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6 octobre 2011

Par Léa Méthé, chargée de projets chez Écobâtiment

Pour les mordus de bâtiment durable, la première journée de Greenbuild International Conference and Expo, c’est un peu l’expérience de Charlie dans la chocolaterie. Avec 23 000 participants en provenance de 118 pays, plus de 1 700 exposants et 120 séances de conférences, l’événement propose un banquet irrésistible de solutions écologiques pour l’industrie de la construction.

L’attention des participants est sollicitée de partout. La tenue de 10 présentations simultanées force à faire des choix déchirants. La leçon de celle sur les performances réelles des premiers bâtiments certifiés Living Building ? « When in doubt, put a meter on it », traduction : « Dans le doute, installez-y un compteur ! ».

Dans le hall d’exposition, trois jours ne seraient pas suffisants pour découvrir les nouveaux matériaux et discuter « analyse de cycle de vie » avec leurs représentants, question de distinguer le bon grain de l’ivraie. Il y a par ailleurs de quoi se réjouir en constatant à quel point de bonnes performances environnementales et un design exquis vont aujourd’hui de pair. Le kiosque Kohler, commanditaire de l’événement, se démarque par son esthétique impeccable jumelée à une touche d’humour. Puisqu’il faut exposer des toilettes…

Dans cette ambiance festive, tout inspire l’optimisme. On jurerait que l’industrie de la construction prend conscience de ses errements et dispose de toutes les solutions pour redresser ses torts sans sacrifier une once de bon goût.

Le coup de fouet est venu hier soir du conférencier d’honneur Thomas Friedman, auteur et chroniqueur pour le New York Times. « Nous aimions tellement Noël et l’Action de grâce que nous avons décidé de faire de cette abondance un style de vie. » À ceux qui voient une révolution verte dans l’effervescence actuelle autour des questions environnementales, il objecte qu’aucune tête n’est encore tombée : « Ceci n’est pas une révolution, dit-il. C’est une fête. »

Selon l’auteur du livre Hot, Flat and Crowded, nous n’assisterons à une véritable révolution que lorsque les coûts environnementaux de nos habitudes de vie, de nos milieux bâtis et de nos choix de consommation seront internalisés et les prix ajustés en conséquences. Sur son radar, personne ne semble apte à relever le défi politique que cela représente.

Pour la foule réunie à l’Air Canada Center dont l’enthousiasme avait un peu dégonflé, il conclut : « Ça va mal. Mais on dirait que personne ne vous a dit que les politiques de juste prix étaient encore loin et que nos leaders étaient corrompus et ineptes. Je vois dans cette salle de l’innovation et de l’espoir. Merci à vous d’être trop naïfs pour abandonner. » Ouf !