Aller au contenu principal
x

Faire d’une conception intégrée un succès

10 août 2023
Par François Cantin, M. Sc. Arch.*

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
Consulter toutes les chroniques

La réussite d’un projet réalisé en conception intégrée exige non seulement de la préparation, mais aussi de la disponibilité. Ce qu’il faut savoir.

Depuis environ une dizaine d’années, l’adoption de la conception intégrée (CI) a permis au domaine de la construction au Québec de se métamorphoser. Encore relativement méconnu il n’y a pas si longtemps, le processus de conception intégrée (PCI) a rapidement gagné en popularité au cours des dernières années, étant utilisé dans le cadre de plusieurs projets de diverses envergures, notamment en raison du pari BIM-PCI tenu par la Société québécoise des infrastructures

Facteurs de succès

La réussite d’un projet réalisé en CI dépend d’un grand nombre de facteurs, entre autres :

  1. Une feuille de route claire, adoptée par tous les acteurs prenant part au processus
  2. Un alignement et une vision partagés par l’ensemble des parties prenantes
  3. Une équipe dont les membres possèdent les expertises complémentaires requises pour mener à bien le projet
  4. Des intervenants disponibles et adéquatement préparés

Ce dernier point peut sembler anodin, mais en raison de la pénurie de main-d’œuvre qui afflige actuellement tous les paliers du domaine de la construction, la disponibilité aura rarement été aussi difficile à obtenir. Malgré que tous veulent bien faire, le temps finit inévitablement par manquer et le PCI, par manque de préparation, peut en souffrir.

Soyons clairs, s’il demeure possible, même sans réelle préparation, de tirer son épingle du jeu lors de réunions de coordination conventionnelles, il en est tout autrement pour un atelier de CI. Sans l’ombre d’un doute, un intervenant qui se présenterait à un atelier sans s’être auparavant acquitté de ses devoirs équivaudrait à un comédien qui déciderait de monter sur scène un soir de première sans maîtriser son texte. Sans préparation, il sera impossible pour un intervenant de participer de manière optimale à l’effort collectif et d’ajouter de la valeur. Au mieux, il perdra son temps, au pire, il retardera le reste du groupe. Bref, un non-sens !

Piloter la préparation

Un atelier de CI bien planifié favorisera les interactions et les échanges dynamiques dans le but de permettre à l’équipe de converger vers les objectifs établis en début de processus (alignement et vision). Dans un tel contexte, l’expertise des participants, à elle seule, s’avère insuffisante. Il faut maîtriser le projet, autrement dit connaître ses intrants, son contexte, les enjeux inhérents ainsi que les besoins et attentes des futurs occupants. C’est au comité de pilotage de s’assurer que chacun arrive bien préparé.

Formé des principaux membres de l’équipe élargie de projet et d’un facilitateur, le comité de pilotage a essentiellement la responsabilité d’assurer le bon déroulement du PCI. Ce comité a notamment la tâche de confirmer les objectifs des ateliers, d’établir les ordres du jour, de discuter des expertises requises et de déterminer le travail préparatoire à réaliser en amont. En fonction du niveau d’avancement du projet et des objectifs à atteindre lors de la journée d’atelier, le travail préparatoire pourra prendre différentes formes :

  • Consultation de documents de références (programme de construction du client, rapports d’expertise, etc.)
  • Analyses à haut niveau de pistes conceptuelles préliminaires
  • Exploration et validation d’options à l’aide d’outils (simulations ou autres)
  • Estimation des coûts associés à divers scénarios
  • Etc.

La capacité du comité de pilotage à bien définir et distribuer le travail préparatoire, la disponibilité des intervenants pour réaliser ledit travail et le sérieux qui lui sera consacré sont des facteurs plus que déterminants pour le succès du processus et ultimement du projet. En tant que facilitateur, j’ai parfois recommandé le report d’un atelier de quelques semaines afin de permettre aux intervenants de conjuguer le travail de préparation requis avec leurs disponibilités. Dans d’autres situations, la tenue de deux ou trois courtes rencontres de pilotage au lieu d’une seule plus longue (comme c’est souvent la norme) a été privilégiée afin de permettre au groupe de mieux assimiler le processus et d’assurer une préparation optimale.

Dans un monde désormais caractérisé par le travail à distance à l’aide de plateformes collaboratives comme Teams, Zoom et autres, étaler les tâches du comité de pilotage sur plusieurs rencontres ne nécessitant pas de déplacement permet de minimiser les inconvénients et d’augmenter les chances de succès du projet.

*L’auteur est associé, directeur avant-garde et chargé de projet chez Coarchitecture, spécialiste des stratégies d’occupation et du confort de l’occupant au sein des environnements de travail, formateur à la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval et pour Formations Infopresse, ainsi que bénévole pour Bâtiment durable Québec (BDQ).