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5 août 2015

Marie-Noëlle Deblois

Mur végétal de cinq étages, toit vert extensif, agriculture urbaine en hauteur, espaces verts traversés d’étangs et de ruisseaux au 23e étage : les toitures végétalisées ont la cote au sein de la métropole. Balade sur les toits verts montréalais.

Organisée par Le Cœur des sciences de l'UQAM, la Balade sur les toits verts propose une visite à pied de trois toits verts emblématiques, soit les toitures de la Maison du développement durable, du Palais des congrès et de l'hôtel Hilton Bonaventure, en compagnie d'Antoine Trottier et de Patrice Godin, cofondateurs de la Ligne verte, entreprise spécialisée dans l'installation de toits verts et dans l'agriculture urbaine.  

L'aménagement de toit vert en milieu urbain offre de nombreux avantages. En plus d’embellir les bâtiments, ces toitures permettent une réduction des îlots de chaleur, assainissent la qualité de l’air et favorisent la biodiversité. Ils contribuent de plus à réduire la charge hydraulique des villes en absorbant une partie des eaux de pluie. Sur le plan énergétique, les toitures vertes rehaussent la performance thermale d'un édifice. En période de canicule, ces surfaces peuvent ainsi avoir une température jusqu’à 30 degrés Celsius inférieure à celle d’un toit traditionnel. Un toit végétalisé a l’avantage de protéger la membrane et d’en doubler la durée de vie.

Initiatives locales

Lorsque la Maison du développement durable installe son mur végétal en 2011, le concept en est encore au stade expérimental. À l'époque, l'entreprise Toiture Nature choisit le système Living Wall. Entièrement hydroponique, il est sans terreau. Les plants poussent dans un matelas de fibres synthétiques. Après trois mois d'activités, l'entreprise a dû remplacer environ 10 % des plants, mais cette expérience a permis de cibler les espèces les mieux adaptées pour ce type d'aménagement. Aujourd'hui, le mur de 122 mètres carrés est devenu un symbole du lieu.

« En plus de participer à la beauté du lieu, le mur permet de filtrer 80 % des COV et 25 % des gaz carboniques, précise Antoine Trottier, en plus d’abaisser la température ambiante et de contribuer à humidifier l’air ». L'édifice s'est de plus muni d'un toit vert de type extensif, capable d'absorber jusqu’à 23 000 litres de pluie.

Toit vert de la Maison du développement durable

Mis sur pied dans le cadre du projet pilote Culti-vert, le verdissement du toit du Palais des congrès offre une superficie de 139 mètres carrés aménagée en cinq zones différentes afin d’illustrer différentes technologies (Hydrotech, LiveRoof, Soprema, Xeroflor, ZinCo).  Une partie du toit est aménagée en toit-jardin potager. Les fruits et légumes récoltés sont ensuite utilisés par Capital Traiteur, fournisseur du Palais des congrès. Trois ruches ont été ajoutées afin de favoriser la pollinisation.

Construit en 1967, le toit vert du Hilton Bonaventure couvre pour sa part 2,5 acres. De type intensif et d'une épaisseur de deux mètres, il compte plusieurs espèces de végétaux, dont certaines s'y trouvent depuis sa construction. Arbres matures, étang poissonneux et cascade, le toit planté de l'hôtel est l'un des premiers de la ville. Construit dans le cadre de l'Expo 67, son architecture rappelle la forme du ruisseau Bonaventure qui y coulait jadis.

Toit vert du Hilton Bonaventure

Au Québec, de nombreuses avancées ont été réalisés en matière de toitures végétalisées au cours des dernières années. « Les gens sont maintenant mieux informés et éduqués sur les toits verts. Avec la publication de guides techniques comme ceux de la Régie du bâtiment du Québec et de la Ville de Montréal, il y a enfin une reconnaissance du milieu de la construction. Par contre, il y a un manque important de mesures incitatives », souligne Patrice Godin.

En effet, plusieurs grandes métropoles telles Toronto, Chicago, Tokyo et Paris ont adopté des lois et se sont dotées de mesures afin de munir les nouveaux bâtiments de toit vert.