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20 avril 2012
Par Rénald Fortier

Regard sur un nouveau système de biorétention des eaux de pluies : les bioswales de l’écoquartier La Cité Verte, à Québec.

La Cité Verte, qui prend forme dans le quartier Saint-Sacrement à Québec depuis l’automne 2008, est le fruit de l’intégration de nombreuses stratégies écologiques novatrices. Et parmi elles figurent les bioswales : des îlots de rétention qui, avec d’autres solutions de gestion des eaux de pluie, concourent à éviter de surcharger les égouts pluviaux de la Ville.

C’est qu’un vaste développement comme celui de La Cité Verte, il va sans dire, est susceptible d’augmenter significativement le volume d’eau acheminé vers l’infrastructure municipale. Le promoteur, SSQ Immobilier, a donc pris les grands moyens pour éviter que cela ne se produise. Avec pour objectif un rejet d’eaux pluviales de l’ordre de 8 l/s ha (le critère fixé par la Ville étant 15 l/s ha), soit comme si le site était à peu de choses près laissé à l’état naturel.

Ainsi, la firme d’architecture du paysage Groupe IBI/DAA a vu, de concert avec la société de génie-conseil Génio, à l’élaboration d’une vaste stratégie de drainage et de rétention des eaux pluviales pour ce site de 93 000 mètres carrés. Outre les bioswales, elle inclut la mise en place de toitures végétales, de bassins de récupération souterrains (pour y canaliser les eaux de toiture) et d’un bassin de rétention d’une capacité 2 500 mètres cubes pour les pluies centenaires.

« Les bioswales sont en quelque sorte des fossés plantés le long des rues, et d’un seul côté puisque celles-ci sont conçues avec un seul devers orienté vers les fossés. Le terreau et les végétaux sont sélectionnés selon des critères bien particuliers, note Jean-François Rolland, vice-président et associé de Groupe IBI/DAA. Ils retiennent l’eau de pluie, en plus de la filtrer et la diriger vers la nappe phréatique.

« Ce système n’est pas celui qui retient le plus d’eau, précise-t-il, mais c’est sûrement l’élément vedette de notre stratégie parce que sa mise en place nécessite de déployer d’importants efforts en architecture du paysage. D’un point de vue esthétique, les bioswales sont en fait traités comme une plate-bande de vivaces et d’arbustes. »

Le projet de La Cité Verte implique la mise en place de bioswales sur les trois rues orientées dans l’axe sud-nord. Et la déclinaison de 18 % du site à partir du chemin Sainte-Foy jusqu’au pied du terrain, au nord, posait un défi de taille aux architectes paysagistes.

En raison de la présence de cette dénivellation majeure, les bioswales – un par rue – sont chacun composés de différents paliers. « Le défi, souligne Jean-François Rolland, c’est qu’il faut s’assurer de garder dans chaque bioswale une pente d’au plus 1 à 2 %. Le nombre de paliers qui s’étalent tout au long de la rue est ainsi déterminé en fonction d’une telle pente. Ces paliers sont entrecoupés dans les différents tronçons par des plantations d’arbres. »

Pour lui, c’est là une solution très intéressante puisqu’elle permet non seulement de contribuer à la rétention des eaux de pluie, mais aussi à l’esthétique de l’aménagement paysager du site.

Le concept

D’une largeur oscillant entre 2 et 3 mètres, les bioswales sont localisés en bordure de rue, où un devers de 2 % permet d’y diriger l’eau de ruissellement. Ils sont composés essentiellement d’une grande quantité de terreau riche en matière organique, et possédant une masse volumique de 900 à 1 200 kg par mètre carré, ainsi que de végétaux indigènes ou adaptés offrant des systèmes racinaires diversifiés.

La pente dans les bioswales et le terreau organique, d’une épaisseur minimale de 500 mm, contribuent à augmenter la rétention et la percolation. Les systèmes racinaires de végétaux permettent d’absorber et de dégrader les divers éléments contenus dans l’eau de ruissellement.

Enfin, à l’extrémité des bioswales, le surplus d’eau est dirigé par voie souterraine jusqu’à un bassin de rétention.