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Urban Sequoia : construire la nouvelle forêt urbaine

8 février 2022

En cette époque charnière de crise climatique, l’environnement bâti est montré du doigt pour sa lourde contribution aux émissions carbone mondiales. Et si on pouvait renverser la tendance, si l’environnement bâti pouvait être une solution aux enjeux climatiques, plutôt qu’une partie du problème? C’est le pari qui a motivé l’équipe de SOM.

Pionnière de l’architecture durable, la firme interdisciplinaire Skidmore, Owings & Merrill (SOM) a dévoilé le concept Urban Sequoia (Séquoia urbain) lors de la conférence COP26 qui s’est tenue à Glasgow en novembre 2021. S’inspirant des processus et des écosystèmes naturels, cette proposition avant-gardiste se présente comme une « forêt » de bâtiments qui séquestrent le carbone à un rythme sans précédent.

Bâtir un nouveau réseau d’absorption du carbone

Pour Chris Cooper, associé chez SOM, viser le Net Zéro n’est plus suffisant. « Le temps où l’on parlait de carboneutralité est révolu. Notre proposition de Séquoia urbain − et, à terme, de « forêts » entières de séquoias – transforme les bâtiments, et donc nos villes, en une partie de la solution. Elle les conçoit pour qu’ils séquestrent le carbone et modifient ainsi efficacement le cours des changements climatiques. »

Le prototype dévoilé l’automne dernier prend la forme d’un immeuble modulaire et préfabriqué, au centre duquel est intégré un système de filtration d’air et de production de biomasse. Ce bâtiment peut séquestrer jusqu’à 1 000 tonnes de carbone par an, soit l’équivalent de 48 500 arbres. Sur un cycle de vie de 60 ans, il absorberait jusqu’à 400 % de carbone de plus que ce qu’il aurait pu émettre pendant sa construction.

La conception du Séquoia urbain est basée sur une approche holistique du bâtiment. Elle intègre des solutions et des matériaux naturels qui non seulement utilisent beaucoup moins de carbone que les options conventionnelles, mais aussi l’absorbent au fil du temps. Des matériaux comme la bio-brique, le béton de chanvre, le bois et le biocréte réduisent les émissions de construction de 50 % par rapport au béton et à l’acier. SOM estime par ailleurs qu’une approche progressive pourrait même réduire jusqu’à 95 % les émissions de construction.

« La force de cette idée réside dans son caractère réalisable, explique Yasemin Kologlu, directrice chez SOM.  Notre proposition associe de nouvelles idées de conception à des solutions basées sur la nature et à des technologies émergentes et actuelles d’absorption du carbone; elle les intègre de manière inédite dans l’environnement bâti. »

De plus, ces solutions peuvent être adaptées à différents contextes.  « Nous avons développé notre idée de manière à ce qu’elle puisse être appliquée et adaptée pour répondre aux besoins de n’importe quelle ville du monde, avec un potentiel d’impact positif à n’importe quelle échelle de bâtiment », complète Kent Jackson, associé de SOM. « C’est une voie vers un avenir plus durable qui est accessible aujourd’hui. »

Les bases d’une nouvelle économie ?

Visionnaire, SOM envisage une nouvelle économie du carbone propulsée par la production de biomatériaux intégrée à ses immeubles et par la quantité importante de CO2 captée par ceux-ci. 

Biomasse et algues pourraient, par exemple, transformer le bâtiment en une source de biocarburant qui alimenterait les systèmes de chauffage, les voitures et les avions, ou encore en une source de bioprotéines utilisables dans de nombreuses industries.

À une échelle encore plus grande, les sous-produits de la construction d’un Séquoia urbain pourraient contribuer à révolutionner la façon dont les infrastructures sont conçues et entretenues. L’équipe de SOM imagine des biomatériaux pour les routes, les revêtements et les canalisations conçus à partir du carbone capté et de la biomasse produite par ses séquoias urbains. Ainsi construites, ces infrastructures auparavant « grises » pourraient séquestrer jusqu’à 120 tonnes de carbone par kilomètre carré.

Mina Hasman, directrice associée principale de SOM, imagine un avenir où des quartiers entiers seraient inspirés par ce projet. « Si le Séquoia urbain devenait la référence pour les nouveaux bâtiments, nous pourrions réorienter notre industrie pour qu’elle devienne le moteur de la lutte contre le changement climatique. » Un souhait assurément partagé par nombre des acteurs de l’architecture et de la construction.

Le concept Urban Sequoia a été développé par SOM en collaboration avec Architecture 2030, Open Air Collective, l’Université du Colorado à Boulder et CMG Landscape Architecture.

Source : SOM