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Rejouer la carte de la transparence des matériaux

30 avril 2025
Par Rénald Fortier

Qui dit transparence des matériaux de construction durables dit du même souffle déclarations environnementales de produits (DEP). L’exemple d’AluQuébec, prise 2.

Automne 2024. AluQuébec réitère son engagement envers la transparence des matériaux de construction durables avec la publication d’une seconde génération de déclarations environnementales de produits (DEP). La dizaine d’entreprises ayant emboîté le pas à sa démarche pourront ainsi disposer jusqu’en 2029 de ces DEP génériques couvrant quatre grandes familles de produits et systèmes constructifs en aluminium : murs-rideaux; fenêtres; portes; et revêtements/panneaux extérieurs.

Piloté par Groupe AGÉCO, le processus ayant mené à la publication de ces DEP s’est articulé autour d’une analyse de cycle de vie réalisée pour les différentes familles de produits visés par la grappe québécoise de l’aluminium. Ces fiches standardisées ont ensuite été enregistrées de Groupe CSA après avoir été validées par une tierce partie.

Et ce n’est pas le fruit du hasard si AluQuébec a décidé de renouveler ses DEP génériques, dont la première mouture remontait à 2019. François Racine, président-directeur général de l’organisme, explique : « Une consultation menée auprès des entreprises qui avaient adhéré à notre initiative, à l’origine, nous a permis de confirmer que ces documents leur avaient été très utiles et qu’ils leur seraient de plus en plus demandés. »

François Racine et Julie-Anne Chayer

Les entreprises qui peuvent disposer de ces DEP sont ainsi en mesure de se positionner avantageusement pour répondre aux exigences de certifications du domaine du bâtiment durable telles que LEED, WELL ou Bâtiment à carbone zéro. Pourquoi ? Eh bien, faut-il le rappeler, parce qu’une DEP permet de mettre en évidence la durabilité d’un produit et d’en connaître ses impacts sur le plan environnemental.

« Notre mission première, c’est d’augmenter l’impact économique de l’industrie de la transformation de l’aluminium au Québec. Donc, d’en faire la promotion, et la publication de DEP est clairement une façon de le faire dans le secteur du bâtiment. D’autant plus que c’est un outil dont la mise à profit rejoint l’objectif de notre chantier d’affaires Bâtiments et construction durable, soit d’y augmenter le recours à l’aluminium dans une perspective tout aussi durable qu’innovante dans les secteurs commercial, institutionnel et mutirésidentiel. »

Il note au passage que l’intégration de produits et systèmes en aluminium s’avère toute désignée dans les bâtiments durables, parce que c’est un matériau à contenu recyclé qui ne demande pas d’entretien, ne corrode pas et est recyclable en fin de vie utile. Et il ne faut pas oublier que l’aluminium produit au Québec est celui ayant la plus faible empreinte carbone dans le monde, rien de moins.

Il faut savoir que la production d’une tonne d’aluminium à l’électrolyse au Québec, donc avec l’hydroélectricité qui est une source d’énergie tout aussi propre que renouvelable, n’émet que deux tonnes équivalents CO2. Dans le cas de la refonte de l’aluminium québécois, l’émission de tonnes équivalents CO2 s’établit à environ 0,7 parce qu’il faut seulement 5 % de l’énergie requise pour produire de l’aluminium primaire. C’est dire.

Nouvelle méthodologie

Les déclarations environnementales de produits d’AluQuébec, qui sont reconnues tant au Québec qu’ailleurs dans le monde, sont le fruit d’une collecte de données sur les approvisionnements et les procédés de fabrication de chacune des entreprises participantes. Le processus demeure le même depuis la publication initiale de ses DEP, mais la finalité a évolué.

Sous LEED v4, par exemple, l’obtention de certains crédits doit nécessairement s’appuyer sur une DEP. Ainsi, les impacts environnementaux des produits doivent non seulement être évalués sur des aspects tels que le contenu recyclé ou la proximité, mais aussi notamment sur des indicateurs comme l’empreinte carbone et l’utilisation de ressources renouvelables.

Pour obtenir un point pour la divulgation et l’optimisation des produits, il faut cumuler 20 DEP correspondant à des produits installés de façon permanente et provenant d’au moins cinq fabricants. Et une DEP générique réalisée à l’échelle de l’industrie a une valeur équivalente à un demi-produit.

Rejouer la carte de la transparence des matériaux

Dans le cas de LEED v4.1, il faut totaliser 10 déclarations environnementales de produits provenant de trois fabricants, une DEP comptant alors pour un produit. « Ce n’est pas nécessairement une grande amélioration, mais ça demeure tout de même un changement pour aider l’industrie à franchir un pas de plus vers la durabilité », indique Julie-Anne Chayer, vice-présidente, Services – Responsabilité d’entreprise chez Groupe AGÉCO, tout en indiquant que les DEP d’AluQuébec, version 2024, ont été produites sur la base d’une nouvelle méthodologie.

« Les meilleures bases de données sont utilisées, dit-elle, mais de façon plus en profondeur. Des données ayant trait notamment au transport, aux quantités de matières premières ou à la disposition d’un produit en fin de vie. Nous les travaillons donc différemment aujourd’hui pour leur donner une appréciation additionnelle.

« L’historique des données amène une profondeur de compréhension pour l’ensemble de l’industrie, poursuit-elle. C’est donc tout à l’honneur d’AluQuébec d’avoir décidé de mettre à jour ces données. Non seulement parce que les DEP produites en 2019 n’auraient plus été valides et qu’elles ne pourraient plus être utilisées dans le cadre de projets exigeant une certification environnementale, mais aussi parce que ça permet de prendre le pouls de avancements de l’industrie de la fabrication des produits et systèmes en aluminium au Québec. »

Pour elle, il est clair que les fabricants du domaine de l’aluminium ont tout à gagner en s’engageant dans une telle démarche. Pour être bien outillés pour répondre aux exigences de clients potentiels dans le créneau du bâtiment durable, certes, mais aussi pour profiter de l’exercice pour optimiser leur processus à la lumière de l’analyse de cycle de vie.

« Notre objectif, conclut François Racine, c’est d’ouvrir toute grande la porte à l’utilisation de l’aluminium et c’est dans cette perspective que s’inscrit la publication de nos nouvelles DEP. C’est assurément un outil de première main pour les fabricants de produits en aluminium, car il leur permet de bien se positionner pour saisir les occasions d’affaires dans le domaine du bâtiment durable ou encore d’y consolider leur place. »

Les entreprises bénéficiaires

Les fabricants de produits et systèmes en aluminium pouvant utiliser la nouvelle génération de DEP génériques d’AluQuébec sont les suivantes :

  •  Epsylon Concept (portes, fenêtres, murs-rideaux)
  • Stekar (portes, fenêtres, murs-rideaux, panneaux/revêtements extérieurs)
  • Prévost – Aluminium architectural (portes, fenêtres, murs-rideaux)
  • Shalwin (portes, fenêtres, murs-rideaux, panneaux/revêtements extérieurs)
  • Groupe Lessard (fenêtres, murs-rideaux)
  • Unicel architectural (murs-rideaux)
  • Clermont (panneaux/revêtements extérieurs)
  • Panfab (panneaux/revêtements extérieurs)
  • Panneaux 3D (panneaux/revêtements extérieurs)
  • Maibec (panneaux/revêtements extérieurs)