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Le Pavillon universitaire Alouette

3 juin 2015
Par Rénald Fortier

Vol au-dessus du Pavillon universitaire Alouette à Sept-Îles, un bâtiment innovant logeant à l’enseignede la durabilité. Et qui fait la part belle à l’utilisation de l’aluminium.

Dans le complexe entourant le Cégep de Sept-Îles s’élève désormais un bâtiment hors de l’ordinaire. Si son design attire immanquablement le regard, au premier chef en raison de panneaux métalliques perforés en forme de voile installés sur sa façade nord, il se démarque aussi par l’intégration de solutions innovantes. Tant sur les plans technologique qu’architectural.

Ce bâtiment qui loge à l’enseigne du développement durable, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit même s’il ne brigue aucune certification, c’est le Pavillon universitaire Alouette. Inauguré à l’automne 2014, il accueille aujourd’hui l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), qui peut ainsi offrir de nouveaux services d’enseignement sur la Côte-Nord.

Couvrant 2 700 mètres carrés, répartis sur deux planchers hors sol et un autre souterrain, il peut accueillir près de 400 étudiants. Il est occupé par une quinzaine de classes, des laboratoires de recherche, des espaces polyvalents, des salles de visioconférence, des bureaux et un atrium multifonctionnel.

La mise en œuvre de ce projet de 10 millions de dollars a été entièrement financée par Aluminerie Alouette. Un legs à la communauté qui, soulignons-le, s’inscrivait dans la foulée d’une entente intervenue entre l’entreprise et le gouvernement du Québec relativement à l’obtention d’un bloc nécessaire à la mise en œuvre de son projet d’expansion.

Parmi les objectifs visés figurait la construction d’un bâtiment d’enseignement qui serait représentatif de la communauté régionale de Sept-Îles, qui intégrerait des dimensions durable et qui attesterait de la présence d’une industrie majeure qu’est celle de l’aluminium. Sans compter que l’édifice devait offrir des espaces à dimension humaine inspirant l’apprentissage.

« C’est une réalisation qui va avoir un impact certain dans notre région, car elle va contribuer à freiner l’exode des jeunes. Ils ne seront plus obligés de s’exiler, pas tous du moins, pour aller faire des études universitaires », observe Donald Galienne, qui fut le chargé du projet pour Aluminerie Alouette, en soulignant qu’il était de mise de construire un bâtiment éconergétique et intégrant des ressources régionales. 

Autour de l’aluminium

C’est ainsi que ce bâtiment formé de trois socles désaxés, dont la conception intégrée a été amorcée par charrette en juin 2013, est notamment pourvu d’une structure composée de bois lamellé-croisé (CLT) et lamellé-collé fabriqué à partir de têtes d’épinettes noires, une ressource bien présente dans la région. Et que son design s’est articulé autour de l’aluminium.

Pierre André Lévesque, associé de BGLA architecture + Design, explique : « Toute la conception a tourné autour du processus de production de l’aluminium. À savoir les matières premières issues de la terre que l’on mélange ensemble et dans lesquelles on amène un apport d’énergie important, qui est de l’électricité, pour en arriver à un matériau technologique.

« Nous nous en sommes inspirés pour donner forme au bâtiment, poursuit-il. Les matières premières que l’on met en présence l’une de l’autre, on les a représentées par des socles en béton sur lesquels on a déposé des espaces plus légers, soit les classes et les voiles. Et au travers desquelles la lumière qui passe représente l’énergie. »

Intégrant de nombreuses mesures durables et éconergétiques, comme le recours à un système géothermique, l’apport de lumière naturelle et la réduction des matériaux de finition – planchers de béton meulés, plafonds et murs en CLT laissés apparents – le concept met également en valeur des produits ou systèmes constitués en tout ou en partie d’aluminium.

C’est notamment le cas des concentrateurs paraboliques intégrés au toit, dont la combinaison avec le système de froid à éjecto-compression contribue à la mise en place d’une installation solaire hydride sans nulle autre pareille dans le monde. Tout comme se révèle tout aussi particulière au Québec l’utilisation de panneaux en mousse d’aluminium à une grande échelle.

Ces panneaux architecturaux habillent, le long d’une coursive, un volume en forme de tube – espace de transition entre les classes et l’atrium –, qui traverse le bâtiment à partir de l’entrée du hall principal et se projette jusqu’à l’extérieur. Fabriqués à partir d’aluminium recyclé, et 100 % recyclables, ils permettent de laisser filtrer la lumière à travers le tube et ainsi métaphoriser un filtre de la connaissance.

« Il est certain qu’Alouette voulait voir de l’aluminium dans le bâtiment, note Pierre André Lévesque, mais ce n’est pas comme si nous n’avions pas eu le choix de l’utiliser. Sauf qu’en même temps, ça nous intéressait de faire de la recherche et de travailler avec ce matériau qu’on n'utilise pas souvent. Et ça nous intéressait d’autant plus qu’il est produit dans la région. »

Équipe du projet

Promoteur / commanditaire : Aluminerie Alouette

Propriétaire : Université du Québec à Chicoutimi

Architecture : BGLA Architecture + Design urbain

Ingénierie-construction : AXOR Experts-Conseils / AXC Construction

Fournisseur de la structure : (bois CLT et lamellé-croisé) Nordic Structures Bois

 

L’aluminium en vitrine

L’aluminium en vitrine

La construction du Pavillon universitaire Alouette aura été l’occasion d’utiliser plusieurs produits et systèmes en aluminium, ou constitués en partie de ce matériau : meneaux des murs-rideaux ; tôles diverses ; recouvrement en mousse ; capteurs solaires paraboliques ; mur solaire thermique ; voiles installées en façade nord ; poutrelles ajourées soutenant les voiles ; et structures de l’escalier principal.

Consulter notre article : La mousse d’aluminium 

 

Mesures écologiques
  • Plantation d’une trentaine d’arbres pour compenser la coupe partielle d’un boisé sur le site d’implantation
  • Aucun nouvel espace de stationnement ajouté sur le site
  • Trottoirs constitués en poussières de pierre pour minimiser les surfaces dures
  • Vues sur l’extérieur dans une grande partie des espaces
  • Récupération de l’eau de pluie de la toiture pour alimenter les appareils sanitaires et l’arrosage extérieur
  • Appareils de plomberie à débit réduit [lavabos : 1,5 gpm ; douche : 4 gpm ; toilettes : 1,6 gpm ; urinoirs, 1 gpm)
  • Finis intérieurs exempts de composés organiques volatils
  • Bois certifié FSC [lamellé-croisé : 400 m³ ; lamellé-collé : 130 m³]
  • Réduction de matériaux [béton meulé dans les circulations et le grand hall, plafonds et murs en CLT apparents…]
  • Utilisation de matériaux à contenu recyclé
  • Intégration de matériaux de provenance ou de fabrication régionale [aluminium, bois, agrégats…]
  • Membrane de toiture réfléchissante
  • Et autres

 

Stratégies éconergétiques
  • Enveloppe thermique performante
  • Mur solaire thermique de 110 m² en tôle perforée servant à préchauffer l’air neuf
  • Apport de l’énergie solaire passive via la façade sud en hiver
  • Mur-rideau avec verre sérigraphié pour contrôler les gains thermiques en été
  • Système géothermique comportant 21 puits forés à l’horizontal, à une profondeur de 22 pieds, et couplés à une thermopompe [53,2 kW en chauffage ; 45,5 kW en climatisation]
  • Système de capteurs à concentration solaire parabolique combiné avec un système de production de froid à éjecto-compression

 

Système solaire hybride

La centrale solaire thermique du Pavillon universitaire Alouette combine un système cylindro-parabolique solaire développé par Rackam à un éjecto-compresseur, un système de refroidissement mis au point par CanmetÉnergie à Varennes.

Elle est constituée de 15 rangées de concentrateurs paraboliques installés au toit qui, offrant une surface de captation de 214 mètres carrés, fournissent en énergie solaire une boucle fermée d’huile dont la température peut atteindre 240 degrés Celsius. Cette boucle alimente le réseau de chauffage (80-90 °C), de même que l’éjecto-compresser (120 °C) qui produit de l’eau refroidie pour la climatisation des espaces.

En mode chauffage, on estime combler entre 50 et 90 % des besoins du bâtiment. S’il y a un surplus de chaleur, il est utilisé pour recharger les puits géothermiques.