

  • La Maison du développement durable mettra en place un plan de gestion des déchets visant à détourner des sites d’enfouissement un minimum de 75 % des débris de construction.


Ascenseurs

  •  Un ascenseur sans salle mécanique avec moteur sans engrenage, tel que celui qui sera utilisé dans la Maison du développement durable, consomme en général environ 40 % moins d’énergie que les ascenseurs conventionnels.


Enveloppe extérieure

  • La Maison du développement durable sera pourvue d’une enveloppe de bâtiment ultraperformante. Elle se caractérisera par une réduction importante des ponts thermiques ainsi que par une grande attention à la qualité des détails d’étanchéité et d’isolation. Toutes les fenêtres du bâtiment seront à verre triple avec deux pellicules de basse émissivité. La densité énergétique prévue est de 11,1 kWh/p², alors que le bâtiment de référence consomme 23,6 kWh/p².


Géothermie

  • Vingt-huit puits géothermiques de 500 pieds de profondeur chacun seront aménagés sous le bâtiment ; ils serviront tant au chauffage qu’à la climatisation.


Éclairage efficace

  • L’optimisation du positionnement et de la dimension des fenêtres, l’usage d’outils de gestion automatisés (détecteurs de présence et de luminosité) et l’implantation d’appareils efficaces (luminaires T5 et à DEL) permettront de diminuer de façon importante la consommation en électricité du bâtiment.


Récupération de l’eau de pluie

  • Le bâtiment sera équipé d’un bassin servant à collecter l’eau de pluie en vue de son utilisation, après filtration, dans les toilettes. Les prévisions de l’équipe de projet établissent des réductions de 50 % pour l’eau potable et de 71 % pour les eaux usées.


Appareils sanitaires à faible consommation

  • Le bâtiment sera pourvu de robinets automatiques à débit réduit, de toilettes à double chasse (4,2 ou 6 litres par usage) et d’urinoirs sans eau.


Choix des fournisseurs de produits et services

  • La Maison du développement durable favorisera les entreprises d’économie sociale pour la prestation de services liés à ses opérations : gestion des matières recyclables, ménage, entretien, etc.


Entreprises d’économie sociale

  • La Maison du développement durable est fondée sur deux objectifs : contribuer au renforcement des organisations qui en sont membres, d’une part, et inciter et inspirer l’écologisation du cadre bâti québécois.

Les cibles
  • Réduction de la consommation énergétique de 64 % par rapport au bâtiment de référence du CMNÉB et de 60 % par rapport à l’ASHRAE 90.1
  • Diminution des émissions de CO2 d’environ 105 tonnes/an par rapport au CMNB
  • Abaissement de la consommation d’eau potable de 50 % par rapport à un bâtiment conventionnel similaire
  • Récupération d’au moins 75 % des déchets de construction (Pomerleau vise toutefois à atteindre un taux mimimum de 90 %)

 

 

* Source : Equiterre