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Une transition progressive vers le travail hybride

7 février 2023
Par François Cantin, M. Sc. Arch.

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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La pandémie a grandement transformé les habitudes de travail. Si le télétravail était pendant quelques mois une nécessité, il est dorénavant apprécié par plusieurs et donne lieu à un nouveau mode de travail hybride. Pour réussir cette transition, les employeurs doivent toutefois revoir leurs procédures et leurs espaces.

Le 16 janvier dernier, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada a officiellement amorcé une transition vers une formule uniformisée de travail hybride pour l’ensemble des ministères. Cette transition progressive, qui se poursuivra jusqu’à la fin du mois de mars, imposera dorénavant aux fonctionnaires fédéraux une présence au bureau de deux à trois jours par semaine (ou de 40 % à 60 % de leur horaire).

Bien que les bénéfices associés à un retour au bureau puissent être nombreux (ancrage social, plaque tournante de la collaboration informelle, catalyseur du mentorat, etc.), cette transition est loin de faire l’unanimité auprès du personnel et de ses représentants syndicaux. Alors qu’une menace de grève plane sur la fonction publique fédérale en raison d’importants désaccords concernant les salaires et les horaires, tout porte à croire que les paramètres régissant le télétravail seront eux aussi débattus aux tables de négociation dans les mois à venir.

Transition à risque

Au dire de plusieurs membres du personnel fédéral, les environnements de travail actuels ne sont pas en mesure de soutenir un retour massif des fonctionnaires au bureau. Les équipements désuets ou inadéquats ainsi que le manque de locaux et d’espaces adaptés aux tâches à effectuer sont au nombre des raisons évoquées pour justifier le maintien du télétravail.

Cette position n’est pas sans rappeler certaines conclusions d’une vaste enquête réalisée en octobre dernier par Andrée-Anne Deschênes, professeure en gestion des ressources humaines au campus de Lévis de l’Université du Québec à Rimouski. Menés auprès de plus de 3900 fonctionnaires de l’État québécois, les travaux de Mme Deschênes ont notamment révélé bon nombre d’insatisfactions liées au travail hybride. Le manque de flexibilité dans le choix des journées en présence, l’ergonomie déficiente des postes de travail et des espaces trop bruyants qui nuisent à la concentration contribuent à diminuer l’intérêt envers le travail en présentiel. En bref, une majorité de travailleurs ne perçoit pas les avantages et les bénéfices de se rendre au bureau pour effectuer leurs tâches.

Pour une transition réussie

Pour favoriser l’intérêt envers le travail en présentiel et maximiser sa valeur ajoutée, tout en soutenant adéquatement le personnel optant pour un mode hybride, une refonte majeure des environnements de travail s’avère plus que nécessaire. Ajoutons que cette métamorphose aura avantage à s’inscrire dans le concept de milieu de travail axé sur les activités (MTAA[1]), comme le définit le Guide de la transformation du milieu de travail de la Société québécoise des infrastructures.

Figure tirée du Guide de la transformation du milieu de travail de la SQI (2022)

Conçu sur la base des besoins fonctionnels de ses occupants, le MTAA est planifié en considérant trois piliers fondamentaux, soit :

  • Une organisation du travail repensée, considérant le télétravail, le bureau « sans papier », la transformation des modes de gestion et la mise en place d’approches collaboratives innovantes
  • Des technologies adaptées, permettant aux utilisateurs de travailler de façon efficiente tout en étant entièrement mobiles
  • Des espaces sur mesure et flexibles, proposant une variété de typologies de points de travail propices à soutenir les activités et les besoins du personnel, en adéquation avec leurs préférences

Ce n’est qu’en intégrant pleinement ces trois piliers à leur projet de transformation que les organisations pourront réellement tirer profit de leurs milieux de travail.

 


*L'auteur est associé, directeur avant-garde et chargé de projet chez Coarchitecture, spécialiste des stratégies d’occupation et du confort de l’occupant au sein des environnements de travail, formateur à la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval et pour Formations Infopresse, ainsi que bénévole pour Bâtiment durable Québec (BDQ).

1. Le MTAA vise à fournir au personnel les meilleures circonstances pour réaliser chacune de ses activités liées au travail sans distinction de statut ou niveau hiérarchique. Tirant profit d’un mode de travail mobile et numérique affranchi des points de travail assignés, le MTAA permet à ses utilisateurs de choisir le cadre de travail qui convient le mieux à leurs activités et préférences.