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Changements climatiques : plus tard, c’est trop tard

26 avril 2023
Par Martin Bouchard, B.Sc., M.A., ambassadeur Fitwel*

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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Le plus récent rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est loin d’être rassurant. D’où l’importance de continuer à créer et à mettre en place des mesures majeures, rapides et soutenues afin d’éviter le pire.

Le 20 mars dernier, le GIEC dévoilait son rapport synthèse tiré de son sixième rapport d’évaluation. Au moment d’écrire ces lignes, seule la version longue de ce rapport synthèse (85 pages) et le résumé à l’intention des décideurs (36 pages) étaient accessibles, en anglais [1].

Disons-le tout net : plus tard, c’est trop tard[2]. Selon le rapport, nous aurions déjà subi, au cours de la période 2011-2020, une hausse de 1,09 °C depuis l’ère préindustrielle de 1850-1900. Sur une période de 50 ans, la température globale de la surface terrestre a augmenté plus rapidement depuis 1970 qu’au cours de n’importe quelle autre période de 50 ans s’étant écoulée au cours des 2 000 dernières années. Notre compréhension de ces données, peu encourageantes, disons-le, semble montrer une accélération du phénomène de réchauffement planétaire.  

Le GIEC rappelle que les flux financiers globaux actuels pour l’adaptation aux changements sont insuffisants, particulièrement au sein des pays développés. Les scientifiques du groupe rappellent aussi que les émissions mondiales de GES prévues pour 2030, annoncées en octobre 2021 par l’intermédiaire des contributions déterminées au niveau national (NDC), rendent probable un réchauffement supérieur à 1,5°C et rendent plus difficile la limitation du réchauffement sous les 2°C.

Alors que la limite du 1,5 °C semblait celle à ne pas dépasser il y a encore quelques années et que nous bénéficiions d’un horizon assez lointain pour s’adapter, le groupe fait maintenant reposer l’atteinte de cet objectif sur nos actions de la décennie actuelle à laquelle, soit dit en passant, il reste moins de sept ans. De plus, à mots couverts, les scientifiques évoquent la possibilité d’un réchauffement de 2 °C qui s’annonce catastrophique, chaque hausse, même d’un dixième de degré, amplifiant les effets dévastateurs des changements climatiques.

Les émissions de carbone accumulées jusqu'au moment où les émissions nettes de CO2 seront nulles et le niveau de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la décennie actuelle détermineront en grande partie si le réchauffement sera limité à 1,5 °C ou 2 °C. Le GIEC souligne qu’il existe des écarts entre les émissions projetées dans les politiques mises en œuvre, celles des contributions déterminées au niveau national (NDC) et les flux financiers. Ceux-ci sont d’ailleurs inférieurs aux niveaux nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques dans tous les secteurs et toutes les régions.

Il est aussi mentionné que de nombreux risques liés au climat sont plus élevés que ceux évalués dans le rapport précédent (rapport d’évaluation no 5) et que les impacts projetés à long terme sont plusieurs fois plus élevés que ceux actuellement observés. Le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé planétaire. Il existe pourtant une occasion rêvée qui s’estompe cependant rapidement pour assurer un avenir vivable et durable pour tous.

Ce rapport est, à plusieurs égards, pour le moins inquiétant. Il nous incombe donc, plus que jamais, de continuer à créer et à mettre en place, personnellement et professionnellement, dès aujourd’hui, des mesures majeures, rapides et soutenues afin d’éviter le pire. Avec l’ensemble de leur empreinte carbone, les bâtiments actuels et futurs ont un très grand impact sur notre avenir.


*L’auteur est directeur général adjoint chez Vincent Ergonomie et président du comité des communications de Bâtiment durable Québec


1. Texte disponible en ligne.

2. Traduction libre de «Any later is too late», propos tenu par Cristina Gamboa, CEO du World Green Building Council en lien avec le plus récent rapport du GIEC et en réponse au Global Stock Take (GST) publié plus tôt cette année.