Aller au contenu principal
x

Une seconde vie pour les bouteilles de plastique

9 janvier 2018
Par Léa Méthé

Le deuxième destin des bouteilles de plastique PET captées dans la collecte sélective est, dans le bâtiment, sous forme de tapis.

Le recyclage a toujours été à l’honneur dans les certifications du bâtiment durable. Cependant, les fabricants de matériaux synthétiques ont eu moins d’opportunités que d’autres pour faire valoir leurs produits à travers ces programmes. LEED v4 change toutefois la donne. L’accent mis sur la transparence dans les communications environnementales représente l’occasion pour de nombreux fournisseurs, de couvre-planchers notamment, de se distinguer en exposant des méthodes de production moins intensives en énergie et en eau, en réduisant le recours aux substances toxiques et en intégrant des matières premières recyclées.

«  La plupart des fabricants de tapis utilisent de la matière recyclée, peut-être de 30 à 35 %, indique Louis Robitaille, vice-président et directeur général de Plastrec. Cependant, certains de nos clients se sont spécialisés et fabriquent de la fibre à 100 % à partir de nos pellets. » Plastrec est une entreprise québécoise spécialisée dans la transformation des contenants de polytéréphtalate d’éthylène provenant de la collecte sélective. Le polymère, mieux connu sous son acronyme anglais PET, constitue la matière première de la fibre de polyester.

Plastrec recycle plus de deux milliards de contenants annuellement, soit 100 millions de livres de PET de grade alimentaire. Les bouteilles sont triées mécaniquement, puis manuellement afin de retirer les contaminants comme le verre, le métal et le PVC. La matière est réduite en flocons puis lavée et triée à nouveau pour retirer les dernières impuretés. Les flocons sont ensuite dirigés vers l’extrudeuse pour former des granules, ou pellets, dont de 35 à 40 % du volume sera transformé en fibres.

Une seconde vie pour les bouteilles de plastique - Photo : Plastrec

L’industrie du polyester constitue près de 18 % de la production mondiale de polymères. La substitution de matière recyclée à la ressource vierge provenant de l’industrie pétrochimique constitue un gain environnemental important dont tiennent aujourd’hui compte les programmes de certification publiés par Green Building Certification inc., entre autres LEED v4.

Contribution à LEED

Selon Hugo Lafrance, directeur de projets, développement durable chez Lemay, « le recyclage du polyéthylène téréphtalate en fibres de tapis est un attribut admissible pour solliciter le crédit Building Product Disclosure and Optimization (BPDO) - Sourcing of Raw Materials, un peu comme l’intégration de matériaux rapidement renouvelables. La somme de ces attributs peut directement contribuer à l’obtention d’un crédit pour l’ensemble des produits d’un projet d’aménagement. »

Les fabricants peuvent aussi concourir à l’obtention des crédits de matériaux et ressources basés sur la transparence pour communiquer les impacts sur le cycle de vie de leurs produits à travers le crédit BPDO — Environmental Product Declarations ou la sélection des composantes de leurs produits à travers le crédit BPDO — Material Ingredient Reporting. Ces approches visent à reconnaitre l’optimisation des chaines d’approvisionnement des fabricants et préconisent pour ce faire les déclarations environnementales de produits (DEP) et les déclarations sanitaires de produits (HPD).

Dans cette perspective, tous les matériaux synthétiques entrant dans la construction des bâtiments peuvent désormais être privilégiés en fonction de leurs performances environnementales. Parions que ce signal fort lancé aux fabricants donnera un coup de pouce à l’ensemble des initiatives de valorisation des matières résiduelles, comme les bouteilles de plastique issues de la collecte sélective.