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Après-COVID-19 | Miser sur les bénéfices de la transition écologique

2 juin 2020

Louis-Philip Bolduc, Ing., PA LEED BD+C, directeur – Conception chez A+, poursuit sa réflexion sur l’après-crise sanitaire. Deuxième de trois articles.

Je vous faisais part dans mon premier article publié sur voirvert.ca, fin avril, de l’importance qu’il faudra accorder à la transition écologique lors de la reprise post-COVID-19. La vigilance sera de mise afin que les mesures déployées ne résultent pas d’une vision à court terme cherchant uniquement à stimuler la relance de l’économie telle que nous la connaissons.

Pourquoi prioriser autant cette transition écologique? C’est ce que j’entends mettre en évidence dans ce deuxième article, car plus que jamais le savoir-faire en matière de développement durable s’accompagne de bénéfices concrets et permet d’en démontrer le bien-fondé.

Rappelons-nous d’ailleurs que l’année 2020 avait bien commencé. Un budget teinté de vert avait été déposé par le gouvernement du Québec, et des données de plus en plus mesurées permettaient de guider nos décisions. Diverses nouvelles nous informaient aussi que des fonds d’investissement commençaient à évaluer le risque climatique de certaines entreprises avant d’y injecter des capitaux.

Globalement, nous pouvons donc constater qu’il devenait plus facile de connaître le bénéfice écologique, mais aussi l’impact carbone de nos décisions. Prenons comme exemple l’engouement pour la collecte des données reliée à l’exploitation et à la maintenance des bâtiments. Les technologies reliées au bâtiment dit intelligent permettent de visualiser et de quantifier les gains énergétiques, diminuant ainsi la consommation. D’ailleurs, un récent article produit par le GRESB démontre l’importance et la pertinence de mieux numériser la consommation énergétique des bâtiments.

La valorisation par certains acteurs du milieu de l’analyse du cycle de vie des matériaux qui composent le bâtiment est un autre argument à considérer. Des outils développés ici au Québec, comme Gestimat, par Cecobois, qui aident à calculer l’impact carbone permettent facilement de réaliser l’impact d’émissions de GES en phase conception d’un projet. La version 2 de la norme « Bâtiment carbone zéro » (BCZ) est un autre cas concret qui montre le savoir-faire permettant de valoriser et de favoriser la transition écologique. Cette norme du Conseil du bâtiment durable du Canada, rappelons-le, vise à réduire le bilan carbone d’un bâtiment dans son cycle de vie, de la construction jusqu’à son exploitation.

Sur un autre plan, mais plus alarmiste cette fois, certains spécialistes estiment que la crise sanitaire actuelle n’est pas étrangère aux enjeux environnementaux. La déforestation, la perte de biodiversité ou encore l’élevage intensif ne sont que divers exemples de phénomènes qui jouent un rôle d’accélérateur de la crise environnementale, mais aussi dans l’émergence d’une crise sanitaire. Il s’agit d’une corrélation importante que nous nous devons de considérer.

En somme, souvenons-nous qu’avant cette crise, une prise de conscience collective prenait de l’ampleur, créant ainsi un contexte favorable aux mesures écologiques. Il importe donc de faire davantage réaliser la valeur ajoutée des solutions écologiques pour qu’elles deviennent tout simplement incontournables lorsque nous prendrons le dessus sur ce contexte qui chamboule notre quotidien présentement. Voilà le cœur du défi qui nous attend.

C’est Albert Einstein qui le disait : « On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui l’a généré. » Gardons en tête ces avantages pour penser la reprise différemment. Le défi sera collectif puisque la solution passe par chacun de nous. C’est d’ailleurs sur ce point que je vous interpellerai dans mon prochain et dernier article.


*L’auteur est président sortant du conseil d’administration du Conseil du bâtiment durable du Canada – Québec et président du conseil d’administration d’Écohabitation