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La rénovation du collège Notre-Dame-de-Lourdes

16 juin 2010
Par Jean Garon

La rénovation du collège Notre-Dame-de-Lourdes, sur la rive sud de Montréal, a fait la preuve que la déconstruction peut s’avérer bénéfique tant sur les plans environnemental qu’économique. 

La réussite de la première phase de la rénovation écologique au Collège Notre-Dame-de-Lourdes, situé dans l’arrondissement Saint-Lambert à Longueuil, pourrait confondre les plus sceptiques. Surtout que le budget et l’échéancier de ce projet, réalisé dans la première moitié des années 2000, auront été respectés.

Cette démarche, menée par Les Constructions Yergeau Cart, démontre hors de tout doute qu’il est possible de recycler efficacement les matériaux d’un bâtiment à rénover sans y laisser sa chemise. La clé du succès réside dans la bonne gestion des matières résiduelles et dans l’adaptation des méthodes de travail.

Soulignons que la réalisation de cette première phase des travaux effectués au Collège Notre-Dame-de-Lourdes a fait l’objet d’une étude de cas par la firme Gestion Domus Moebius, dont le rapport a été présenté à Recyc-Québec en mars 2004. En gros, il s’agissait d’un projet de rénovation – échelonné sur trois ans – d’un bâtiment d’une superficie totale de 5 300 mètres carrés, répartis sur trois étages, et dont la construction remontait à 1950.

Les travaux de la première phase, entrepris en mai 2003 – ceux qui ont fait l’objet de l’étude, consistaient à rénover le demi-sous-sol de l’immeuble, soit une surface de 2 000 mètres carrés, ainsi que les ailes est et ouest en y construisant un nouveau gymnase et en agrandissant la salle multifonctionnelle. À cela s’est ajouté l’aménagement paysager pour y inclure une piste d’athlétisme.

Dans le cas de ce projet, c’est l’entrepreneur qui a mis en œuvre cette expérience écologique. De concert avec la firme d’architectes associée au projet et la direction de l’établissement, il a convenu de privilégier l’approche environnementale avant le début de travaux en suggérant que des changements soient apportés aux plans et aux spécifications des matériaux. Question de permettre la réutilisation des matériaux récupérés à différentes phases des travaux.

 

Principales interventions

Les premières interventions portant sur la rénovation et le réaménagement du sous-sol ont consisté à ouvrir un mur conduisant à la nouvelle salle multifonctionnelle, à enlever les tuiles acoustiques des plafonds et à dégarnir les murs du sous-sol pour accueillir la cafétéria et la salle d’informatique.

Pour assurer le tri à la source, l’entrepreneur a fait installer trois conteneurs réservés spécifiquement aux débris de gypse et tuiles acoustiques, aux éléments de métal, et aux éléments de béton et de terracotta. L’étude note qu’il a alors été impossible de trouver un recycleur prêt à prendre les conteneurs de gypse et de tuiles acoustiques. En revanche, tous les agrégats de béton et de terracotta ont été expédiés à l’extérieur du site pour être concassés et réintroduits sur le site plus tard dans les aménagements paysagers.

Un grand volume de matériaux et d’éléments architecturaux a pu toutefois être traité et réutilisé sur le site, dont quelque 8 000 blocs de béton qui ont servi à fabriquer des cloisons et des îlots de service dans l’aménagement de la cafétéria. Même chose pour les systèmes d’éclairage à tubes fluorescents, qui ont été entièrement récupérés et réutilisés. En ce qui concerne les portes en bois et les moulures, elles ont été en partie réutilisées sur le site et en partie expédiées chez un commerçant de matériaux récupérés pour la revente.

Pour la construction et l’agrandissement des deux ailes en structure d’acier, l’entrepreneur a également déconstruit les murs existants et récupéré la brique pour l’envoyer au concassage ; elle a ensuite été réintroduite sur le site à titre de matériau de recouvrement de la piste d’athlétisme. Pour le reste des travaux extérieurs, tous les aménagements ont été réalisés en réutilisant les matériaux excavés pour la création de talus et de la rampe d’accès au premier étage.

 

Résultats probants

Selon  les compilations qui ont servi à l’étude, ces travaux exécutés uniquement sur le bâtiment ont généré 315 tonnes métriques de matières, dont 198 tonnes ont pu être récupérées, réutilisées ou recyclées, soit 63 % du volume total. N’eut été de l’impossibilité de trouver un recycleur pour le gypse et les tuiles acoustiques, ce sont 25 tonnes métriques de plus qui auraient pu être ajoutées à ce bilan.

De ce volume, ce sont les débris de béton et la brique qui ont été les plus souvent récupérés, soit dans une proportion de 93,3 %. Les produits en métal et en bois constituaient le reste. L’étude mentionne par ailleurs que la plus grande partie des matières récupérées a été réutilisée sur le site même, soit près de 95 %, la balance ayant été expédiée au recyclage ou destinée à la revente.

Somme toute, l’étude souligne que les coûts supplémentaires en main-d’œuvre pour la récupération des matériaux ont été amplement compensés  par les économies réalisées sur l’achat de nouveaux matériaux. De plus, les méthodes employées pour la gestion des matières résiduelles sous forme de réemploi in situ ont réduit considérablement les coûts directs et environnementaux qu’auraient entraînés le transport et la disposition de ces résidus.