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À l’heure de la toiture bleue

8 juillet 2020
Par Rénald Fortier

Une solution en toiture innovante permettant d’atténuer les surverses à l’égout lors d’épisodes de pluies abondantes.

Épisodes de précipitations intenses de plus en plus fréquents, minéralisation des surfaces, réseaux d’égout saturés : la gestion des eaux de ruissellement se pose plus que jamais comme un enjeu majeur dans les agglomérations urbaines. Et s’il est possible de ralentir l’écoulement des eaux de pluie, par exemple au moyen de saillies végétalisées drainantes en bordure de rue ou de toits végétaux, les solutions permettant de les capter et de les détenir assez longtemps pour désengorger l’infrastructure pluviale ne sont pas légion.

Voilà pourquoi Hydrotech a développé une toiture bleue, une solution permettant de détenir les eaux de pluie au toit en les redirigeant progressivement à l’égout, au moyen de drains à débit contrôlé, dans les 24 heures suivant l’événement. Mis au point initialement pour répondre aux besoins spécifiques d’un projet du Northwestern Medical Center conçu par Perkins + Will, à Chicago, ce système vient de trouver une première application au Québec alors que la firme DMA architectes l’a intégré au design de la restauration de la terrasse en hauteur d’un pavillon de l’Université McGill, à Montréal.

« La toiture bleue, c’est une mesure d’adaptation aux changements climatiques qui s’accompagnent de plus en plus d’événements de pluie violents et de surverses que ne peuvent absorber nos infrastructures, indique Denis Gingras, directeur national des ventes chez Hydrotech. Alors que l’espace est très limité pour mettre en place des bassins de rétention au sol ou en souterrain dans les milieux fortement densifiés, les surfaces planes inexploitées des toitures offrent pour leur part un grand potentiel pour capter les précipitations. »

Il précise qu’une toiture bleue peut être conçue selon la capacité de stockage visée par le concepteur d’un projet. Elle peut ainsi être déployée sur une surface de 10 000 pieds carrés, avec une épaisseur de six pouces, ou encore sur 3 000 pieds carrés, avec une épaisseur de trois pouces dans ce cas, pour ne citer que ces exemples. Bref, la configuration du système peut varier selon les caractéristiques souhaitées par le client.

Une solution, trois options

Le système développé par Hydrotech prend assise sur sa membrane d’imperméabilisation MM6125. Couverte par une déclaration environnementale de produit depuis le printemps 2018, notons-le, elle est constituée de bitume ainsi que de matières recyclées : poudre de verre, criblures de pneus et huiles regénérées.

« Une toiture bleue doit être composée d’une membrane d’imperméabilisation conçue pour résister à une charge hydrostatique permanente, comme celle en bitume caoutchouté appliqué à chaud, car ce type de membrane peut être utilisé en condition d’immersion pour toute sa durée de vie utile », indique Denis Gingras en soulignant que l’isolant doit être un polystyrène extrudé de type IV résistant à l’eau et que le matériel de lest doit être calculé en fonction de la flottabilité négative de l’isolant.

Pour une toiture à membrane protégée, la détention de l’eau se fait dans les vides entre les granulats, soit environ 30 à 40 % du volume selon la granulométrie utilisée. L’eau peut aussi être détenue au moyen d’un système d’assemblage de toiture terrasse sur socle, où elle est temporairement emmagasinée dans l’espace vide créé sous le pavé. « Il faut alors prévoir un dallage plus lourd pour assurer la flottabilité négative de l’isolant, précise Denis Gingras. La dalle traditionnelle de 600 mm x 600 mm x 50 mm est insuffisante pour 125 mm et plus d’épaisseur. »

Une autre déclinaison de la toiture bleue consiste en un système où elle est combinée avec une toiture végétalisée, car l’eau peut y être conjointement retenue dans le substrat de croissance et dans les unités de stockage disposées sous ce dernier et le pavé. Il s’agit de l’option la plus évoluée parce qu’elle offre un maximum de captage et de gestion de l’eau à la source.