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Le palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield

7 décembre 2011
Par Marie Gagnon

Faire du neuf avec du vieux est en soi un beau défi. Mais lorsque le neuf et le vieux sont teintés de vert, cela tient plutôt de l’exploit. Comme c’est le cas avec le palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield.

La rénovation écologique d’un bâtiment patrimonial n’est pas une mince affaire. Lorsque, de surcroît, un nouveau bâtiment doit s’intégrer harmonieusement à l’existant, la tâche se corse d’un cran. C’est ce défi que les architectes mandatés par la Société immobilière du Québec (SIQ) ont relevé dans le cadre de la rénovation et de l’agrandissement du palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield, un projet de 59,2 millions de dollars pour lequel son propriétaire briguera, pour la nouvelle construction, une certification LEED-NC (niveau Certifié).

Amorcé en mars 2010 et avancé à 60 %, le chantier comporte deux phases. D’abord l’ajout d’un édifice de 6 200 mètres carrés sur quatre niveaux, à gauche du vieux palais, construit en 1901 puis rénové et agrandi en 1975. Faute d’espace suffisant sur le site, cet agrandissement a nécessité la condamnation de la rue Montcalm, cédée à la SIQ par la Ville, et dont les édifices riverains ont été rasés en préambule. Ensuite, la remise à neuf du bâtiment existant, d’une superficie de 6 500 mètres carrés.

 

« Sur le plan de la conception, notre premier défi aura été d’assurer le maintien des activités pendant toute la durée des travaux, mentionne l’architecte Frédéric Dubé. On devait également assurer l’unité architecturale de l’agrandissement de 1975 avec la nouvelle construction, tout en traitant la volumétrie de cet ajout de manière à ne pas écraser le bâtiment de 1901, mais bien à le mettre en valeur. »

 

Des simulations ont permis de définir les proportions idéales du nouveau bâtiment, qui s’élève sur deux étages du côté du parc Salaberry, tandis que du côté du stationnement, il atteint trois étages. Son traitement architectural s’harmonise à l’existant grâce à une base de maçonnerie, qui rappelle le coloris de la pierre du bâtiment de 1901, surmontée d’un volume vitré alternant des bandes verticales de verre translucide et des panneaux d’aluminium opaques. En façade, une avancée triangulaire entièrement vitrée allège l’ensemble.

 

« À la base, le but de l’architecture, c’est de créer des milieux sains et agréables, rappelle Frédéric Dubé. On a donc tenté de réduire le caractère anxiogène des lieux en multipliant les vues extérieures et en portant une attention particulière à l’acoustique. À l’extérieur, on a misé sur l’aménagement paysager du stationnement et la création de deux îlots de verdure en toiture. On a aussi limité l’impact visuel causé par l’arrivée des prévenus, qui se fait désormais à l’intérieur d’un garage, et, du coup, éliminé les barbelés. »

 

Caractère écologique

Sur le plan environnemental, les particularités du projet sont nombreuses. Le vieux bâtiment, qui représente environ 10 % de la superficie totale du projet, sera entièrement mis à nu et à niveau, notamment au chapitre des normes parasismiques et de la résistance thermique de son enveloppe. Même chose pour la toiture, qui retrouvera son allure d’origine, et les fenêtres, à haut rendement, qui retrouveront leur modénature d’origine. Le bâtiment de 1975 recevra le même traitement.

« Au terme du projet, on prévoit une réduction de 33 % de la consommation énergétique de l’ensemble, par rapport à la référence du Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments (CMNÉB), souligne l’ingénieur Jacques Lagacé. Cette cible ne sera pas atteinte seulement qu’en rehaussant les paramètres existants, comme la résistance thermique  des fenêtres, des enveloppes et des toitures, mais par un ensemble de mesures éconergétiques. »

 

Parmi celles-ci, il signale des chaudières à condensation à haute efficacité et la récupération de la chaleur. « On a prévu récupérer la chaleur produite par le système de climatisation de la salle informatique, qui sera utilisée en partie pour le chauffage périmétrique et celui de l’air neuf, expose Jacques Lagacé. On utilisera aussi une roue thermique afin de récupérer la chaleur des ventilateurs des toilettes et des dépôts pour chauffer l’air entrant. »

 

Comme le veulent désormais les standards appliqués aux bâtiments institutionnels, un système de contrôle informatisé gérera certaines fonctions du bâtiment. L’éclairage et les équipements électromécaniques seront automatisés et même programmables à distance, tant du siège social de la SIQ que de son bureau montréalais. « Ce panneau de contrôle sera facilement exploitable par les gestionnaires et il sera possible de le faire évoluer dans le temps, précise l’ingénieur. Il sera de plus doté d’alarmes qui alerteront les utilisateurs en cas de défaillances. »

 

Par ailleurs, la démarche environnementale impose aux sous-traitants une mise en service améliorée des équipements électromécaniques. Alors qu’habituellement le client doit procéder à certains ajustements à la mise en route des systèmes, les outils de commissioning permettront une période de rodage plus courte et des économies plus rapides. Une phase de recommissioning est prévue 10 mois après les travaux, histoire de voir si le rendement des équipements est conforme aux prévisions et de faire au besoin les ajustements nécessaires.

 

Mesures durables
  • Chaudières à condensation à haut rendement
  • Lampes fluocompactes T8, sans mercure
  • Récupération de chaleur
  • Contrôle de l’érosion et des sédiments
  • Cabinets d’aisances à faible consommation
  • Urinoirs à faible débit
  • Robinetterie avec aérateur
  • Aménagement paysager sans irrigation
  • Toitures vertes (150 m2 et 200 m2)
  • Toiture réfléchissante de 3 600 m2, indice de réflectance de 111
  • Qualité de l’air intérieur (ASHREA 62.1) et scellement des conduites lors des travaux
  • Matériaux, colles, solvants, peintures à faible émissivité de COV
  • Taux de récupération des débris de démolition (tri à la source) : 90 %
  • Taux de récupération des débris de construction (centre de tri) : 90 %

 

Efficacité énergétique
Référence (CMNÉB-97)
  Mégajoules (MJ) Dollars ($)
Électricité 6 243 595 139 862
Gaz naturel 9 485 400 128 121



Proposé (simulations avec le logiciel EE4, v. 1.7-2
  Mégajoules (MJ) Dollars ($)
Électricité 3 419 994 81 016
Gaz naturel 6 174 282 78 627



Économies
  Mégajoules (MJ) Dollars ($)
Électricité et gaz naturel 6 134 719 (39 %) 108 340 (40 %)

 

Équipe de projet

Donneur d’ouvrage : Société immobilière du Québec

Architecture : Massicotte Dignard, Parizeau Pawulski, Lapointe Magne

Génie électromécanique : Bouthillette Parizeau / BPR

Génie civil et structural : LBCD / SM

Gérance de construction : Entreprise de construction TEQ

Commissioning : Bouthillette Parizeau