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Le jardin de pluie de l’Université de Sherbrooke

14 novembre 2013
Par Marie-Ève Sirois

Regard sur le vaste jardin d’eau de pluie de l’Université de Sherbrooke. Et sur ses bénéfices environnementaux.

Il y a cinq ans, l’endroit baptisé Cœur campus de l’Université de Sherbrooke était en pleine transformation. La construction d’un jardin d’eau de pluie de 17 000 mètres carrés s’amorçait, notamment en remplacement de certains espaces de stationnement. Cette initiative allait être couronnée d’un tel succès que les travaux pour une deuxième phase de gestion des eaux de pluie, moins élaborée, sont en cours. Une réalisation durable qui a permis de réduire le volume d’eau à traiter par la Ville, en plus d’améliorer la qualité de vie de tous les usagers du campus. 

Francine Provencher, architecte et directrice de la division de la planification et projets externes au Service des immeubles de l’Université revient sur la genèse du projet : « À la suite d’une démarche consacrée aux grands enjeux du développement durable sur le campus, nous avons sondé la communauté universitaire pour identifier les priorités d’aménagement. Les résultats obtenus nous ont permis d’identifier deux critères d’importance pour les usagers : l’aménagement piétonnier sécuritaire et attrayant ainsi que la création d’espaces verts accueillants, pourvus d’arbres, d’arbustes et de plantes. » 

Les usagers avaient parlé et il n’en fallait pas davantage pour que Francine Provencher s’inspire notamment du système de certification LEED pour soumettre l’idée d’une véritable oasis, destinée à verdir et transformer le Cœur campus de Sherbrooke. La proposition avancée au sein du comité d’aménagement visait à verdir une zone peu aménagée et imperméable, mais aussi à détourner le tiers des eaux pluviales du campus de la station de traitement de la Ville. 

Rapidement, l’idée de mettre l’eau en valeur, tout en tirant profit des dénivelés du site, adjacent aux monts Bellevue et John-S.-Bourque fut adoptée. Trois bassins ont donc été installés à des élévations distinctes. Une portion des eaux pluviales, issues de trois hectares de surfaces imperméables (stationnements et toitures) sont collectées par un drain de 600 millimètres de diamètre. Ce dernier est intercepté par un regard de traitement (Stormceptor par Imbrium) pour aboutir dans un premier bassin de décantation. À ce stade, environ 75 % de toutes les matières en suspension ont déjà été enlevées. 

L’eau du premier bassin est ensuite pompée (5 HP) vers un marais filtrant, situé au point le plus haut du jardin d’eau. L’eau s’écoule alors sur 235 mètres dans un ruisseau aménagé, parsemé de plantes aquatiques, de cascades et d’un dernier marais filtrant qui complètent le traitement des eaux pluviales. 

Les trois plans d’eau totalisent une superficie de 500 mètres carrés et ils ont une profondeur maximale de 0,91 mètre, pour des raisons de sécurité aquatique. Le ruisseau est alimenté selon un débit variable de 0,1 à 15 litres par seconde. 

Dans la foulée de ce projet, l’Université a éliminé 150 cases de stationnement du campus. Mais « comme la communauté avait demandé plus d’espaces verts, cette transformation a été bien acceptée, signale Francine Provencher. D’autant plus que l’Université a offert l’accès gratuit aux transports en commun à ses employés, lequel était jusqu’alors réservé aux étudiants ». 

La conception du projet, qui relevait de la firme exp, s’est déroulée de mai 2008 à septembre 2008 ; la mise en œuvre, menée par Excavation M. Toulouse, s’est ensuite échelonnée d’octobre 2008 à juillet 2009. Au cours des travaux, 63 arbres, 211 arbustes, 3 235 vivaces, 2 571 graminées, 560 fougères et 721 plantes de milieux humides ont été plantés. Des galets de rivière ont été transportés sur le site de manière à lui conférer un aspect naturel. 

« Aujourd’hui, indique Francine Provencher, le site s’apparente à un milieu humide riche en espèces de toutes sortes : canards, grenouilles, poissons, insectes et abeilles y ont élu domicile. Enfin, le phragmite, un roseau commun envahissant, s’installe tranquillement parmi les espèces végétales du parc. Nous devrons éventuellement y remédier pour maintenir la biodiversité du milieu. 

« Nous sommes fiers d’avoir créé ce lieu de rencontre très fréquenté, qui a ramené la nature au cœur du campus, poursuit-elle. La deuxième phase, actuellement en cours, permettra de traiter les eaux d’un deuxième collecteur pluvial. Après quoi, les eaux pluviales de deux des trois drains pluviaux du campus seront traitées sur place. »