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Transition verte à la lumière du coronavirus

12 novembre 2020
Par Marie-France Stendahl et Carl Bäckstrand

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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Avec la pandémie, nous avons assisté à d’énormes changements. À Stockholm comme à Montréal, les immeubles de bureaux et les rues des centres-villes ne sont pas très occupés, alors que la vie en banlieue est soudainement devenue beaucoup plus diversifiée. Que restera-t-il de tout ça dans une situation post-Covid-19? Comment cela changera-t-il notre perception de ce que signifie réellement une ville saine?

La densité élevée associée au centre-ville commence à être remise en question. L’accès à un espace extérieur, de préférence à un espace vert, est désormais très apprécié. Les structures vertes prennent beaucoup de temps à se développer et pour la plupart des villes, elles ont été planifiées il y a des décennies. Certains projets, dont le plan de développement de Copenhague, selon un modèle « doigts de la main » (Fingerplanen), ont été fructueux et permettent un accès facile au centre-ville.

Aujourd’hui, nous avons tendance à nous concentrer sur la création de petits parcs dans les centres-villes, tandis qu’à la périphérie, il existe souvent encore des espaces verts qui seront très probablement traités avec plus de soin. On s’attend ainsi à ce que la valeur des propriétés dans les banlieues augmente. Nous devons donc nous assurer que le logement abordable deviendra un élément essentiel du développement futur dans tous les quartiers d’une ville.

Les transports en commun ont été soumis à une forte pression au cours de la pandémie et sont maintenant en train de se transformer pour s’adapter à la distanciation sociale requise lors des déplacements. D’autre part, il n’est tout simplement pas possible de compter sur des voitures privées pour déplacer tout le monde. Il n’y a simplement pas assez d’espace pour les voitures et l’espace libre dont nous disposons dans les villes devrait être alloué aux personnes y vivant activement. Par conséquent, l’ajout de voies cyclables et piétonnes devraient être prioritaire.

Les locaux pour bureaux existants deviennent plus flexibles. Le bureau n’est pas qu’un espace physique, il s’agit aussi d’un lieu de rencontre entre collègues, partenaires et clients. En outre, d’après ce que nous entendons des promoteurs, nous nous attendons à ce que de nombreux immeubles de bureaux soient transformés partiellement en usage mixte avec bureaux aux étages inférieurs et espaces de vie aux étages supérieurs.

En banlieue, on observe une tendance similaire vers des quartiers plus polyvalents. Lorsque les gens travaillent à domicile sur une longue période, cela peut engendrer une pression sur les relations familiales. Nos habitations ne sont pas conçues pour permettre aux gens d’assister à des réunions vidéo toute la journée ou pour être un lieu de travail approprié lorsque les enfants et leurs amis jouent dans leurs chambres. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il y a eu un intérêt pour les locaux pour bureaux partagés en banlieue.

Dans une perspective plus large, cela mènera très probablement à un recentrage sur le « local » et sur la façon de rendre les communautés plus résilientes. Renforcer les quartiers en les rendant plus diversifiés et complexes dans leurs fonctions et ainsi permettre et encourager une économie circulaire comprenant la production locale de denrées alimentaires et d’énergies renouvelables, la gestion responsable de l’eau et des déchets, la réutilisation et la valorisation des matériaux est une bonne nouvelle pour le climat.

Le 16 septembre, en faisant référence au Green Deal, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a souligné l’importance de l’architecture et la nécessité de travailler de manière interdisciplinaire pour gérer un avenir durable. Il s’agit d’une étape importante et cela montre la puissance de l’aménagement lorsque nous combinons la question climatique à un agenda social.


* Marie-France Stendahl, architecte, est directrice du marché canadien, White arkitekter AB, et Carl Bäckstrand, architecte associé, deputy CEO, White arkitekter AB