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Zoom sur le Centre d’exploration du Parc de la Rivière-des-Mille-Îles

27 mai 2021
Par Valérie Levée

Une réalisation durable qui se pose en exemple dans le domaine municipal : le Centre d’exploration du Parc de la Rivière-des-Mille-Îles, à Laval.

Au Centre d’exploration du Parc de la Rivière-des-Milles-Îles, dans le quartier Sainte-Rose à Laval, il y a mille et une façons d’explorer la nature environnante : à pied, en canot, en visitant l’exposition, en écoutant une conférence et même en mettant l’œil au microscope. Les enfants, en camp de jour ou en groupes scolaires, peuvent aussi aller barboter dans les berges à la recherche de la faune et de la flore. De retour au laboratoire, ils peuvent manipuler des tortues ou faire des observations au microscope. Des chercheurs y ont aussi leur laboratoire pour leurs propres observations.

Les concepteurs du projet avaient donc le défi de juxtaposer dans un même bâtiment des fonctions aussi disparates qu’une salle de camp de jour, un local de location d’équipements nautiques, une salle d’exposition, une salle de conférence, un laboratoire, en plus d’un hall d’accueil pourvu d’un bistrot, d’une salle polyvalente et des diverses salles mécaniques, de locaux des employés, des toilettes et des douches. « Il fallait éviter que le bruit des enfants dans la salle de camp de jour n’atteigne la salle d’exposition », illustre l’architecte Jean-François Julien, associé de Julien Cardin, en soulignant que ce défi a été résolu en prenant avantage de la pente du terrain.

Il faut savoir que le parc est situé entre la rivière des Mille-Îles et le boulevard Sainte-Rose, sur un terrain présentant une déclivité à l’approche du cours d’eau. L’idée des concepteurs a été d’implanter un bâtiment de trois étages à même la pente. Le premier étage, appelé rez-de-rivière, donne accès aux activités directement liées à la rivière, c’est-à-dire la location d’équipements, le laboratoire et la salle de camp de jours. Le deuxième plancher, soit le rez-de chaussée, est directement accessible depuis le stationnement et abrite l’accueil et son bistrot, la salle d’exposition et la salle de conférence. Le troisième niveau, désigné tout simplement sous l’appellation l’étage, loge la salle polyvalente.

Pour faire place à ce nouveau bâtiment, l’ancien a été démoli et la piste cyclable et les accès piétonniers ont été revus. Les travaux ont commencé en avril 2017 et ont pris fin en octobre 2018 pour une inauguration en mars 2019.

Les lignes contrastées du bois

Lauréat d’un Prix d’excellence Cecobois 2021, le bâtiment fait bon usage du matériau bois. Si les murs du rez-de-rivière, partiellement enterrés, sont en béton, toute la structure du rez-de-chaussée et de l’étage est en bois, composée essentiellement de poutres et de colonnes en lamellé-collé ainsi que de quelques sections en lamellé-croisé. Entre les poutres, les plafonds sont complétés par du platelage de bois.

À l’intérieur, toute la structure et les platelages sont laissés apparents et leur couleur naturelle contraste avec les murs peints en blanc. Le contraste est encore plus saisissant avec la volumineuse boîte noire suspendue au centre du hall. Cette boîte, également en bois, cache des équipements mécaniques en plus de jouer un rôle acoustique. « Le bois est rainuré dans un sens à l’avant et dans l’autre sens à l'arrière, ça donne du vide dans le panneau et ça absorbe le son », explique Jean-François Julien.

Dans le bistrot, le grand mur-rideau qui ouvre la vue sur le boisé est également en bois, créant une évidente transition entre les éléments structuraux et les arbres. Quant au revêtement extérieur, il est entièrement constitué de clins de pin horizontaux et teints en foncé. Originalité des lieux : des poutres de l’ancien bâtiment ont été récupérées et recyclées en bancs.

Soulignons qu’outre les membres de l’équipe de projet et de la Ville de Laval, le prix attribué par Cecobois a aussi permis de mettre en relief la contribution de Nordic Structures, IC2 Technologies, Juste du Pin et Solutions acoustiques 2012 à l’intégration du bois dans le bâtiment.

Un bâtiment durable

C’est dans la catégorie Développement durable que le Centre d’exploration du Parc de la Rivière-des-Mille-Îles a obtenu ce Prix d’excellence Cecobois, alors qu’il se distinguait déjà par une certification LEED-NC, niveau Or grâce à l’intégration d’un ensemble de mesures durables, notamment sur les plans de l’efficacité énergétique et de la gestion de l’eau.

Le bâtiment est chauffé et climatisé par une boucle d’eau mitigée maintenue à une vingtaine de degrés. Réparties dans les bâtiments, des thermopompes eau-air puisent dans cette boucle la chaleur ou le froid dont elles ont besoin pour maintenir la température de consigne dans les différents espaces. En toiture, un refroidisseur permet de refroidir le système durant les fortes chaleurs estivales, tandis qu’une chaudière électrique est mise à profit en appoint durant les froids hivernaux.

Tout l’air qui entre et qui sort du bâtiment converge vers une unité centrale qui récupère 90 % de la chaleur. « J'ai fait des vérifications avec des mesures ponctuelles et des relevés dans le temps pour vérifier qu'il y avait bien une efficacité de 90 % », confirme l’ingénieur Mathieu St-Germain, expert mise en service chez Bouthilette Parizeau. D’autres thermopompes eau-eau puisent à la boucle d’eau mitigée pour alimenter le chauffage radiant des planchers des rez-de-rivière et rez-de-chaussée.

Dans la salle d’exposition, les concepteurs ont dû faire preuve d’ingéniosité car le plafond est occupé par les rails des présentoirs et ne permettait pas d’installer les conduits de ventilation. C’est donc par le sol que l’air est distribué. « L’air est soufflé dans l’entre-plancher et évacué dans la salle par des diffuseurs percés dans certaines tuiles du plancher. Si on veut changer l’exposition, il suffit de changer les tuiles de place », explique Emmanuelle Grenon, ingénieure, conceptrice principale en mécanique du bâtiment, chez WSP.

À ces équipements mécaniques s’ajoute une isolation par l’extérieur pour diminuer les ponts thermiques, avec de l’isolant semi-rigide pour une résistance thermique RSI de 3,36 et 4,25 selon les murs. Des murs-rideaux en bois jouent aussi leur part puisque, comme le dit Jean-François Julien, « le point faible d’un mur-rideau, ce sont les meneaux en aluminium et non le verre ». En outre, ces murs-rideaux sont pourvus de verre triple avec argon et à faible émissivité (U = 0,98 W/m2.K).

La combinaison de toutes ces stratégies ont permis pour l’année 2019 une économie d’énergie de 72 % par rapport à un scénario de référence calculé selon le modèle CMNÉB 1997 adapté pour le Programme ÉcoPerformance de Transition énergétique Québec. Ces économies d’énergie ont permis d’éviter l’émission de 188,7 tonnes d’éq. CO2 dans l’atmosphère.

L’autre mesure clé qui a permis d’obtenir la certification LEED Or est la récupération des eaux de pluie pour alimenter les sanitaires, combinée avec l’utilisation d’appareils à faible débit. Le résultat est une réduction de 62 % de la consommation d’eau par rapport au bâtiment de référence.

Équipe de projet

Client : Ville de Laval

Architecture : Cardin Julien

Architecture de paysage : Fauteux et associés

Génie structural, civil et électromécanique : WSP

Construction : Groupe Geyser

Accompagnement LEED et mise en service : Bouthillette Parizeau

 

Le matériau bois
  • Structure de poutres et colonnes de bois lamellé-collé : section des colonnes 184 x 327 à 327 x 327, section des poutres 279 x 505 mm
  • Bois lamellé-croisé de 105 mm d’épaisseur dans le haut de la cage d’escalier et de quelques portions hautes de murs
  • Platelage : lamelle de bois de 54 mm aux plafonds et toiture
  • Volume total de bois (platelage, bois lamellé-collé et bois lamellé-croisé) : 1 436 m3
  • Revêtement extérieur en clins de bois de pin
  • Mur-rideau en bois
  • Panneaux acoustiques

 

Les mesures durables
  • Réduction des îlots de chaleur en toiture : toiture végétalisée et toiture blanche.
  • Transport : accès au site par une piste cyclable, borne de recharge pour les véhicules électriques.
  • Gestion de l’eau : récupération de l’eau de pluie et utilisation pour les sanitaires, appareils à faible débit, le choix de plantes pour l’aménagement paysager ne nécessitant pas d’irrigation.
  • Gestion de l’éclairage : contrôle de l’éclairage extérieur par des cellules photosensibles, choix et positionnement des éclairages extérieurs pour réduire le halo de lumière, contrôle de l’éclairage intérieur par des détecteurs de mouvements, lampes DEL.
  • Lumière naturelle : mur-rideau du bistrot.
  • Efficacité énergétique : réduction des ponts thermiques, triple vitrage, chauffage et climatisation par boucle d’eau mitigée combinée à un refroidisseur et une chaudière électrique.
  • Et autres.