Aller au contenu principal
x

Le standard Passive House traverse l’Atlantique

27 juillet 2011

Par Lucie Langlois *

L’utilisation des principes physiques passifs est présente dans la construction primitive de nos habitats depuis toujours. L’évolution de la technologie a rendu l’adaptation au climat plus facile, mais aussi énergivore. Le concept de construction passive refait surface en occident à partir des années 70, dans la foulée du mouvement d’expérimentations provoqué par la crise du pétrole.

En Europe du nord, notamment en Allemagne et en Scandinavie, on développe la notion d'habitat performant. C’est à partir de 1988 que des chercheurs allemands élaborent un concept plus spécifique : ils jumellent les connaissances modernes de la science du bâtiment et l’optimisation des stratégies passives.

Le concept Passiv Haus est testé à Darmstadt et génère une économie de chauffage de 90 % par rapport aux standards allemands de l’époque. En 1996, un groupe de recherche travaille à faciliter l’application du concept en mettant en place des critères de certification pour les matériaux, les fenêtres et les systèmes de ventilation. La certification s’est répandue en Europe grâce au programme CEPHEUS (Cost Efficient Passive Houses as Europeen Standard) soutenu par l’Union Européenne à partir de 2000. On y compte maintenant des milliers de maisons certifiées.

Le standard est appliqué autant à des nouvelles constructions qu’à des rénovations. Il est aussi utilisé pour les maisons en rangée, le multilogement, les bâtiments commerciaux et industriels. On considère le standard particulièrement intéressant pour les écoles et les garderies depuis que des études établissent clairement un lien entre la qualité de l’air et l’apprentissage. De nombreux manufacturiers ont intégré les notions de Passive House et offrent des produits performants et innovateurs.

Le standard Passive House est basé sur six principes : la performance thermique de l’enveloppe, la minimisation des ponts thermiques, l’étanchéité à l'air optimale, la ventilation avec récupération de chaleur optimale, les gains solaires passifs optimaux et la consommation d'énergie des appareils ménagers limitée. Un outil de calcul intégrant toutes les composantes du bâtiment permet de valider sa performance globale durant tout le processus de conception. La méthode d’évaluation est basée sur des données quantifiables précises, à savoir :

  • besoins en énergie de chauffage < 15 kWh/m² par an ;
  • étanchéité à l'air : résultat du test d’infiltrométrie de n50 < 0,6 h-1 ;
  • et consommation totale d'énergie de la maison < 120 kWh/m2 par an.

Depuis 2008, une organisation américaine, PHIUS, est autorisée par le Passive House Institute à effectuer des certifications de bâtiment en Amérique. Et, depuis l’automne 2010, le CANPHI, une organisation canadienne, est accrédité pour donner la formation aux professionnels et aux constructeurs. Les premières formations ont eu lieu dans plusieurs villes canadiennes depuis.

Le plus grand défi environnemental dans un climat nordique se situe au niveau de la consommation d’énergie. Le standard Passive House a un avenir prometteur au Canada puisqu’il a été développé particulièrement pour le climat nordique. De plus, le potentiel de chauffage par gains solaires passifs est excellent au Canada. Il faut développer nos propres stratégies adaptées au contexte spécifique canadien.

Au Québec, soulignons-le, une première maison visant la certification Passive House est présentement en construction dans la région de Montebello.

L’expérience vécue au cours des 20 dernières années en Europe est convaincante et inspirante. Elle a prouvé que les solutions techniques existent et sont applicables. L’industrie de la construction a su très bien répondre à des critères de haute performance. L’exemple européen démontre aussi l’importance du rôle joué par les instances politiques pour obtenir un véritable effet d’entraînement sur l’industrie. Devant l’urgence d’agir et de modifier notre attitude face à l’utilisation de nos ressources, il ne faut pas hésiter à apprendre de ce qui se fait de bon ailleurs dans le monde.

Pour obtenir davantage d’information sur le standard Passive House :

Documents vidéo intéressants :

 * L’auteure est présidente d’Alias architecture