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Pour une intégration durable des revêtements extérieurs

29 octobre 2020
Par Jean Garon

L’enveloppe constitue un système tout aussi complexe que vital pour optimiser la durabilité d’un bâtiment. Et, au premier plan, son revêtement extérieur. Marche à suivre.

Au-delà des qualités esthétiques recherchées comme habillage extérieur, le revêtement procure un solide rempart contre les assauts des éléments. Il dresse la première des quatre barrières qui composent les murs de façade d’un bâtiment. D’où l’importance de l’attention à lui accorder dès la conception d’un projet.

« Étant donné que le revêtement extérieur constitue la première barrière, indique l’architecte chargée de projet chez UL, Julie Trottier, il doit absolument perdurer pour toute la durée de vie utile du bâtiment. Son rôle de pare-pluie est d’autant plus important qu’il permet aux trois autres barrières de performer adéquatement de façon durable comme pare-vapeur, pare-air et isolant thermique. »

Non seulement il importe de comprendre son rôle dans l’ensemble du système de protection de l’enveloppe, soutient-elle, mais aussi il faut connaître les propriétés des matériaux qui le composent afin d’obtenir les meilleures performances et la meilleure résistance à la dégradation.

L’intégration durable du revêtement extérieur dans la conception de l’enveloppe du bâtiment doit donc se faire suivant le principe du choix du bon matériau installé de la bonne façon au bon endroit, explique Benoit Doyon, directeur, Consultation et mise en service chez UL. « Quel que soit le revêtement choisi, dit-il, il y a une gestion des risques à faire quant au choix du matériau et aux contrôles de qualité de son installation et de son entretien pour s’assurer de sa durabilité. »

Critères de sélection

Le mur écran pare-pluie est le système structural le plus performant et le plus répandu de nos jours, comparativement au mur massif des maisons ancestrales, par exemple. Benoit Doyon classe les diverses solutions proposées dans le marché en deux catégories, en fonction de leur mode d’installation :

  • les produits à assembler à la main au chantier, pièce par pièce, couche par couche;
  • les produits préfabriqués et préassemblés en usine, puis installés au chantier en modules ou en panneaux à l’aide d’équipements.

Selon cet expert, le choix du type de parement repose sur divers critères de sélection en fonction de la taille du bâtiment, de sa vocation, de son coût, de diverses caractéristiques esthétiques, architecturales et environnementales, ainsi que des exigences d’entretien.

« Si on se limite aux bâtiments commerciaux, institutionnels et multirésidentiels de petites et moyennes tailles, précise-t-il, ce sont surtout les parements légers métalliques ou composites et les maçonneries de brique ou de pierre qui seront favorisés, et le plus souvent assemblés de façon artisanale au chantier. »

À ses yeux, ce type de parements convient bien pour les bâtiments de faible hauteur présentant beaucoup de variantes structurales (balcons, porte-à faux, contreventements…) ou de formes architecturales particulières (rondes, décalées, superposées…), et où il y a peu de répétition dans la pose du revêtement.

« S’il s’agit de bâtiments plus volumineux ou de grande hauteur, indique Benoit Doyon, ce sont les panneaux de béton et les modules de murs-rideaux préfabriqués qui sont privilégiés par les promoteurs et les clients institutionnels. »

Ce genre de solutions s’impose pour des raisons pratiques et économiques, étant donné les grandes quantités de revêtements installés à répétition avec peu d’équipements et moins de manutention au chantier. Du même coup, le spécialiste de UL prévient que la donne changera avec l’application des exigences de la nouvelle règlementation sur l’efficacité énergétique des bâtiments. Particulièrement en ce qui a trait aux murs-rideaux jugés moins performants sur le plan énergétique.

En ce qui concerne l’installation des revêtements, quels qu’ils soient, il ne saurait trop recommander de respecter les conseils des fabricants quant aux bonnes façons de les assembler, à leur usage et à leur entretien. Il suggère en outre de consulter les guides techniques des différentes associations de fabricants pour se conformer aux normes d’installation en lien avec la garantie des produits.

Julie Trottier et Benoit Doyon

Considérations en jeu

Ceci dit, d’autres considérations entrent en ligne de compte dans l’intégration durable des revêtements extérieurs, fait remarquer Julie Trottier. Elle mentionne, entre autres, « la localisation du projet et son type d’environnement : urbain, rural, riverain, montagneux, ainsi que les conditions climatiques auxquelles le bâtiment sera exposé : les écarts de température selon les variations saisonnières, les cycles de gel et dégel, les charges de vent, de neige, de pluie, l’exposition au soleil et aux rayonnements UV ».

Benoit Doyon conseille à ce propos de vérifier la provenance des matériaux et leur conformité aux normes canadiennes afin de répondre aux exigences de fabrication et d’installation. Cela vaut aussi bien pour contrôler leur résistance aux éléments et aux incendies que pour valider leur performance d’isolation thermique. Il en va de même pour le choix des matériaux qui présentent des risques de corrosion galvanique, d’inefficacité de scellement, de perméance inadéquate à l’humidité, ou de déformation par choc thermique, par exemple. Tout comme il importe de s’assurer de leur comportement une fois assemblés (dilatation, contraction), et qu’ils fonctionneront bien en matière d’étanchéité à l’air et à l’eau, de drainage, de ventilation, etc.

Et que dire du facteur entretien, sinon que le bât blesse souvent à ce niveau. Les deux experts de UL estiment que la durée de vie d’un revêtement et la qualité de ses performances reposent en grande partie sur la facilité d’accès à l’inspection et à la régularité de son entretien. Ils recommandent fortement aux concepteurs d’inclure dans leurs devis les conseils d’usage en matière d’entretien. En fait, les propriétaires de bâtiments devraient pouvoir assurer une mise en service avec un plan d’entretien pour contrôler en continu la qualité de leur parement et des autres composantes de l’enveloppe, et ce, de la conception jusqu’à l’occupation des bâtiments.

L’empreinte écologique des matériaux de revêtement est aussi devenue une considération importante avec les divers programmes de certification environnementale. « L’analyse du cycle de vie d’un produit allant de sa fabrication à son installation, et de son entretien jusqu’à un éventuel démontage pour son recyclage, devrait compter également dans le coût d’investissement au moment du choix du revêtement », conclut Julie Trottier.

Un élément critique

Le revêtement extérieur n’est pas qu’une simple parure esthétique; c’est un élément critique qui contribue à la qualité et à la durée de vie d’un bâtiment. Il permet non seulement de résister aux assauts des éléments, mais aussi de parer les infiltrations pouvant dégrader et contaminer la structure et de limiter les déperditions de chaleur pouvant affecter du même coup le confort des occupants. Du reste, il a un impact direct sur les performances énergétiques du bâtiment et ses coûts d’exploitation.

 

Les pièges à éviter 
  • Lésiner sur le coût d’acquisition et d’installation du revêtement
  • Choisir un revêtement non adapté à l’environnement et au climat
  • Omettre de suivre les recommandations d’entreposage et d’installation
  • Négliger l’inspection et l’entretien

 

Où s’adresser

Pour éviter les problèmes de pose des revêtements de façade, il est recommandé de respecter les directives d’installation des fabricants et, au besoin, de se référer aux guides et formations techniques d’organismes spécialisés dans le domaine, dont :

  • l’Institut canadien du béton préfabriqué/précontraint;
  • l’Institut de la maçonnerie du Québec;
  • l’Association des entrepreneurs en revêtements muraux du Québec;
  • l’Association de vitrerie et fenestration du Québec (AVFQ).