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23 mars 2010
Par Marie Gagnon

Issu du concours EQuilibrium, le concept modulaire ÉcoTerra trace la voie à une nouvelle génération d’habitations durables.

En 2006, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) invite constructeurs et promoteurs à lui soumettre, par le biais du concours EQuilibrium, leur vision de l’habitation éconergétique. L’idée est de réunir sous un même toit les principes de santé et de confort des occupants, d’efficacité énergétique, de conservation des ressources et de préservation de l’environnement. Le défi : concevoir une maison saine produisant autant d’énergie qu’elle en consomme annuellement.

L’entreprise Les Maisons Alouette, avec sa résidence modulaire individuelle ÉcoTerra, figure parmi les 12 équipes sélectionnées dans le cadre de ce concours national. En septembre 2007, la maison ÉcoTerra est assemblée à Eastman, en Estrie, pour être ensuite ouverte au public en novembre de la même année.

« Le concours avait aussi une visée pédagogique », signale Rémi Charron, chargé de projet pour la SCHL. Cette maison a été en démonstration jusqu’à la fin de l’été 2009, auquel moment les nouveaux propriétaires en ont pris possession. Aussitôt la maison habitée, la SCHL a entrepris un suivi, sur 12 mois, de sa performance énergétique.

 

Écologique et efficace
Les concepteurs d’ÉcoTerra ont misé sur des technologies avant-gardistes pour atteindre un rendement énergétique supérieur, tout en privilégiant le confort de ses occupants et la protection de l’environnement.

À commencer par sa fabrication en usine, réputée écologique car facilitant la récupération des rebuts de construction et minimisant l’impact environnemental sur le site, mais aussi par les matériaux sélectionnés afin de réduire les émissions de polluants et la gestion écologique de l’eau. « Mais c’est surtout au chapitre de l’efficacité énergétique que le concept se distingue », note Rémi Charron.

En effet, selon les mesures de performance, on estime que la maison de 141 mètres carrés devrait afficher une consommation annuelle nette de quelque 2 310 kWh, alors qu’une construction standard de même gabarit en utilise beaucoup plus. Un rendement qui se traduit par une facture d’électricité annuelle totale d’environ 150 $ !

 

Des technologies de pointe
Cette performance est possible grâce à la combinaison de technologies tantôt éprouvées, tantôt expérimentales. « En gros, on peut dire que tout le concept tourne autour de la conservation et de la production de l’énergie », résume Rémi Charron.

Sur le plan de la conservation énergétique, on note un niveau élevé d’isolation et une étanchéité à l’air supérieure (moins de un changement d’air à l’heure), conjugués à un ventilateur récupérateur de chaleur. À titre d’exemple, mentionnons que la seule valeur RSI des murs s’établit à 6,6 (R-38), ce qui surpasse de loin les valeurs habituelles.

Autre particularité : près de 63 % des fenêtres se retrouvent en façade, orientée sud. Dotées d’un vitrage triple à faible émissivité (Low-E), elles maximisent l’éclairage naturel en plus de favoriser le chauffage passif. Le rayonnement solaire est en effet absorbé, puis diffusé par le revêtement de sol en céramique du rez-de-chaussée et la dalle de béton alvéolaire du sous-sol. Suivant la température ambiante, des auvents motorisés s’actionnent, dosant l’apport solaire.

Les installations de chauffage et de climatisation, alimentées par un système géothermique en circuit fermé (deux puits de 75 et 77 mètres de profondeur), répondent au même principe. En outre, le surplus de chaleur généré par le compresseur est utilisé pour préchauffer l’eau chaude domestique. Une canalisation appelée Power-PipeMD, qui récupère l’énergie de l’eau chaude usée de la douche, joue le même rôle.

Mais c’est sur la toiture que se trouvent les éléments les plus novateurs. Pour alimenter électroménagers, appareils d’éclairage, compresseurs et autres ventilateurs, la maison ÉcoTerraMC fait appel à un système hautement sophistiqué qui tire profit de l’énergie solaire. Composé de 21 laminés photovoltaïques de 136 W chacun, le système est conçu pour produire annuellement environ 3 265 kWh. Pendant l’année, les surplus d’électricité sont dirigés vers le réseau public.

La chaleur intense emmagasinée sous la toiture, soit l’équivalent de 5 900 kWh, est également valorisée. « Un système expérimental permet la récupération de cette chaleur, qui sert à préchauffer l’eau du chauffe-eau, à alimenter la sécheuse et, en hiver, à réchauffer la dalle de béton alvéolaire du sous-sol, précise le porte-parole de la SCHL. En abaissant la température dans les combles, ce système optimise en plus le fonctionnement des panneaux solaires. »

L’assemblage de cette maison modulaire, qui s’est déroulé le 17 septembre 2007, n’a pas nécessité d’intervention particulière. En moins d’une journée, six de ses sept modules étaient imbriqués l’un dans l’autre, comme les pièces d’un puzzle. Le lendemain, le septième module, à savoir le garage, était installé à son tour. « L’intégration des systèmes et l’étanchéisation des modules sont les principales difficultés relevées par les concepteurs », souligne Rémi Charron.

Équipe de projet

Constructeur Les Maisons Alouette
Architecture Masa Noguchi
Consultant en énergie solaire Andreas Athienitis
Chauffage / ventilation / climatisation Airtechni, chauffage
Énergie solaire Matrix Énergie
Régulation et dispositifs de commande Régulvar

 

Innovations éconergétiques
  • Système photovoltaïque à récupération de chaleur
  • Dalle de béton alvéolaire (masse thermique)
  • Thermopompe géothermique
  • Récupération de chaleur
  • Auvents motorisés