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Les ateliers municipaux de Saint-Bruno-de-Montarville

22 mars 2012
Par Jean Garon

L’ancien garage municipal de Saint-Bruno-de-Montarville est devenu, dans la foulée de travaux de réfection et d’agrandissement menés en 2008-2009, un bâtiment modèle sur le plan de l’efficacité énergétique. Retour sur un projet deux fois primés.

La décision d’aller de l’avant avec ce projet s’imposait dans cette ville de 24 500 habitants de la banlieue sud de Montréal. Non seulement était-il devenu nécessaire que les installations du Service des travaux publics répondent mieux aux besoins de la population et au meilleur coût, mais encore fallait-il mettre aux normes un bâtiment qui ne prêchait pas d’exemple en matière d’efficacité énergétique.

Selon Pierre Morin, directeur du Service des travaux publics, l’efficacité énergétique était d’ailleurs au cœur du projet. Les employés étaient logés dans cette bâtisse de type industriel sur la rue Sagard depuis 1975. Il s’agissait essentiellement d’un garage pour l’entretien mécanique des équipements (camions, tracteurs, etc.), qui disposait de quelques bureaux en mezzanine.

Il faut dire que les bâtiments de cette époque n’étaient pas particulièrement éconergétiques, tant sur le plan de l’isolation que sur ceux du chauffage, de la ventilation et de l’éclairage. Une sérieuse mise aux normes était donc devenue nécessaire pour améliorer les performances énergétiques, la qualité de l’air intérieur et le confort des occupants, tout en permettant à la Ville de donner l’exemple en la matière.

L’occasion était également belle pour agrandir les installations afin d’optimiser l’efficacité et le coût des opérations, notamment en y centralisant les services et en séparant convenablement les espaces de travail (garage, ateliers, magasin, bureaux). Sans oublier le réaménagement de la déchetterie en un écocentre.

La mise en œuvre du projet a débuté en 2007, lorsque la Ville a mandaté des professionnels pour lui présenter un concept intégrant ses objectifs à l’intérieur d’un budget initial de 4 millions de dollars. Elle a dû toutefois réviser ses plans et accepter une proposition qui faisait grimper la facture du projet à 6 millions de dollars, incluant tous les coûts. La préparation des plans et devis à été réalisée à l’été 2008, puis suivie d’un appel d’offres public pour l’exécution des travaux. Ceux-ci ont démarré à l’hiver 2008-2009 pour se terminer en août 2009.

Les nouveaux ateliers municipaux occupent maintenant un bâtiment d’une superficie de 2 650 mètres carrés, soit 1 570 mètres carrés de plus que l’ancien bâtiment. La facture énergétique (gaz et électricité) s’élevait en moyenne à 45 000 dollars avant les travaux d’agrandissement et de rénovation. En 2011, elle avait augmenté d’à peine 10 %, bien que la superficie totale des nouvelles installations totalise deux fois et demie celle du bâtiment d’origine.

Un indice de cette performance énergétique : la consommation moyenne d’énergie pour ce type de bâtiment au Canada s’élève à 1,58 gigajoule/m2, alors que celle des ateliers municipaux de Saint-Bruno-de-Montarville se situe entre 0,8 et 1,0 gigajoule/m2, selon la température.

Un ensemble de mesures

Parmi les mesures éconergétiques préconisées, certaines concernent l’enveloppe et dépassent de loin la norme minimale exigée. Ces mesures sont d’ailleurs responsables en grande partie des économies d’énergie réalisées.

Marc-André Nadeau, technicien senior du Groupe Leclerc architecture et design, souligne à cet effet l’isolation des murs qui offre une résistance thermique de R-35. Elle comprend 6 po de laine du côté intérieur et une couche de 1,5 po de polyuréthanne giclé à l’extérieur, qui scelle l’enveloppe et coupe les ponts thermiques.

Le toit plat, monté sur poutrelles d’acier, offre pour sa part une résistance thermique de R-33. Un rendement obtenu en incorporant deux rangs croisés de panneaux de polyisocyanurate de 2,5 po, un panneau de gypse de ½ po, un pare-vapeur bitumineux de 2 plis, un carton fibre ignifugé de 1 po et une membrane élastomère bicouche.

Tout comme les fenêtres de la partie agrandie, les anciennes fenêtres du bâtiment existant sont à double vitrage scellé et à faible émissivité (low-E). Certaines d’entre elles ont été ajoutées dans les portes et la partie supérieure d’un mur du garage pour ajouter de l’éclairage naturel. L’éclairage intérieur a aussi été optimisé par des systèmes T5 à ballast économiseur d’énergie.

Pour la partie au sol de la nouvelle section du bâtiment, la Ville a fait ajouter des panneaux isolants haute densité de 2 po sous la dalle, en plus de faire installer un plancher radiant dont l’eau est chauffée par une chaudière au gaz à condensation. Ce système contribue au chauffage des locaux, lequel est complété par un système de chauffage d’appoint au gaz. 

D’autres mesures éconergétiques sortent de l’ordinaire. C’est le cas notamment du mur solaire de 370 mètres carrés qui, mis en place sur la façade est-sud-est, préchauffe l’air frais introduit dans le système de ventilation. Il y a aussi une roue thermique installée sur chacune des quatre unités de ventilation sur le toit pour récupérer la chaleur provenant de l’air préchauffé du mur solaire.

À titre d’exemple, l’air frais extérieur à 8o C d’une belle journée hivernale ensoleillée peut monter à plus de 25o C en passant à travers le mur solaire. Pour éviter la surchauffe et la dépense inutile d’énergie en chauffage et climatisation, un système automatisé de gestion de l’énergie contrôle la température en ajustant la récupération de chaleur et les besoins de chauffage, et ce, tout en maintenant l’apport d’air frais.

Il est à noter également que la qualité de l’air est constamment maintenue dans les ateliers municipaux à l’aide d’un système de filtration à deux stages relié à des sondes de détection de gaz (CO, CO2, NO2). Le premier stage assure 30 changements d’air à l’heure en tout temps. Le système de filtration de l’air se met en marche dès que les sondes détectent une contamination, par exemple les gaz d’échappement d’un véhicule. En cas de contamination concentrée, le système met en route un deuxième stage qui fait passer à 60 changements d’air à l’heure par l’activation de volets de ventilation muraux additionnels, ceci afin d’évacuer plus rapidement les contaminants.

En considérant l’intégration l’ensemble de ces mesures, il n’est donc pas surprenant que la réalisation de ce projet ait été primée à deux reprises, notamment à l’échelle internationale par l’Association of Energy Engineers (AEE). Les ateliers municipaux de Saint-Bruno-de-Montarville logent aujourd’hui dans un bâtiment modèle en matière d’efficacité énergétique, tant et si bien qu’il  a suscité la curiosité de plusieurs municipalités québécoises et même de gens de l’Allemagne.

Technologies éconergétiques
  • Une enveloppe murale, isolée avec du polyuréthanne giclé et de la laine, totalisant R-35
  • Une toiture isolée avec des panneaux de polyisocyanurate totalisant R-33
  • Un mur solaire pour préchauffer l’air neuf 
  • Quatre roues thermiques pour récupérer la chaleur dans les unités de ventilation 
  • Des planchers radiants isolés pour le chauffage des  locaux 
  • Des fenêtres scellées à double vitrage et à faible émissivité
  • Des systèmes d’éclairage T5 avec ballast économiseur d’énergie
  • Un système automatisé de gestion de la consommation d’énergie

 

Performances énergétiques
  • Une consommation énergétique (gaz et électricité) qui est passée de 1,82 à 0,8 gigajoule/m2
  • Une facture énergétique (gaz et électricité) qui est passée de 45 000 à 50 000 dollars par année (en 2011) pour un bâtiment 2,5 fois plus grand que celui d’origine
  • Une réduction de gaz à effet de serre (GES) équivalant à 2 578 tonnes de CO2 par année

 

Prix d’excellence
  • Prix Energy project of the year dans la catégorie International décerné en 2011 par l’Association of Energy Engineers pour l’innovation des solutions d’efficacité énergétique mises en place
  • Deuxième Prix de l’Association des entrepreneurs en revêtement métallique du Québec décerné en 2010 au Groupe Leclerc architecture et design, et à Rodrigue Tremblay Sherbrooke inc. (RTSI), pour leur maîtrise respective en design et en construction utilisant un système de revêtement métallique

 

Équipe du projet
  • Propriétaire : Ville de Saint-Bruno-de-Montarville, Service du génie et Service des travaux publics
  • Architecture : Groupe Leclerc, architecture et design
  • Génie électromécanique et structural : Genivar
  • Entrepreneur général : Construction Longer inc.
  • Isolation : Isolation 4 Saisons inc.
  • Revêtement extérieur : Rodrigue Tremblay Sherbrooke inc. (RTSI)
  • Toiture : Toitures Vick et Ass. inc.
  • Plomberie : Plomberie Jenaco inc.
  • Électricité : Bernard Desautels Électrique (1979) ltée
  • Ventilation : Marconair inc.