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La maçonnerie vue sous l’angle de la durabilité

29 mars 2023
Par Adrien Sparling I Canada Masonry Design Centre

Boma Québec CHRONIQUE DU CONSEIL DE L’ENVELOPPE DU BÂTIMENT
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Qui dit maçonnerie, dit économie, écoresponsabilité, intemporalité et durabilité.

La construction en maçonnerie a une longue histoire et a fait ses preuves quant à la durabilité et la résistance au feu. Aujourd’hui les placages de briques et les structures en maçonnerie de blocs de béton armé demeurent des modes efficaces et économiques pour la construction d’immeubles. Les enjeux que l’on vit aujourd’hui, entre autres la crise du logement et la crise du changement climatique, nous donnent plusieurs raisons de construire avec ces matériaux économiques et durables qui procurent une excellente protection aux occupants.

La construction en maçonnerie offre bien des avantages. Les structures fabriquées avec cette méthode sont incombustibles et nécessitent peu d’entretien. Les murs et placages de maçonnerie résistent aux chocs accidentels et aux dégâts d’eau, et ces matériaux ne sont pas un milieu de croissance pour la moisissure. Du côté environnemental, la durabilité des matériaux de maçonnerie permet une longue vie de service exigeant peu d’entretien, distribuant ainsi sur une longue période l’énergie et les émissions de GES associées à la construction. Par ailleurs, une fois la construction terminée, la masse thermique des murs porteurs en maçonnerie peut contribuer à une réduction des besoins énergétiques pour le chauffage et la climatisation.

Pour faire un usage efficace de ces matériaux, les divisions entre les unités de logement d’un immeuble en maçonnerie servent souvent de murs porteurs et sont donc construites en blocs de béton. De telles cloisons structurales entre les unités constituent des séparations qui, grâce à leur composition requise pour des raisons structurales, ont souvent le double de la résistance au feu minimale exigée dans le Code national du bâtiment du Canada (CNBC).

Résistance au feu

En cas d’incendie, il serait donc peu probable que des dégâts significatifs se produisent à l’extérieur de l’unité dans laquelle le feu s’est déclenché. En plus de cette résistance au feu exceptionnelle, les murs de maçonnerie résistent à la transmission de bruits aériens, atteignant l’indice de transmission du son (ITS) minimal requis du CNBC avant même d’ajouter des matériaux de finition. Cette résistance au feu et à la transmission de bruits assure la sécurité et le confort des occupants.

Par ailleurs, un rapport d’analyse des coûts de construction, estimés par une tierce partie, d'un immeuble multirésidentiel de quatre étages a été rédigé par le Canada Masonry Design Centre (CMDC) pour la région de l’Atlantique canadien. Cette analyse, publiée en 2020, a démontré que la maçonnerie porteuse était non seulement compétitive en termes de coûts par rapport à la construction à ossature en bois conventionnelle, mais qu'elle offrait également des épargnes importantes pour la construction incombustible par rapport à la construction en béton coulé.

Une autre étude fut élaborée aux États-Unis par Walter Schneider III (Ph.D., P.E., CBO, MCP, CFO) pour la National Concrete Masonry Association (NCMA). Cette étude, publiée en 2017, a été adaptée pour le Canada grâce au financement de la Canadian Concrete Masonry Producers Association (CCMPA). Même si elle a suivi une méthodologie différente de celle du CMDC, les conclusions demeurent tout de même similaires.

Selon l’analyse du Dr Schneider, les coûts de construction pour un immeuble multirésidentiel en maçonnerie dans plusieurs villes au Canada, y compris à Montréal, sont comparables à ceux de la construction en bois. Et depuis la publication de ces deux analyses, le prix des matériaux de construction en bois a subi de larges fluctuations et une augmentation importante. Durant cette même période, le prix des matériaux de maçonnerie est resté relativement stable.

Finalement, les murs porteurs en maçonnerie de blocs de béton atteignent rapidement leur résistance maximale à la compression et les dalles évidées préfabriquées qui forment les planchers n’ont besoin d’aucun étaiement après l’installation. Ce type de construction permet aussi de coordonner plus facilement le travail des divers corps de métiers. La construction de structures en maçonnerie de blocs de béton armé a donc un calendrier de construction accéléré comparativement à la construction en bois ou en béton coulé. Ceci peut avoir comme effet de réduire les frais d’assurance durant la construction (période de construction plus courte) et permet de tirer profit de la construction (prise de possession du bâtiment et/ou location des unités) plus rapidement.

Détails d’exécution

Puisque les travaux de maçonnerie sont nécessairement accomplis à la main par des maçons minutieux, il est important pour les concepteurs de bien comprendre les modalités de construction et les enjeux associés aux détails de l’exécution. Pourtant, les normes de calcul et de conception pour les ouvrages en maçonnerie se trouvent méconnues des architectes et des ingénieurs au Québec. C’est pourquoi le CMDC, en partenariat avec l’Association des entrepreneurs en maçonnerie du Québec (AEMQ), offre un service technique aux concepteurs, gracieuseté de l’AEMQ.

Le CMDC a comme but de créer des liens solides entre la communauté des concepteurs et celle des entrepreneurs du domaine de la maçonnerie. Les ingénieurs du CMDC, dont ceux du bureau de Montréal, sont des experts des normes et des codes canadiens pertinents à la construction en maçonnerie.