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Faune, flore et bâtiment durable

17 octobre 2022
Par Josée Comeau*

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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La vie, telle qu’on la connaissait, change au gré de la crise écologique mondiale. Alors que le secteur de la construction contribue à créer de la pollution, des solutions doivent être trouvées et appliquées. Celles-ci devront à la fois contribuer à diminuer l’empreinte globale de l’industrie en matière de carbone et limiter la perte de biodiversité.

Vagues de chaleur, inondations, sécheresses, ouragans et fonte de glaciers ne sont que quelques exemples ponctuels et frappants associés aux changements climatiques. Outre ces événements spectaculaires, la perte de la biodiversité (faune et flore) se révèle être tout aussi catastrophique ou l’est encore davantage selon certains.

L’urbanisme privilégiant la voiture, souvent associée aux villes et aux banlieues, nécessite son lot de routes et de constructions apparentées. De ce fait, la localisation d’un bâtiment n’est pas sans conséquence sur les milieux naturels, comme nous l’a fait connaitre la tristement célèbre rainette faux-grillon. L’urbanisation a aussi des effets environnementaux importants, comme le remplacement de la végétation et des sols perméables à l’eau par des surfaces minéralisées, dures et imperméables. Certains matériaux, comme la peinture, contiennent des biocides qui perturbent la faune et la flore et augmentent la charge de micropolluants dans nos eaux.

Selon le journal Dezeen, aux États-Unis, on estime que des milliards d’oiseaux meurent chaque année à la suite d’une collision mortelle avec une paroi vitrée d’un bâtiment à plusieurs étages[1]. D’ailleurs, depuis le 1er janvier 2021, la plupart des surfaces vitrées composant les nouvelles structures de la ville de New York doivent présenter un « Threat Factor  »[2] réduit (25 et moins). La Ville a aussi lancé une initiative appelée Lights Out visant à protéger les oiseaux migrateurs qui volent la nuit[3]. Au Canada, la Ville de Toronto n’est pas en reste, celle-ci ayant adopté, dans le cadre de son programme Toronto Green Standard, des politiques semblables visant à réduire les collisions entre les oiseaux et les bâtiments ainsi que la pollution lumineuse qui peut perturber le vol migratoire des oiseaux. La certification LEED se préoccupe elle aussi de ces collisions, en proposant le crédit en innovation Bird Collision Deterrence. Ce crédit repose notamment sur le « Material Threat Factor », un indice ayant une valeur comprise entre 1 et 100. Cet indice, développé en 2010 par l’American Bird Conservancy et des architectes, vise à assigner un pointage aux matériaux en fonction de leur capacité à être détectés par les oiseaux et ainsi éviter les collisions. Cet indice permet de caractériser les matériaux neufs ainsi que les matériaux utilisés lors de rénovation de surfaces existantes.

Nous ne voudrions pas passer sous silence que les toits verts peuvent aussi contribuer à la biodiversité en offrant un habitat adapté aux abeilles et à d’autres insectes pollinisateurs. Ces milieux sont cependant soumis à un stress important en raison de la faible profondeur des sols et de l’assèchement important causé par le vent et le soleil. Le choix de substrats, leur épaisseur et des semences incluant des fleurs sauvages peuvent certainement contribuer à maintenir la biodiversité en milieu urbain.

Au bout du compte, le secteur de la construction devra se réinventer, un petit geste à la fois. Dans cette optique, il importe d’avoir la planète à cœur et de déployer les efforts requis pour assurer à tous une qualité de vie tout en soutenant la biodiversité, deux aspects étroitement liés.


*L’auteure est directrice des ventes Est du Canada chez Hurtubise et bénévole au comité des communications de Bâtiment durable Québec.