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Relever le défi de déconstruire

21 juin 2010

Déconstruire peut en valoir la chandelle dans le domaine du bâtiment. Tant sur les plans environnemental qu’économique. 

Par Jean Garon

Les constructeurs et rénovateurs qui pratiquent la déconstruction ne sont pas légion au Québec, du moins pas encore. Et ceux qui ont choisi cette voie à ce jour le font surtout parce qu’ils croient aux vertus de la récupération, du recyclage et de la réutilisation des matériaux. 

Il faut dire que ce ne sont pas tous les bâtiments qui se prêtent pour l’heure à la déconstruction. Les maisons et petits immeubles résidentiels, par exemple, ne permettent pas de récupérer suffisamment de matériaux pour rendre l’opération rentable. N’empêche que la déconstruction de tels bâtiments permet néanmoins de diminuer les coûts d’élimination des déchets grâce au recyclage de matières comme le bois, la brique et le béton. 

Sur plusieurs chantiers commerciaux, industriels ou institutionnels, un bon volume de matières ou de composantes de construction peuvent cependant être récupérées et trouver preneurs. On n’a qu’à penser aux charpentes et revêtements en acier, aux parements de brique et aux fondations en béton. Il y a aussi les composantes électriques (panneaux ou boîtes électriques et interrupteurs de 200, 400 ou 600 volts), les isolants de laine minérale, les appareils d’éclairage au néon ou les luminaires industriels, les portes de garage et commerciales, les grandes vitrines, les armoires et accessoires de cafétéria. 

Changer les habitudes

Toutes sortes d’objections ou d’excuses permettent encore aux entrepreneurs de se soustraire à la déconstruction. Tantôt, ce sont les coûts de main-d’œuvre ou de disposition des déchets ; tantôt, le manque d’incitatifs financiers ; tantôt, la faiblesse du marché de la revente de matériaux ; tantôt, l’immobilisme des donneurs d’ouvrage, qui n’incluent pas la déconstruction dans leurs appels d’offres. 

Selon plusieurs observateurs de la scène, cette résistance ne relève pas tant d’une question d’argent que d’une question de comportement. Car déconstruire n’exige pas un effort énorme : il suffit d’effectuer un tri à la source avec des conteneurs appropriés, bref de changer ses habitudes sur les chantiers. 

Il faut dire que tout est une question de coût dans l’industrie de la construction. Combien il en coûte pour construire, pour rénover ou pour reconstruire et qu’est-ce que ça rapporte ? Telle est la principale équation sur laquelle se fonde toute soumission. 

Il existe pourtant plusieurs exemples de réussite de déconstruction où des tonnes de matières résiduelles ont été détournées des sites d’enfouissement avec des économies à la tire. Et il est clair que l’on peut économiser en déconstruisant, ne serait-ce qu’en triant les matériaux dans des conteneurs compartimentés. En calculant les coûts de location d’un conteneur, de son transport et d’élimination des déchets (à la tonne), et en soustrayant la redevance à l’enfouissement, l’entrepreneur pourra déjà enregistrer des économies.

3 bonnes raisons de déconstruire
  1. L’entrepreneur réduit ses coûts d’enfouissement, selon la qualité du tri à la source.
  2. Des matières réutilisables sont remises sur le marché, dispensant d’autant d’en acheter des neuves et en diminuant d’autant les charges sur les sites de disposition des déchets.
  3. L’industrie de la construction améliore ainsi ses pratiques environnementales en polluant moins, en construisant de façon durable, et en consommant moins de ressources et d’énergie.