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Préparer la relance dans le bâtiment

7 avril 2020

Par Marie Gagnon

Crise sanitaire oblige, le redémarrage des chantiers se fera encore attendre dans le milieu du bâtiment. Mais il faut nécessairement préparer la relance, qui ne s’annonce pas sans heurts.

Bien que la reprise des travaux en chantier soit désormais prévue le 4 mai, la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec (CEGQ) fait montre de leadership en mettant sur pied un comité de relance et de redémarrage des travaux. Le but : mobiliser les entrepreneurs et la filière construction afin d’assurer un redémarrage sans heurts lorsque la situation sanitaire autorisera le retour sur les chantiers.

« Aussitôt que l’urgence sanitaire a été déclarée, le 13 mars, on a formé une cellule de crise et élaboré le Plan de réponse à la COVID-19, un ensemble de procédures pour réduire le risque de contagion sur les lieux de travail, rappelle Éric Côté, président et directeur général de la CEGQ. Maintenant, on s’interroge quant à l’avenir. On ne sait pas si les travaux vont reprendre à la date prévue, mais on ne peut pas non plus attendre à la dernière minute pour planifier le retour au travail. »

Car c’est toute la filière qu’il faudra relancer, pas seulement les chantiers, prévient-il. Tous les intervenants devront en effet être au rendez-vous, pour assurer une reprise la plus harmonieuse possible. À cette fin, la CEGQ a réuni plus tôt cette semaine une douzaine de ses membres, histoire de voir comment ils anticipaient le retour. Elle a également interpellé plusieurs partenaires – promoteurs et donneurs d’ouvrage, associations patronales, entrepreneurs généraux et spécialisés – pour établir un plan d’action réaliste, avec des objectifs à court, moyen et long terme.

Éric Côté, président et directeur général de la CEGQ. Photo : CEGQ et Louis-Philippe Chénier, vice-président de A+ Entrepreneurs généraux. Photo : À + Entrepreneurs généraux

« Jusqu’ici, plusieurs questions ressortent de nos échanges, continue le porte-parole de la CEGQ. Comme l’approvisionnement en matériaux, les vacances estivales, mais aussi des questions sanitaires. Les risques de contagion seront encore présents à la reprise et il va falloir en tenir compte dans l’organisation des chantiers. Sans compter les couts associés à ces mesures de prévention spéciales, dont il faudra aussi tenir compte. »

Composer avec les conséquences de la pause

À court terme, l’objectif de ces rencontres – virtuelles, précisons-le – est de présenter au gouvernement du Québec une feuille de route claire pour la relance des travaux. Car, on s’en doute, la reprise ne ressemblera en rien à un retour classique des vacances de la construction. Il faudra que toute la filière, du donneur d’ouvrage aux fournisseurs de produits et matériaux, en passant par les professionnels et les sous-traitants, réponde à l’appel le moment venu.

Et ce ne sera pas chose facile, si l’on en croit Louis-Philippe Chénier, vice-président de A+ Entrepreneurs généraux. « On est en attente de voir ce que le gouvernement va décider, dit-il. Plus la pause va se prolonger, plus ça va être difficile. Tous les chantiers vont accuser du retard, il va falloir se mettre en mode accéléré. On va devoir gérer les clients et transférer cette énergie aux sous-traitants. Mais il y a des frais associés aux heures étendues, donc il faut que ça se fasse de concert avec les propriétaires et les promoteurs immobiliers. »

Il précise que, pour l’heure, le principal problème c’est l’incertitude. L’incertitude qui plane sur la reprise attendue, mais aussi sur l’économie en général. Chacun se doute en effet que cette pause, même si elle ne doit pas s’éterniser, ne sera pas sans conséquences sur l’avenir immédiat de l’industrie. Louis-Philippe Chénier s’attend à ce que certains acteurs, en moins bonne santé financière, disparaissent des écrans radar. Et que certains projets, actuellement sur les tables à dessin, ne voient jamais le jour.