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L’évolution des certifications environnementales à l’ère post-COVID-19

9 septembre 2020
Par Martin Bouchard

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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Les organismes de certification des bâtiments durables bonifient leur approche pour favoriser la santé, la sécurité et le mieux-être des occupants en cette période de crise sanitaire.

La pandémie de coronavirus a bouleversé plusieurs aspects de nos vies individuelles et collectives. Parmi les changements survenus récemment, plusieurs organisations ont révisé leurs façons de faire et les organismes de certification des bâtiments durables n’ont pas hésité à bonifier leur approche pour tenir compte de la présente crise sanitaire et des difficultés inhérentes au « retour à la normale » ou à la réintégration des occupants dans les bâtiments.

Afin de favoriser l’adoption de meilleures pratiques, le US Green Building Council (USGBC) a dévoilé six crédits pilotes. Le premier changement s’avère essentiel face à la lutte contre la pandémie, il s’agit du nettoyage et de la désinfection des espaces. Le deuxième crédit pilote porte sur la réintégration des espaces. Ce crédit est basé sur l’outil d’évaluation de la réoccupation des espaces (Re-occupancy Assessment TOOL) développé par l’American Institute of Architects (AIA). Le troisième concerne la qualité de l’eau. Il vise à s’assurer de la qualité de l’eau circulant dans le bâtiment et fournie aux occupants. Certains bâtiments ayant été fermés pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines ont pu voir la qualité de l’eau dans les installations et dans la tuyauterie se dégrader au cours de cette période. L’évolution et l’apprentissage sur les modes de transmission du virus ont amené le USGBC à s’intéresser, avec le quatrième crédit pilote, à la qualité de l’air intérieur. Celui-ci s’appuie sur les normes LEED existantes et vise à soutenir des ajustements afin de limiter la propagation du virus. Les cinquième et sixième s’appliquent uniquement aux projets visant la certification villes et communautés. Ces crédits pilotes visent à aider les villes et les communautés à contrôler la propagation du virus en tenant compte de la réalité socio-économique des différents milieux, tout en s’assurant de considérer l’équité sociale lors de la réalisation des différentes interventions.

 Quant à la certification WELL, l’International WELL Building Institute (IWBI) a élaboré le Health-Safety Rating. Ceci a été développé à la suite des recommandations de plus de 600 experts issus des domaines de la santé publique, de la médecine, du design, du développement immobilier, du milieu gouvernemental et de la recherche. Cette évaluation (rating) est l’un des premiers documents produits par le groupe de travail (Task Force) de l’IWBI sur la COVID-19. Elle repose sur une série de critères provenant de la certification WELL qui ont été adaptés pour les tâches de gestion et d’opération d’un bâtiment. L’évaluation repose sur 21 caractéristiques regroupées dans ces cinq catégories clés : procédure de nettoyage et d’assainissement; préparation de plan d’urgence; ressource en matière de service de santé; gestion de la qualité de l’air et de l’eau; et engagement des parties prenantes et communication. Des 21 caractéristiques issues de ces cinq catégories, 15 exigences doivent être satisfaites.

La certification Fitwel n’est pas en reste, les promoteurs ayant élaboré à partir des crédits existants des pistes de solution via le Fitwel’s Viral Response Module

Toutes ces initiatives sont certes les bienvenues. Cependant, au-delà des certifications et de leurs promoteurs, nous croyons que la crise sanitaire ouvre un vaste champ de possibilités aux concepteurs et promoteurs innovants qui souhaitent sortir des chantiers battus afin d’améliorer la santé, la sécurité et le mieux-être des occupants. Les certifications possèdent, à même leurs structures existantes, plusieurs pistes d’amélioration via, entre autres, les crédits en innovation. La certification WELL, avec le concept d’altruisme, pourrait aussi permettre d’aborder les changements à apporter de manière large en intégrant de façon originale et créative l’aspect social de la durabilité pour une reprise saine de l’économie… mais aussi pour toutes les parties prenantes de la société.


*L’auteur est coordonnateur, Opérations, vente et marketing chez Vincent Ergonomie. Il est bénévole au comité des communications de la section du Québec du Conseil du bâtiment durable du Canada depuis 2013 et ambassadeur Fitwel depuis 2017.