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Les co-bénéfices santé et environnement bâti

28 novembre 2023
Par Martin Bouchard. B. Sc., M.A.*

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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Des chercheurs des universités Harvard, de Boston et Oregon State ont récemment conçu un outil visant à quantifier les bénéfices sur la santé de la mesure de l’efficacité énergétique dans les bâtiments. Coup d’œil sur cette avancée.

Plus de détails sur le projet sont disponibles via une étude scientifique[1] et un site internet dédié[2]. Le projet CoBE (V2) fait suite au dévoilement de l’outil CoBE (V1) qui visait, quant à lui, une étude rétrospective des données. Le projet CoBE (V2) offre plutôt de quantifier les impacts sur la santé des décisions futures.

Le point de départ de l’étude était que l’énergie utilisée pour les bâtiments aux États-Unis représente 40 % de l’énergie utilisée dans ce pays. Agir sur cette utilisation représente donc un incontournable pour atteindre les cibles climatiques. Bien que la consommation des bâtiments soit mesurée, sa réduction ainsi que celle des émissions de carbone génèrent des co-bénéfices qui sont rarement quantifiés avec les outils traditionnels.

Parmi ces co-bénéfices mentionnés dans l’étude, notons la qualité de l’air et la réduction des morts prématurées dues à l’émission de particules fines. Les chercheurs en concluent que chaque dollar d’électricité économisé en contexte américain engendre des co-bénéfices variant de 0,02 $ à 0,81 $.

Le CoBE Projection Tool, né du projet CoBE(V2), offre la possibilité de considérer la santé comme le résultat de nos actions en matière de crise climatique et de politique énergétique. Ainsi, le projet intègre davantage la notion de coût social du carbone (social cost of carbon ou SC-CO2). La visée prospective de l’outil permettra d’évaluer divers scénarios de conservation énergétique, que ce soit pour une partie de bâtiment, un bâtiment ou un ensemble de bâtiments répartis sur un seul ou plusieurs sites.

Comme plusieurs éléments influencent la qualité de l’environnement dans lequel nous vivons, nous ne pouvons que saluer toute initiative permettant de quantifier les bénéfices et co-bénéfices qu’un environnement bâti sain peut engendrer, que ceci ait un impact bénéfique sur la santé publique ou tout autre élément. Un bâtiment sain et durable constitue une occasion d’améliorer la situation des émissions des GES, mais intégrer ce bâtiment dans un aménagement approprié ne peut qu’en décupler les bénéfices et contribuer à créer des communautés élargies plus saines et davantage résilientes. Une approche holistique et systémique demeure adaptée pour tenter de comprendre les multiples interrelations entre nos actions et les différents éléments qui composent notre environnement.

Ainsi, mesurer les co-bénéfices, aspects souvent négligés ou carrément ignorés, ne peut qu’aider les intervenants et décideurs à comprendre les impacts transversaux de leurs actions sur la santé de la population en termes notamment de qualité de l’air et de bien d’autres aspects environnementaux, sociaux et économiques. L’intégration d’outils et de réflexions prenant en considération les futurs co-bénéfices peut certainement influencer certaines décisions affectant l’environnement dans son sens le plus large.

* Ambassadeur Fitwel, l’auteur est directeur général adjoint chez Vincent Ergonomie et président du comité des communications de Bâtiment durable Québec (BDQ)


1. Salimifard et al. (2023). A novel method for calculating the projected health and climate co-benefits of energy savings through 2050. Building and Environment, vol. 244(1).

2. Site comptant un outil de projection, une étude de cas et une présentation du projet. Le tout est accessible au https://cobe.forhealth.org/